𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝑿𝑰𝑰 - 𝑺𝒐𝒊𝒓𝒆𝒆 𝒃𝒍𝒂𝒏𝒄𝒉𝒆

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𝓔𝓭𝓮𝓷 🦋




Ma curiosité venait de mener aux pieds d'un escalier s'élevant dans l'ombre.

Recouverte de moquette rouge, ses marches montaient dans le silence vers l'inconnu. Elles disparaissaient là-haut ; quelque part dans la pénombre fondant son bois dans le néant. Aucun son ne venait perturber cet endroit clos fait de vide...

Je faisais halte avec prudence en observant les faibles lanternes guidant le chemin d'une lueur cramoisie. Devais-je continuer ma route ? Prise d'un soudain doute, ma conscience inquiète me murmurait de faire demi-tour. Je ne savais pas où je m'engouffrais... Mon corps, lancé à l'aveugle dans les mystères de la nuit, ne pouvait prédire ce qu'il allait rencontrer.

Un secret inavouable ? Un rassemblement interdit  ? Un nouvel homme masqué d'un sac ? Ma logique soulignait que les pièces mises à l'écart renfermaient rarement des choses banales. Plus encore : Alexeï Ivanov n'aurait pas disparu aussi longtemps pour si peu.

Que pouvait-il faire depuis tout ce temps ? Un mélange d'appréhension mêlée de curiosité fleurit en moi tel une belle de nuit au coeur du soir. Je ne pouvais l'arrêter, c'était plus fort que moi. Je souhaitais percer à jour cet homme construit de mystères.

Mes jambes ignorèrent ma raison en enclenchant le pas. J'étais bien trop ivre pour avoir pleine conscience du danger... et mon envie de découvrir ce que cachait Ivanov me brûlait toute entière. Ma rancœur espérait pouvoir le confronter.

Je me mis à gravir les marches en équilibre sur mes talons. Des voix ne tardèrent pas à s'élever dans le silence. Elles résonnaient dans le calme animé d'une douce musique d'ambiance.

Les escaliers montaient haut.

Une pièce aussi vaste que le lounge m'accueillit au sommet des marches. Son ambiance nettement, plus intimiste, se retrouvait ponctuée d'une décoration raffinée : faite de bois laqué ponctué de notes rouges dans une ambiance japonaise.

Un fin nuage de fumée provenant de narguilés baignait la salle dans un flou lumineux. Celui-ci s'élevait de la moquette, enjolivée de dorures, au plafond parcouru de branches de cerisier en fleur. Il y régnait une ambiance assez mystique ; peuplée de quelques clients languit sur des canapés près de tables basses.

Les images un peu ironiques d'un harem d'hommes parcourent mon esprit face à ceux ne m'ayant pas remarquée.  Cette pièce secrète se trouvait assez banale... du moins... à un détail près.

Mon regard espion venait de tomber sur l'une des tables. Un frisson de surprise me saisit brutalement.

Blanche, une montagne de poudre trônait sur la plupart des guéridons. Cet amas de matière disposé au coeur d'un plateau se voyait déversé sur de plus petites plaques ; sous forme de lignes devant chaque personne attablée.

Je doutais un premier temps.

Ma conscience noyée par l'alcool me jouait certainement des tours. Cela ne pouvait être possible, beaucoup trop incroyable et certainement illégal. Ma tentative de logique se brisa pourtant lorsqu'un homme inspira bruyamment.

Ce bruit presque animal résonna dans mon esprit assourdit.

Tout était bien réel : de la cocaïne en grande quantité s'érigeait à l'image d'un plat de résistance.

Je manquais de trébucher sur la moquette, mais c'est avec la tromperie m'ayant menée ici que je m'efforçais de rassurer les regards. Je lâchais mon sac dans un coin et ramenais mes cheveux en avant pour camoufler ma poitrine. Mes jambes marchaient aveuglément tandis que mon esprit, sous appréhension, cherchait Alexeï Ivanov.

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