The Sun-Flower

♤Chapitre 7 : Partie 2♤

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L'eau perle doucement sur les muscles de mon torse alors que j'enroule une serviette propre autour de ma taille, face au miroir de la salle de bain. Le manoir est probablement le seul endroit où je peux être moi-même, mais même ici je suis obligé de cacher certaines parties de ma vie, parce que la noirceur de la mort et du réel danger n'ont pas leur place aux paradis des joueurs.

Approximativement tous les trois jours, l'Eden tient en son sein une nouvelle fête. Parfois elle a lieu sur la plage, d'autres fois dans la villa de Brett Horton, dont la famille est propriétaire de la moitié de ce lieu strictement réservé aux adolescents. Et j'en suis le deuxième propriétaire. Moi, pas mon père, ni ma mère. Moi. Ce manoir est ma propriété, mon chez moi.

L'Eden est souvent mal vu par les adultes et tous ceux qui n'y vont jamais, parce que celui-ci est réservé aux adolescents ou jeunes adultes, sous prétexte que ce sont juste des crétins déjà alcooliques à leur âge qui passent leur temps à baiser et à boire.

En réalité, ce lieu n'est rien d'autre qu'un refuge. C'est l'endroit vers lequel Harry et moi avons fui pour nous y cacher, c'est ici qu'Olympe vient noyer le chagrin du surmenage que ses parents exercent sur elle. L'Eden n'est pas un paradis de fêtards. C'est un enfer d'âmes tourmentées.

L'adolescence est plus compliquée qu'il n'y paraît, et c'est dans les bras de nos amis qu'on trouve la force d'avancer, ici.

Le simple t-shirt que j'enfile compresse ma poitrine, qui, non seulement physiquement mais aussi intérieurement, est sur le point de le faire exploser.

Je n'y peux rien si je suis musclé.

Et je n'y peux rien si le trou que j'ai à la place du cœur est rempli par cette bombe à retardement, qui annonce ma fin prochaine.

Lorsque j'arrive sur la plage, les lanternes sont déjà allumées et cette fois-ci, au lieu des feux de camp, des piliers improvisés forment un cercle illuminé par les guirlandes lumineuses enroulées autour de ces mêmes piliers. Ce cercle est grand, suffisamment pour qu'une vingtaine de personnes s'y assoient en rond. C'est probablement le but.

De l'autre côté de la plage, la musique tonne et va au-delà des décibels qu'on est censé pouvoir supporter. Toutes les pièces de la villa de la plage sont allumées et la piscine est déjà pleine de monde, tandis que tous ceux qui préfèrent rester sur le sable dansent et me saluent lorsque je passe devant eux pour prendre un verre non loin du cercle éclairé en plein milieu de la plage.

J'entends des "salut Billy" de tous les côtés et tente de saluer le plus de personnes possible quand, contre toute attente, j'aperçois la fille qui avait pourtant déclaré ne jamais revenir ici en compagnie de la pire des garces : Harriet. Elle a osé me voler ma victime. Elle l'a trouvé avant, me dirait-elle.

Mais je n'y peux rien, Ann Lee est la personne la plus intrigante qu'il m'ait été donné de rencontrer. Il est rare que j'accorde sérieusement mon attention à quelqu'un d'autre que les membres de mon cercles d'amis proches, mais Ann est non seulement la nièce d'Hope - la rivale de ma famille en tant que créatrice du Sun-Flower - mais cette fille dégage quelque chose que je ne parvient pas à identifier. J'ai envie de la taquiner et de faire monter le rouge sur ses joues, tout en la rendant hors d'elle pour voir la personnalité qu'elle cache. Mais j'ai par-dessus tout horreur des gens comme elle, ces personnes qui font croire à tout le monde qu'elles sont douces et timides, alors que lorsqu'on les goutte, elles sont plus brûlantes que le soleil. Je sais que ce genre de "timidité" qui l'empêche de vivre n'est pas un choix, bien au contraire : je suis persuadé qu'elle meurt d'envie de s'en débarrasser. Mais j'ai horreur de ça, parce que j'ai horreur d'être surpris quand je découvre la vraie personnalité des gens dans ce cas.