Bungou Stray Dogs - Dazai x OC // Sayonara

Chapitre 24

Elle n'avait jamais retiré ses bandages, même pour soigner ses blessures. Car elle savait ce que ceux-ci représentaient pour Dazai.

Il avait l'habitude de se blesser, c'était indéniable, peut-être parce qu'il ne faisait plus attention à ce qui lui arrivait, à lui dont la vie était plus insignifiante qu'un vulgaire insecte. Mais, elle était certaine qu'il ne s'agissait pas là de toute la vérité.

La douleur qu'il ressentait lui permettait sans nul doute de se prouver à lui-même qu'il était toujours vivant. Peut-être pour ressentir au mieux ce que cela ferait d'être libéré de toute cette douleur de l'existence, une fois la mort arrivée? Il n'aimait pas souffrir, et pourtant il passait son temps à se blesser.

Mais, plus que tout, c'étaient les blessures mentales qui étaient les plus douloureuses pour lui, presque insupportables. Si les plaies, les empoisonnements et toutes ces choses-là étaient relativement faciles à panser et à soigner, celles à l'intérieur de lui ne l'étaient pas.

Comment réussir à soigner une âme en peine, une âme meurtrie? Sans nul doute avait-il pensé, dans un geste désespéré, que s'envelopper de bandages allait réussir à le guérir intérieurement. Ayant plus ou moins accepté le fait que personne ne serait jamais en mesure de le comprendre, il s'est caché derrière des bandages pour montrer aux autres ce qu'ils avaient envie de voir.

Mais, bien évidemment, cela n'avait pas fonctionné.

Il continuait de souffrir le martyr, sans même que les autres puissent s'en rendre compte, car il n'avait aucune blessure à montrer. Celles que possédaient son âme étaient invisibles aux yeux du monde.

Mais pas à ceux de Nora. Elle parvenait à distinguer la noirceur qui l'imprégnait, le noyait tout entier. Était-ce parce qu'elle était médecin, et que son rôle était de s'assurer de la bonne santé de ses patients?

Ou bien était-ce parce que son âme était aussi noire que la sienne?

Les deux solutions étaient peut-être vraies, pensa-t-il après mûre réflexion. Nora avait attendu à son chevet, silencieuse, le regard braqué vers la fenêtre de la chambre où le soleil déclinait, que ses pleurs se tarissent finalement.

Elle n'avait pas eu envie de le laisser seul, mais n'avait pas osé s'immiscer dans son espace personnel pour autant. Elle savait parfaitement que, pour quelqu'un d'aussi maître de ses émotions que Dazai, pleurer ainsi devant les autres était quelque chose dont il n'était absolument pas fier.

Il se sentait très probablement honteux à l'instant présent, et aller le réconforter ne ferait qu'empirer les choses, et le pousserait peut-être à se renfermer de nouveau sur lui-même. De toute manière, elle ne savait pas comment faire pour réconforter les autres.

C'était pour cela que, d'ordinaire, elle laissait plutôt cette tâche à ses subordonnés, maintenant qu'elle avait été promue. Et, ainsi, elle pouvait s'occuper de quelque chose d'autre.

-...pourquoi avoir décidé de te consacrer exclusivement aux cadavres?

Comme s'il lisait dans ses pensées, la voix de Dazai lui était parvenue, pas plus haute qu'un murmure, mais dans le silence de cette fin d'après-midi elle l'écouta sans peine.

Lui aussi, il commençait à la comprendre, aussi étonnant cela soit-il. Peut-être que, finalement, cette femme n'était pas si énigmatique que cela? Son fonctionnement était certes radicalement différent des autres femmes qu'il avait connues, mais pas si différente de son propre mode de pensée.