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Assise sur mon lit d'hôpital, je regarde par la fenêtre sans vraiment regarder.

Je n'arrive pas à comprendre comment les choses ont pu si vite déraper. Je suis avec Vincent depuis tellement d'années. Je le connais. Son passé, ses problèmes avec son père, sa charge mentale...

Mais est ce vraiment une raison pour me frapper et m'empêcher d'aller au mariage de ma meilleure amie ?

La porte s'ouvre me faisant sursauter sur mon frère et Lyone.

- c'est bon, il est pas là !, lance Ethan en me prenant dans ses bras.

Par « il », Ethan fait bien sûre allusion à Vincent.

Savoir qu'il cherche à me voir me touche. Mais savoir qu'il a menti à la police fait disparaître cette empathie.

- je vais bien m'en occuper Ethan., souffle Lyone en posant une main sur l'épaule de son pote.

- je sais Lyone, je sais.

Il m'embrasse au front avant de m'aider à quitter le lit.

Je croise le regard de Lyone qui est chaleureux et il se retourne pour nous ouvrir la porte.

Quitter l'hôpital ne me rassure pas tant que ça. Je sais que dans l'appartement de Lyone je n'ai rien à craindre, mais l'idée de vivre avec lui, qui me fait regretter l'hôpital.

Je ne suis jamais resté seule avec Lyone aussi longtemps. Et il a dit qu'il me convaincra de porter plainte contre Vincent. Comment va t il s'y prendre ? Et puis, comment ça va se passer nous deux dans le même endroit ?

On arrive en bas et je reconnais directement la belle voiture de Lyone. Ethan m'aide à m'installer à l'intérieur et me fait encore un bisou au front.

- porte rapidement plainte contre cet enfoiré sister!

Je tente de lui offrir un sourire réconfortant mais il reste impassible.

Il se redresse pour parler encore avec Lyone et moi, j'ai les mains moites.

Je n'ai pas envie de gâcher l'avenir de Vincent en lui collant un procès sur le dos. Son père le tuerai. Mais je comprends la position de Ethan. Et je conçois que ce que Vincent m'a fait est mal mais je ne peux juste pas me résoudre à détruire sa vie.

Lyone monte et on fait un signe de la main en même temps à Ethan avant qu'il ne démarre.

Je jette un coup d'œil à Lyone et son visage est très neutre.

- je ne suis pas sûre mais c'est la première fois que tu vas dormir chez moi n'est ce pas ?, lance t il sur un ton joueur.

J'essaie de me décontracter mais j'ai toujours l'impression d'avoir une boule au ventre.

- oui première fois. Je crois que j'ai jamais vue ta maison même.

- mais Corni. Tu ne te rappelle pas les gâteaux que j'étais allé chercher chez moi?

Je le regarde et essaie de me souvenir. Et quand les informations atteignent mon cerveau, j'ouvre grand la bouche.

- cette immense maison c'était vraiment chez toi?

- et je serai rentré comme ça si c'était pas chez moi?

- enfin...je pensais que...c'est stupide t'as raison.

Il rigole et moi, je me sens un peu bête. Cette maison était si grande et il y est rentré avec tellement d'ennuis que je ne sais pas, je me suis dit que c'était un magasin. Surtout qu'il était ressorti avec des gâteaux qui rien qu'à l'emballage tu sens que ça coûtait très cher.

- mais je ne suis jamais rentré !

- au moins mon appartement, tu y es déjà rentré.

- c'est vrai, et je me rappelle que la décoration est sublime.

- merci Corni.

Finalement, la boule que j'avais au ventre disparaît et je discute pendant tout le trajet avec Lyone de façon très normale.

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Je regarde la chambre dans laquelle je vais dormir avec admiration et me laisse tomber sur le lit qui est aussi moelleux qu'un nuage.

- c'est une chambre d'hôtel à ce stade!

- non, juste la chambre d'amis, dit il sourire aux lèvres.

Je me redresse du lit en voyant une porte dans le mur en face de moi et me lève enthousiasme.

- j'ai...

- oui. Une salle de bain rien qu'à toi.

J'ouvre la porte et je suis subjuguée par la salle de bain à l'italienne.

- c'est magnifique ! Oh la la Lyone, je vais adorer vivre ici!

- tu m'en vois ravie.

Je sors de la salle de bain et le regarde.

- merci.

- mais avec plaisir ma Corni, lance t il en remettant des mèches de mes cheveux derrière mon oreille.

Il a bien dit...ma Corni?

- je te fais voir le reste de l'endroit où tu vas séjourner?

- euh... oui!, dis je en rougissant légèrement.

Il me sourit avant de m'ouvrir la porte et m'inviter à sortir de ma désormais chambre.

Je découvre avec émerveillement une bibliothèque immense, une cuisine high-tech, un salon incroyable avec un écran plat qui sort du mur. Et surtout, la vue incroyable sur les buildings de la ville.

- les deux seules portes qu'on a pas visité c'est mon labo, que tu connais déjà et ma chambre.

- c'est incroyable comment c'est grand et la déco est à tomber! Je vais adorer vivre ici.

- tu m'en vois ravie.

- c'est un confort quasi différent quand tu reviens du front.

- et dit toi que je préfère dormir sur un matelas gonflable avec fond d'explosions.

Je me retourne et le regarde en clignant des yeux.

Lyone a encore changé de visage. Il regarde par les baies vitrées sans émotions.

Je me demande si il n'a pas un genre de trouble de la personnalité ?

- tu aimes l'ambiance du champ de bataille ?

- oui.

- comment ça se fait? Ça ne te fait pas peur...je veux dire. Toi encore plus en tant que médecin, tu dois en voir des choses qui font peur.

Lyone me fixe, son regard toujours aussi vide et il sourit.

- j'ai vue bien pire dans mon enfance que sur un champ de bataille.

Quoi?

- je rêve ou tu essaie de faire la psychologue avec moi?, dit il avec une voix amusé et ce visage enfantin qu'il me montre très souvent.

Je rougis en le regardant dans le blanc des yeux et souris nerveusement.

- je ne suis même pas encore diplômé. Et...avec tout ça, je risque de pas être diplômé.

- mais non.

Il passe ces doigts sur ma joue et me sourit tendrement.

- je vais t'aider à avoir ce diplôme.

à deux pas d'être un psychopatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant