Bungou Stray Dogs - Dazai x OC // Sayonara

Chapitre 48

Furtivement, elle s'était faufilée par la fenêtre laissée ouverte, et se retrouva aussitôt plongée dans un endroit qui sentait le refermé. Elle passa en revue l'intégralité des quelques meubles disséminés ici et là, dans cet appartement austère et peu accueillant.

Une télévision vieille de plusieurs décennies, un canapé qui avait vu des jours meilleurs, ainsi qu'une table dépourvue de chaises. Elle était arrivée dans ce qui ressemblait à un salon ; le détail le plus étrange, malgré toutes ces observations précédentes qui peignaient une toile peu glorieuse de cet endroit, était que tout étincelait de propreté.

Pas une seule trace de poussière, et surtout aucune trace du passage de leur maître il y a plus d'une semaine de cela. Elle avait été là pour l'accompagner, et avait parfaitement vu les nombreux fils noirs témoins de sa capacité recouvrir la majeure partie de cet appartement ; or, présentement, rien de tout ceci. Tout avait été nettoyé à la perfection.

Elle jeta un regard en arrière, croisant celui de sa collègue, elle aussi encapuchonnée, qui venait d'atterrir souplement sur le parquet usé. Elle échangèrent un petit hochement de tête, et se mirent en route, à la recherche de leur cible.

Si elle se fiait à ses souvenirs, la chambre à coucher devait se trouver dans la pièce d'à côté. Lorsqu'elles arrivèrent silencieusement devant la porte en question, elles constatèrent immédiatement que celle-ci était fermée.

D'après leurs informations, leur cible, qui n'était autre que la cheffe de la section médicale de la Mafia Portuaire, avait le sommeil excessivement léger. Elles devaient ainsi faire attention à ne pas faire de bruit, afin de la surprendre lorsqu'elle serait assoupie ; et, ainsi, ne lui donner aucune chance d'utiliser sa satané capacité, qui avait déjà tué trois de leurs camarades.

Elles pouvaient le faire, toutes les deux. Elles étaient parmi les plus compétences et les plus entraînées de leur petite organisation, et elles avaient la confiance de leur maître. Elle devaient le faire.

Nora n'était pas aussi puissante que l'était Chuuya Nakahara, par exemple, ou même Kôyô Ozaki. Si elles réussissaient à mener à bien leur mission et qu'elles s'éloignaient aussitôt, alors cette satané cadre aux cheveux blonds n'aurait aucune chance de s'en sortir.

Tout était une question de vitesse et de précision.

Elles n'avaient aucune peur de la mort, dans tous les cas.

La poignée de la porte donnant sur la chambre fut lentement tournée, sans aucun bruit. La pièce était plongée dans le noir quasi total, si ce n'étaient pour une poignée de rayons lunaires qui étaient parvenus à s'infiltrer par quelques interstices des rideaux occultants.

Dans le lit, une silhouette humaine reposait sous les couvertures, qui leur tournait le dos. Ses courts cheveux blonds leur indiquèrent que cette personne était bien celle qu'elles cherchaient.

Pendant que sa collègue restait légèrement en retrait, elle s'avança prudemment en fouillant silencieusement dans les manches de sa cape ; les yeux de sa cible étaient fermés, et sa respiration lente et calme indiquait qu'elle était bel et bien assoupie.

Avant qu'elle n'ait le temps de sortir ce qu'elle cherchait, cependant, elle entendit un petit grincement sur sa gauche, qui la fit se stopper net. Elle n'eut guère le loisir de tourner la tête, afin de voir ce qui était à l'origine de ce son, puisque quelque chose entra en collision avec sa hanche, avec une violence telle qu'elle lui coupa la respiration.

Elle fut projetée sur le mur avec une force qui défiait toute imagination, à tel point que son corps avait laissé sa marque dans le plâtre désormais fissuré. La petite boîte qui se trouvait autrefois dans ses mains échappa inévitablement à sa prise et glissa sous le lit, tandis qu'elle retombait lourdement sur le tapis en crachant sa salive, tenant sa hanche en gémissant, la partie de son corps qui la faisait actuellement le plus souffrir. Nul doute qu'elle avait été déboîtée, si ce n'est complètement fracturée, tout ceci en l'espace d'une simple seconde ; qui pouvait être assez puissant pour réussir une prouesse pareille, au juste?