The Sun-Flower

♤Chapitre 5 : Partie 1♤

L'air ne passe pas et ne passera jamais à travers ce liquide indispensable à la Terre qu'est l'eau.

Celle-ci afflue autour de moi lorsque je saute dans la piscine de l'Oasis, refermant le puits que j'y ai creusé lors de ma lancée. Les rayons blancs traversent les flots, tout en formant de drôles de formes impossibles à prédire, et cette même lumière vient s'écraser agréablement sur mes épaules découvertes de tout liquide.

Nager dans ce petit coin de paradis me rappelle les sorties aux centres aquatique qu'il m'arrivait de faire avec mes amis.

Je passais tout mon temps libre avec eux, car en effet, je suis quelqu'un de relativement timide et qui met vraiment longtemps à enfin être soi-même avec les gens, mais j'avais des amis. Rares, mais vrais.

Hélas, mes parents adoptifs ont souvent dû déménager. J'ai commencé ma nouvelle vie depuis mon adoption à Charleston, puis nous avons déménagé plus dans le nord, où j'ai rencontré Jane, ma meilleure amie. Et j'ai à nouveau changé de chez moi, pour quitter finalement la Caroline du Sud. Ce n'est que depuis un an et demi que j'ai à nouveau rejoint Charleston, l'endroit que j'ai le plus longtemps considéré comme chez moi si on prend en compte le fait que la France, mon pays d'origine, n'a jamais été une maison. Mes géniteurs, que j'ai plutôt l'habitude d'appeler parents génétiques, étaient deux monstres de maltraitance mentale dont j'ai mis longtemps à m'échapper.

La géométrie des étranges découpages de lumière dans cette piscine immense est bordé par un décor somptueux de blanc, de brun bois et de vert. Les teintes sont un peu plus variées que ça, en réalité, et s'offre à moi un spectacles de rouge, de bleu et de jaune, tous dans des tons différents. Les petits végétaux aux courts pétales colorés ornent le vert des feuilles, et quelques pousses viennent ajouter de la vie à cette représentation harmonieuse.

Et comme si le paysage n'était pas déjà assez parfait, le sourire d'Hope vient éclairer plus fort encore que le soleil ce moment de détente dans la piscine.

Ma tante est vêtu d'un chic maillot bleu saphir qui s'accorde joliment avec le blond de sa queue de cheval.

Et son corps parfait, comme le sont tous les corps à mes yeux, éblouit davantage sa silhouette. Cependant, sa minceur presque extrême est toujours flagrante. Je ne suis pas du même sang qu'elle, puisque j'ai été adoptée, mais ma carrure frêle est semblable à la sienne.

Un corps très mince est aussi beau qu'un corps que l'on dit dans la moyenne ou que celui d'un obèse, je veux être claire là-dessus.

Ce sont les souvenirs de la maladie de ma tante qui créent cette douleur violente au fond de ma poitrine. L'anorexie à toujours été un sujet que je juge important à connaître, comme la boulimie et tout ce genre de problèmes n'existant qu'à cause de complexes créés par la société.

Hope se jette dans la piscine et éclabousse mon visage, hurlant de rire lorsque je tente de la faire couler pour me venger.

Mais une silhouette que j'ai d'abord du mal à distinguer à cause de l'eau dans mes yeux apparaît au palier de la porte, vêtue d'une longue robe roulant au gré du vent.

Mais au lieu d'avoir un grand sourire gravé au visage comme les autres fois où j'ai pu la voir, Harriet est d'une beauté sombre empreinte de tristesse, qu'elle parvient à camoufler sous une sorte d'irritation mêlée à de l'impatience.

Parfois, l'empathie est pratique, elle permet de me faire savoir comment se sentent les gens, du moins quand ceux-ci ressentent quelque chose de fort. Comme maintenant, lorsque ma nouvelle amie dépose un tas de paperasses sur la table de jardin que lui a indiqué Hope, destinataire de ces papiers, je suis presque capable de toucher cette contrariété qui émane de la fille la plus vivifiante et joyeuse que je n'ai jamais rencontrée. Cependant, si je sais facilement quand les gens sont tristes, je n'ai aucune capacité de réconfort, et embêter la brune avec mes questions n'est pas la chose à faire.