My Boss

XLIII

On arrive dans un bar très luxueux, le serveur vient vers nous et nous emmène à notre table. L'homme qu'on attend n'est toujours pas arrivé, je me décontracte donc un peu plus.

- Que veux-tu boire ?

Isaac parcourt la carte des yeux quand il me pose la question. Je lui répondrais bien un « coca bien frais chacal » mais je me contiens. 

- Un coca s'il te plait.

Il me sourit et passe une commande, on sirote nos boissons en parlant de tout et de rien jusqu'à ce que trois hommes débarquent. Mon stress monte en flèche.

Le premier homme est assez âgé, c'est lui le patron. Habillé d'un costume élégant il s'avance et sourit à Isaac. Derrière lui deux hommes le suivent. L'un a des lunettes noires et un costard noir... un garde du corps ? Et le second doit être son assistant.

- M. Jones. (Résonne la voix du quarantenaire)

- M. Williams. (Répond Isaac en lui serrant la main)

Le quarantenaire ou plutôt, M. Williams, me fixe avec interrogation. Je dois me présenter ?
Mais je dis quoi ?!
Haïley, plan cul d'Isaac ?
Non !
Je cherche mes mots l'espace de quelques secondes ce qui me paraît une éternité !

Je prends enfin la main de Williams, tendue vers moi afin de la lui serrer.

- Haïley Jordan, assistante de M. Jones, enchantée.

C'est plus pro.
Willy, on va l'appeler comme ça, ça lui va bien, me regarde droit dans les yeux.

- Enchanté Mlle. Jordan.

Gênant... je lance un regard vers Isaac et sa mâchoire est contractée. Il interrompt Willy en commençant la discussion.

Je prends note à certains moments pour être sûre de ne rien oublier dans mon rapport, l'assistant en face ne prend aucune note. Il a l'air sur de lui.

Isaac m'autorise à prendre part au débat et je peux ainsi poser mes quelques doutes et questions. Tout se passe bien à part l'assistant qui me fixe... Je crois bien que c'est l'une des réunions les plus longues de ma vie. Son visage me dit vaguement quelque chose mais je n'arrive pas à savoir d'où il vient.

Lorsque l'on a terminé, enfin.. Isaac se lève et j'en fais de même.
Il est déjà dix-huit heure passé. On salut nos futurs fournisseurs et on s'en va. Isaac est à la réception pour payer et récupérer nos affaires quand l'assistant vient vers moi. Il arrive à ma hauteur et me sourit, je lui souris en retour par politesse. C'est horrible de savoir que vous connaissez une personne mais que vous ne savez plus d'où...

- Je suis content de te revoir Haïley. 

Sa voix me fige. C'est mon dernier petit copain...
Comment m'a-t-il reconnue ?
On devait avoir dix-sept ans la dernière fois qu'on s'est vu....
Comment se fait-il qu'il soit là ?
Je veux dire, on était scolarisé au lycée ensemble...
Il m'avait bien dit qu'il voulait monter sa propre entreprise mais je ne pensais pas qu'il partirait de la France !
Je me rappelle de ses injures envers moi et de toutes les atrocités auxquelles j'ai dû faire face à cause de lui...
C'est l'une des personnes qui a grandement contribué à mon mal être par le passé...

La seule chose qui m'attire actuellement est la porte de sortie... Je n'ai clairement pas envie de lui faire face.

- Tu as bien changé dit moi. Tu as suivi mes conseils de nutritions ?

Un rire amer quitte mes lèvres.
Ses conseils ?
Vous voulez des exemples de ses conseils ?
« Ne mange pas ce soir tu es trop grosse, on voit trop tes cuisses »,
« ne thabille pas comme ça, c'est trop court »,
« ne met pas de robe c'est moche sur toi »,
« Il faut vraiment que tu fasses quelque chose pour tes vergetures c'est vraiment moche »,
« de toute façon je ne t'aimais pas, c'était juste pour la baise » 

Je mapprête à le contourner mais il m'attrape le bras.

- Tu sais, c'est grâce à-moi si tu es aussi belle, tu fais quoi ce soir ?

Une nausée remonte dans ma gorge. Je lui lance un regard mauvais et retire sèchement mon bras.

- J'ai déjà des choses de prévue.

- Comme te faire baiser par ton patron ? Aller Haïley, tu ne connais personne ici.

Ma main a atterri sur sa joue plus vite que prévue.
Il me regarde surpris, sa main sur sa joue rougie.
Je le regarde aussi surprise que lui.
Pourquoi je viens de faire ça ? Isaac va m'en vouloir !
C'était des gens super important pour la firme.

- T'es vraiment qu'une pute Haïley !

Il me lance ces injures au visage et s'en va. Je l'ai bien mérité...
Je lève les yeux et le visage énervé de mon patron me fige.
Il va me défoncer et pas dans le bon sens les gars...
Il attrape mon bras et m'entraîne à sa suite, dans les toilettes.

- Je peux savoir ton putain de problème Haïley ?!

Il me crie dessus. Tout mon corps est figé et aucun mot ne sort de ma bouche.
J'ai merdé complètement...
Il a dit ça de façon drôle mais ça ne m'a pas fait rire du tout parce que c'est la pure vérité !
Et ça m'a fait mal...
Alors ma main est partie toute seule.
J'aimerais pouvoir lui expliquer mais il s'énerve, il balance ses bras en l'air et il crie.

- J'espère pour toi que tu as une bonne explication Haïley !

Je ne le regarde pas. Mes yeux sont baissés vers le sol. Je ne veux pas affrontés son regard. Il souffle et claque la porte en partant, me faisant sursauter.

Je sors à mon tour, il est parti sans moi...
Cette idée me serre violement le coeur...
Il m'a laissé toute seule ici, dans une ville que je ne connais même pas.
Je marche le long de la rue et trouve un petit parc.
Je m'assois sur l'un des bancs et fond en larme.
Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas quoi dire... Je me sens seule, abandonnée.
Je veux être avec Angie...
Il est trop tôt en France, elle doit dormir dix-neuf heures à L-A c'est quatre heures du matin à Paris... Je prends le temps de me calmer, je suis perdue dans mes pensées. La nuit tombe rapidement.
Merde, il est déjà vingt et une heures.
Il faut que je rentre. Je cherche un papier dans mon sac où le nom de l'hôtel est écrit mais rien... La panique s'empare de moi.
Je commence à trembler et mon coeur se serre fort, j'ai l'impression de manquer d'air.
Merde...
Je fais une crise de panique...
Il faut que je me calme.
Je me recroqueville sur moi-même, appuyant sur ma cage thoracique pour essayer de faire diminuer la douleur. Je me concentre sur le vent autour de moi, sur les bruits des feuilles des arbres ou des gens qui parlent.
Je fini par me calmer tant bien que mal et me redresse. Mon téléphone vibre.
J'essuie les larmes de mes yeux pour voir plus nettement mon écran.
Plusieurs appels manqués d'Isaac et d'Angie...
Depuis combien de temps je suis ici?
J'envoie juste un message à Isaac pour savoir l'adresse de l'hôtel, il me répond immédiatement et je prends un taxi pour rentrer.

A suivre...