♤Chapitre 11 : Partie 2♤

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Actuellement, je vous avouerais que je ne sais absolument pas qui est le plus surpris dans cette histoire. La seule chose que je peux confirmer tandis que mes oreilles se mettent à bourdonner et que mes membres flageolent ridiculeusement autour de mon corps, c'est que le sentiment de trahison que je ressens est encore plus fort que la honte de ne pas avoir osé en parler à mes amis, et surtout à Harriet. Parce qu'ensemble on était censé être honnête, on était supposé tout se dire alors même qu'on ne se connait que depuis peu. Et c'est son regard d'abord étonné puis blessé que je tente de capter, en vain, alors que le sable s'immisce abondamment dans mes chaussures, comme s'il essayait de me noyer pour me permettre de m'enfoncer sous terre. Je suis un monstre. Je suis abominable. Harriet va tellement m'en vouloir, elle va penser que je ne lui fais pas confiance et tout sera gâché entre nous... Je ne peux pas la perdre !

Les larmes ne tarderont probablement pas à arriver, c'est une certitude. Pourtant, mon corps refuse de bouger, tétanisé, comme si rester immobile pouvait me permettre de passer inaperçue.

- Ah bon ? s'exclame Keran maladroitement. Enfin, ce n'est pas un problème hein, Ann chérie. Pas du tout même ! Je pensais juste que...

- Attends, le stoppe Summer en fronçant ses sourcils blonds taillés à la perfection. Vous n'étiez pas au courant ? Merde ! Je suis désolé Ann, je pensais qu'ils le savaient, vous sembliez proches...

Le seul à ne pas réagir avec surprise est Billy, qui tente même de changer de sujet. Mais ma cousine, ou plutôt cousine adoptive, ne semble plus lui prêter la moindre attention. Le voir simplement ignoré est d'ailleurs particulièrement étrange comme situation, hélas mon humeur ne me laisse pas y prêter une réelle importance. Les sourcils noirs d'Harriet sont aussi froncés que ceux des monstres dans les dessins animés pour enfants. Malgré ça, ce n'est pas son regard qui me fait peur. C'est d'avoir pris le risque de la perdre en n'étant pas tout à fait honnête avec ce qui se rapproche le plus d'une meilleure amie pour moi. Un peu comme une sœur que je n'aurai jamais eu, dont la vie m'aurait fait cadeau.

- Bon, et si on y allait ? propose la blonde en prenant le fils de milliardaire par l'épaule. Tu viens Billy ?

- Je viens de me souvenir d'une chose importante que j'avais à faire, je ne vais pas pouvoir vous accompagner, se raidit le brun aux yeux aussi tempétueux qu'un blizzard en antarctique.

Son ton glacial nous surprend tous un peu, mais Summer et moi sommes probablement les plus interpellée, croyant Billy éternellement drôle et détendu. Au contraire, alors que le soleil brûle ses muscles de fer et se reflète sur les mèches plus claires de ses cheveux, le jeune homme est d'une froideur à faire peur. Son regard est sombre, sa silhouette paraît impressionnante alors même qu'aucune colère n'émane de lui pour le moment. Est-ce là le vrai visage de Billy, derrière ses blagues et son attitude légèrement dragueuse ?

- Ok, fais Summer avec un grand sourire, trahis par un tremblement aigu. On se voit plus tard alors.

Mon esprit me hurle de les rattraper, il me supplie d'appeler la petite asiatique pour lui expliquer la raison pour laquelle je ne me suis pas confiée à elle. Mais mes jambes... Mes jambes refusent de bouger. Ma voix ne veut pas sortir de ma gorge, je ne parviens même pas à émettre un cri alors que tout ce que je voudrais, c'est hurler de toutes mes forces. Hurler à en perdre la voix, m'égosiller à réveiller le magma enfoui à des kilomètres sous nos pieds, je voudrais tout effacer et recommencer une nouvelle fois.

- Ann...

La voix de mon présumé ennemi depuis à peine une journée murmure mon prénom. Son timbre n'a plus aucune trace de ses plaisanteries habituelles, il ne ment pas, et c'est sa sincérité qui me brise le cœur.

The Sun-FlowerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant