Chapitre 5

621 16 7
                                    

Recommandations: Pacify Her-Melanie Martinez/ Panic Room-Au/Ra/ In my head(speedup)-ciaffa/ Revenge-XXXTentacion-17/ Gasoline-Hasley

* Lorsqu'on a une scoliose, déviation anormale de la colonne vertébrale, on mesure cette déviation en degré.


Célya

5h53-Seattle

Le moteur de la voiture vrombit, tandis que mon père règle son siège.
Un départ vers l'hôpital, le genre de début de journée que je déteste.

Je prends la pochette A3 remplit de radios, de fiches d'examens...certaines datant de primaire. Je regarde le logo sur l'autocollant gardant les deux côtés de la pochette fermés. Le caducée d'hermès (un bout de bois avec deux serpents s'enroulant autour). Il pourrait presque être beau s'il ne me rappelait pas tout ces mauvais souvenirs à l'hôpital.

Un vide, voilà ce qu'il signifie pour moi, un manque, quelque chose qui ne pourra jamais être réparée, cassée pour toujours, une partie de ma vie qu'on ne pourra pas me rendre, jamais.

Mes écouteurs enfoncés dans mes oreilles, je cale mon front contre la vitre de la voiture. Le béton noir et les quelques rayures blanches défilent à toute vitesse devant les yeux.
Je ferme les yeux en essayant de penser à autre chose que ce qui m'attend, c'est sans compter sur l'appréhension qui augmente avec mon stress. Je tords mes doigts dans tous les sens dans le bout des manches larges de mon sweat bleu foncé. Est-ce que je vais revoir ma chambre d'hôpital, les kiné, les spécialistes, les infirmières, les radiologues ? Est-ce que je vais ressentir à nouveau ce sentiment d'impuissance, d'étouffement, d'asphyxie ? Oui, bien évidemment, dix fois plus qu'en temps normal. Tout va me revenir, tout, les souvenirs, la douleur corporelle, la tristesse, le désespoir, la peur, le silence.

Je vais redevenir pour quelques heures cette poupée vide, manipulée pour être soignée sans plus le vouloir, cette chose que l'on traine pour essayer son nouveau corset, son "sauveur", "remerciez-nous, nous avons créé votre deuxième peau, votre ange gardien, votre protecteur, votre bouclier, votre armure, votre bénédiction" c'est ce qu'ils pensent tous, ils aimeraient qu'on les remercie pour leur incroyable travail, talent. Ils sont tous si fiers d'eux, ils se prennent pour des dieux. Ils créent des appareils qui vous "remodèle", "reforme", car vous n'avez pas été créé de la bonne manière, une de vos côtes ressort trop, une de vos épaules et un peu plus haute, une de vos hanche et plus voyante et creuse plus votre taille, une de vos clavicules est moins prononcée que l'autre, vos omoplates sont trop détendus. Des erreurs, voilà comment ils nous prennent, des choses crées incorrectement. Je sur réagis peut-être mais c'est eux qui m'ont fait penser comme ça.

Ils créent un appareil fait de plastique, de vices, de métal, c'est beaucoup mieux, avec des "mousses", plus dures qu'un tatami, qui sont censées vous donner l'impression d'être "à l'aise". Une prison qui vous fait faire des crises d'angoisse, de panique. Qui vous fait perdre votre respiration, vous asphyxie, vous statufie sur place. Un truc qui vous fait vivre un enfer silencieux, sans aucune possibilité de crier à l'aide, sans aucune issue. Un matériel qui vous laisse des traces, des marques rouges vives sur votre peau, des entailles, des coupures, des séquelles, et des "effets secondaires", comme par exemple la taille plus creusée chez un homme ou une femme, la diminution d'un sein chez une fille ou une hanche plus haute, des appuis dans le dos, une peau sèche...

On arrive devant les grandes portes principales, je me suis endormi pendant le trajet. La pochette sous le bras. Les pas de mon père et les miens résonnent sur le carrelage blanc brillant. Quelqu'un demande ma carte d'identité et ma convocation à l'entrée. Nous allons chercher un billet pour ensuite être appelé dans un des cabinets de l'accueil, l'une des dames présente à l'intérieur doit faire je ne sais quoi avec son ordi. C'est toujours comme ça. Peut-être prévient-elle que je suis là, je n'en sais rien.

Façade  ( en pause le temps de faire la partie III et en réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant