𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝑿𝑽𝑰𝑰 - 𝑳𝒂 𝑪𝒓𝒐𝒊𝒔𝒆𝒕𝒕𝒆

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𝓔𝓭𝓮𝓷 🦋





L'espace étroit de l'ascenseur forçait notre promiscuité. Pour une raison tellement moqueuse, Alexeï et moi avions décidé de prendre la cabine au lieu des escaliers... et nous regrettions ce choix hasardeux. 

Debout l'un à côté de l'autre, nos regards se fuyaient tandis que nos voix se réduisaient au néant. J'observais quelques fois le mafieux avec discrétion ; d'un coup d'oeil espion lancé sur le miroir à ma gauche. Le reflet de l'homme restait identique : un profil figé en direction de la porte.

Une pensée traversa mon esprit : Ivanov était un bel homme, mais la laideur de son caractère gâchait malheureusement tout...

Anastasia Ivanova semblait surgir derrière moi dans ce long instant de silence vers le haut. Sa voix, tel un écho, répétait d'immortels ordres dans le creux de mon oreille : "Séduis-le ! Séduis-le ! " Mais comment cela était-il possible ? Comment, avec son ressentiment à mon égard, allais-je libérer le coeur de cet homme prisonnier dans les abîmes de sa chaire ?

Comment allais pouvoir effleurer les mains d'un mafieux maculées de sang ?

Jamais telle résistance ne m'avait confrontée...

Nous arrivâmes à destination. Au son léger d'une clochette, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent pour dévoiler un long couloir mêlé de style Art Déco et Contemporain. Notre bagagiste émergeait en même temps dans notre champ de vision ; nous ayant rattrapé par un chemin inconnu.

Alexeï Ivanov me devança en sortant de la cabine. La largeur de son dos fut comme un soudain obstacle tandis que je tentais de m'avancer. Quel mufle indélicat... Je fronçais les sourcils sans toutefois dire un mot.

Je ne voulais pas lui offrir ce plaisir.

L'employé du palace nous escorta au fond du corridor ; faisant les éloges de l'endroit tandis que nous passions devant une rangée de portes majestueuses. Il s'arrêta avec son monte-bagage près d'un large double-panneau.

Madame, Monsieur, la suite "Alfred Hitchcock"...

Ses mots furent suivis par l'ouverture électronique de la pièce.

Dans un éclat, la blancheur de la suite se révéla à nous. Nous pénétrâmes un salon blanc rehaussé de touches oranges et turquoises. L'air y passait librement ; son circuit délié par les trois fenêtres de la pièce octogonale.

Une sensation de déjà vu me saisit étrangement. Incompréhensible au début, je ne tardais pas à reconnaître un endroit mythique du Cinéma américain : Le lieu de tournage de "La Main au collet".

Mon souffle se restreint d'émerveillement.

Je m'avançais agréablement surprise dans cette pièce où Grace Kelly avait embrassé Cary Grant, face aux lumières d'un feu d'artifice illuminant leurs silhouettes étreintes dans l'ombre. L'âme de la Riviera des années soixante respirait ici.

Cela semblait irréel.

Je continuais mon exploration en délaissant les deux hommes partit voir la chambre et la salle de bain. Mes pas foulèrent le sol de la terrasse pour rencontrer la vue. Située au dernier étage, la suite offrait plein regard sur la Croisette et la Méditerranée.

La RivieraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant