𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝑿𝑿𝑽𝑰 - 𝑹𝒂𝒊𝒔𝒐𝒏 𝒆𝒕 𝒔𝒆𝒏𝒕𝒊𝒎𝒆𝒏𝒕𝒔

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𝓔𝓭𝓮𝓷 🦋






La tension venait de redescendre bien que la chaleur envahissait toujours la pièce.

Telle une fine brume de plaisir passé, elle enveloppait nos corps assoupis au coeur du lit froissé, mais non défait. Son touché effleurait ma peau nue tandis que je gardais la tête logée contre le torse de celui que je croyais détester...

Un mélange de confusion hantait mon esprit sous les battements de sa respiration.

Il naissait de cette soirée riche en rebondissements et qui venait de retomber comme les plumes arrachées à l'explosion d'un oreiller. La légèreté de ces dernières se déposait en une prise de conscience sur mon corps couvert par mes cheveux à l'image d'Ève, la première femme.

Et comme si je venais de commettre un péché jusqu'ici insoupçonné, ma raison bataillait avec les émotions : avec cette pointe que j'avais ressentie lors de notre étreinte dissipée dans la nuit de minuit.

Les signes avant-coureurs m'en avaient pourtant déjà avertie...

Je songeais encore à ce qui n'avait pas été du sexe monnayé, mais bien plus devant mon propre désir et mon envie inconsciente. Elle venait de marquer, sans que je le sache, mon corps s'étant perdu dans ses excès aveugles.

Je n'avais pas ressenti du plaisir avec un homme depuis bien longtemps ; anesthésiée de l'amour par ma propre vie.

Les images de cet instant passé subsistaient telles le parfum de la fumée après l'incendie...

Je me remémorais ces ombres en gardant le visage toujours contre la poitrine d'Ivanov : la façon dont j'avais ressenti ce feu vivant dans mon bas-ventre, alors que je n'étais encore qu'une ombre froide sous le corps de Gabriele un mois auparavant.

Les choses changeaient depuis ma venue sur la Riviera... depuis ma rencontre avec cet homme odieux, mais pourtant si compliqué dans la difficulté de son caractère qui m'attendrissait au fil des jours...

Je ne tardais néanmoins pas à me faire violence d'un battement de cils.

Non, une fille comme moi ne pouvait ressentir ce genre de choses. Les sacrifices de mon passé ne pouvait être aussi vulgairement balayés par un vent incertain bien que prometteur de douceurs inexpliquées.

Je perdais la raison...

Il m'était impossible de réduire à néant tout ce que j'étais parvenue à construire depuis l'enfer ; tout ce que j'avais réussi à ériger depuis les flammes.

La sensation d'être dangereusement attirée vers l'interdit me poussait à m'assoir au bord du lit, pour balayer définitivement ces pensées insensées auxquelles je n'avais pas le droit si je souhaitais continuer à effleurer les étoiles.

Cela n'était que du sexe et rien d'autre : une étape de plus me rapprochant de la somme promise par Anastasia.

Les choses devaient rester ainsi de toute façon...

Sentant le regard du mafieux derrière moi, je récupérais mon bustier abandonné au coin du lit. Ma soudaine frénésie me poussait à le plaquer d'une main contre ma poitrine pour le nouer de l'autre sans grand succès.

La longueur de mes cheveux retombait sans cesse dans mon dos et s'emmêlait avec le ruban soyeux du corset ; comme pour me punir dans le renvoie à ma condition d'escort dénuée et destinée à l'être pour le restant de ses jours.

Le mafieux, sans prévenir, sortait alors de son silence devant mes complications féminines. Il revenait au galop tel le chevalier noir que la princesse maudite tentait désespérément de fuir en l'attente du prince blanc.

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