Chapitre 1

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Célya

17h40-Seattle

La pluie tombe à flot sur le béton noir du jardin, et sur les vitres, laissant des traces sur celles-ci. Je veux rester ici à les contempler, ces petites gouttes d'eau qui proviennent du ciel, tout en continuant à écouter  ma musique, fine line de Harry styles.

Je dois aller chez mon kinésithérapeute dans quelques minutes. Comme d'habitude, je n'ai pas la force d'y aller, ça dure trop longtemps et ça me coupe mon après-midi. Après, ce n'est pas comme si j'allais sortir et avoir une vie sociale. Mais je pourrais faire autre chose.

Comme quoi ? Écouter ta musique ?

De toute façon je n'ai pas le choix. Ça vient d'au-dessus, de l'hôpital, ce putain d'hôpital que je hais du plus profond de mon être. C'est mon médecin de là-bas qui m'a dit de faire des séances de kiné. Les séances durent une heure, pendant celles-ci, je fais du renforcement musculaire, c'est long et pénible. C'est à cause de ma scoliose tout ça, on me l'a découverte lorsque j'avais dix ans. Depuis je vis avec les rendez-vous medicaux, et les séances de kiné.

J'ai bien conscience que ce n'est pas le pire problème médical. Mais à partir du moment où j'ai apprit que je devrais porter un corset orthopédique, mon opinion a vite changé. Heureusement je ne le porte plus aujourd'hui étant donné l'arrêt de ma croissance.

Cependant, les marques que cet outil a laissé sur mon corps sont bien présentes, les rougeurs sur mon dos, là où la cage de plastique appuyait ou encore les traces sous mes aisselles. Tout comme celles laissées dans mon esprit, le dégoût de soi-même, l'anxiété sociale, le rejet et la peur de l'abandon qui en découle.

Je pars dans la voiture avec ma mère chassant mes pensées et m'installe mollement sur le siège passager.

Quelques minutes plus tard, nous arrivons à l'entrée du parking où elle a l'habitude de se garer. Je ne veux pas descendre, je veux juste rentrer chez moi et dormir. Je vois une main passer devant mon visage, je ne tourne même pas la tête sachant pertinemment que c'est ma mère.

— Célya, il faut que tu y ailles, c'est pour ton bien, me dit-elle, presque suppliante.

Je retiens un ricanement sardonique. Tout ce que je veux, c'est que vous me compreniez, ou du moins que vous essayiez. Je ne me sens pas bien, je déteste mon corps et ce qu'il a subit que ce soit à cause de mon corset ou à cause d'eux.

Je déteste avoir l'impression d'être vide sans rien qui ne me retienne. Je déteste ne pas pouvoir vous parler sans que vous ne preniez ce que je vous dis comme une offense.

J'aimerais juste que vous m'écoutiez, plutôt que de payer des professionnels pour mon "bien-être". Je ne veux pas d'une psy, je veux des parents à l'écoute.

Mais au lieu de tout lui cracher à la figure, je reste silencieuse comme à mon habitude. À quoi ça sert de leur dire de toute façon, j'ai déjà essayé, ça se terminait en dispute.

Je finis par sortir du véhicule en rampant des pieds vers le cabinet. C'est là que se trouve mon kiné, Guillaume. Il est petit, environ un mètre soixante-dix avec un début de calvitie au centre de ses cheveux ébène. Il porte toujours un jogging et un tee-shirt et a approximativement trente ans.

Je rentre, m'installe et fais mon échauffement en attendant qu'il arrive. Je préfère quand il est dans son bureau. Je ne sais pas pourquoi, mais depuis quelques séances, je suis de moins en moins à l'aise avec lui.

Façade  ( en pause le temps de faire la partie III et en réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant