𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝑿𝑰 - 𝑮𝒆𝒏𝒕𝒊𝒍𝒍𝒆 𝒇𝒊𝒍𝒍𝒆

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𝓔𝓭𝓮𝓷 🦋




Je me tenais debout à travers l'ouverture du toit de la berline. Doux et léger, le vent caressait mon visage en faisant virevolter mes cheveux dans la nuit. Je me laissais griser par cette sensation d'été ; penchant mon corps en arrière comme un laisser-aller dans le baiser de Zéphyr.

La voiture suivait son chemin le long des collines du golfe tropezien.

Elle pénétrait dans le village couronné de son emblématique clocher. Sa lumière jaune-orange, tel un phare, guidait les visiteurs en son coeur. Il régnait ce soir une ambiance de fête estivale... Un cocktail de monde et de couleurs animant les rues peintes.

Tout n'était que chant, danse et rire. Certains conversaient encore aux tables des terrasses tandis que, guidés par les maracas d'un musicien de rue, un groupe s'animait au gré des instruments. Leurs consonances brésiliennes ricochaient sur les façades roses, rouges ou ocres des maisons. Elle s'élevait dans les buissons de bougainvilliers au-dessus de nos têtes comme un lâché de papillons.

Je les observais avec plaisir, les yeux remplit d'éclat face à tant de bonheur ordinaire.

Cette symphonie laissa bientôt place à un rythme plus agressif : fort, mais étouffé par des cloisons. Nous abandonnions les rues touristiques du village pour rejoindre un quartier nettement plus "branché" à l'image de ses passants.

La voiture ralentissait progressivement. Elle stoppa définitivement ses roues devant les portes closes d'un bâtiment peint de noir à la différence des autres. On pouvait lire "La Tsarine" briller en lettre fluorescente au-dessus de son entrée. Une queue délimitée par un cordon patientait devant sur le trottoir.

La voix d'Alexeï Ivanov résonna brusquement depuis l'intérieur de la voiture.

Descend, nous sommes arrivés.

Je sentis sa main me tirer vers le bas. Rapidement, je me retrouvais assise sur le siège malgré ma volonté. Le brun me dévisageait avec ce même air insupportable.

- Fais-toi discrète ce soir. Je n'ai pas envie que tu gâches mon ouverture.

Il me toisa de bas en haut.

Et mets-toi ça sur le dos, c'est pas un bordel ici.

Il ôta son blazer dans la foulée et me le jeta sur les genoux. Je n'en fis pourtant rien ; sortant de la berline en l'abandonnant sur le siège. Ivanov ne pouvait que soupirer devant mon sourire béat... ce qui me faisait jubiler de l'intérieur.

Il haussa des sourcils puis pivota comme un père certain d'être suivit par son enfant.

Nous avancions devant l'entrée en contournant la queue. Les deux vigiles qui la gardaient reconnurent d'emblée leur patron, et c'est à l'image d'un roi que le brun pénétra dans son royaume devant mille courbettes.

L'un d'eux baissa humblement la tête.

Monsieur Ivanov.

Le milliardaire le salua à son tour d'un signe de la main : ni trop poli ni trop méprisant.

Le couloir servant de sas entre la rue et le lounge nous plongea dans une pénombre rouge étouffée de musique sourde. Je le traversais silencieusement derrière le brun haut et droit. Cet homme ne pouvait être un homme d'affaire ordinaire... Beaucoup trop évidente, une part d'ombre flottait sur lui en triturant ma curiosité. Et quel genre d'homme d'affaire portait une arme sur lui ?

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