The Sun-Flower

♤Chapitre 6 : Partie 1♤

L'Eden n'est pas vraiment un endroit dont les frontières sont délimitées officiellement, seule une pancarte improvisée est plantée entre deux bâtiments. L'un étant un vieux manoir blanc dont je n'avais jamais entendu parler, aux abords vieillis et recouverts en partie de lierre et de magnifiques fleurs, mais qui semble tout de même assez rénové pour encore tenir debout et être capable d'accueillir des habitants. L'autre bâtisse est tout de suite plus accueillante avec sa modernité et sa propreté parfaitement visible, cependant cette sorte de villa, qui ne semble pas exactement en être une, ne dégage pas cette même énergie que le manoir renvoie, comme un soupçon de mystère dont une histoire tragique et pleine d'amour à la fois se dégage. 

Ce domaine appartient probablement à deux familles différentes, pourtant il n'y a aucune délimitation si ce n'est l'atmosphère des deux lieux, parfaitement différents l'un de l'autre. Mais les deux plages de l'Eden se confondent à la perfection, à tel point qu'on ne voit que ce paysage magnifique, aux reliefs splendides, ainsi que les tentes installées par-ci par-là, sur la gauche de la grande plage que m'a indiqué Harriet, séparée de la plus petite - en face du manoir - par une ligne de rochers immenses qui forme une longue rangé, qui se noie lentement dans l'océan Atlantique.

La lumière du jour descend progressivement, et la vision du ciel aux teintes orangées perfectionne cette œuvre d'art, peuplée par des dizaines d'adolescents de tout âge. Des lanternes et des guirlandes de lumière colorées illuminent la plage un peu partout, et environ cinq feux de camp sont allumés sur le sable, alors qu'il ne fait pas encore nuit.

Ne pouvant cacher mon émerveillement dans ce spectacle de vie et de couleur, je cherche Harriet du regard, espérant la trouver rapidement. Même si c'est presque impossible, j'espère la trouver toute seule, un besoin de réconfort imminent monte en moi à l'idée de la trouver déjà entourée d'amis. Bien sûr, j'ai d'un certain côté hâte de les rencontrer. Mais j'ai peur de m'enfuir si elle n'est pas là pour me forcer à continuer mon aventure, et cette fuite paraît imminente lorsque mon cauchemar se révèle vérité.

Billy, le garçon complètement taré du café que j'ai eu la malchance de rencontrer hier, se dirige vers moi avec une expression tout d'abord mystérieuse - qui me fait d'ailleurs froid dans le dos - avant qu'il ne m'aperçoive et s'illumine soudainement de bonheur. Je le soupçonne inconsciemment de contrôler ce sourire charmeur à sa guise, car aucune personne normale ne peut passer d'un visage si fermé à un tel bonheur en croisant simplement le regard d'une personne dont on ne connaît que le nom.

La panique s'empare de moi et je tourne immédiatement le dos à la plage, marchant d'un pas pressé vers la sortie de cet enfer paradisiaque. Si je me retrouve à nouveau face à ce spécimen, je risque de perdre le contrôle et de complètement dérailler. Il est trop étrange, trop ouvert, trop beau et trop populaire pour que je puisse l'intéresser. Il n'est pas comme Harriet. Enfin, qui suis-je pour dire ça ? Je ne le connais pas du tout. Mais mon instinct me hurle de fuir, de m'éloigner le plus possible de lui, car je risque de me consumer entièrement à peine je poserai un regard dans le fond de ses iris.

Mais Billy est plus rapide que moi, et en quelques enjambées, il m'attrape doucement par les épaules. Pourtant je sursaute violemment, et repousse avec vivacité le bras qui m'a fait immédiatement me retourner. La peur est probablement visible dans mes yeux, et je sens le rouge me monter au visage quand, au lieu de partir ou de se moquer de moi, Billy sourit avec sincérité, de toutes ses dents. Chris Hemsworth et les autres acteurs du MCU ne m'ont jamais paru aussi pâles.

- Où est-ce que tu vas, l'éléphant rose ? ricane Billy en me tendant le deuxième gobelet rouge qu'il a emmené avec lui, probablement dans le but de croiser une fille et de la draguer sur le chemin.