ANN
L'odeur douce des draps propres me berce, alors que mon téléphone vibre sous les dizaines de messages que m'a adressés Billy, m'arrachant à mon sommeil profond, rempli de tendresse et de nuages si blancs. Et, surtout, si vivants que ça a vite été inquiétant, l'un d'eux s'étant brusquement transformé en un éléphant immense et sans pitié prêt à tout pour m'écraser sur une colline - qui était bien plus haute et sinueuse que celle que Billy m'a montrée la veille. Le monde des rêves m'a toujours fasciné, et j'ai longtemps pensé à m'en inspirer pour écrire une nouvelle histoire, plus farfelue que le roman qui m'a coûté pas mal de mois de travail et de nuits blanches à pleurer sur mon sort, sachant mon rêve d'être un jour publié tout à fait irréalisable.
Je regrette vraiment d'avoir laissé mon téléphone déverrouillé suffisamment longtemps pour que Billy trouve mon numéro et enregistre le sien sur mon cellulaire portatif, comme Hope appelle ces "boîtes inutiles qui servent tout de même à pleins de choses" lorsqu'elle est de bonne humeur. Je n'ai croisé Summer qu'en coup de vent après ma sortie avec Billy. Laquelle a été interrompue brusquement par la peur née sur son visage, au son vrombissant du moteur de cette voiture noire. Il a refusé de me donner la moindre explication, et sur le chemin du retour, j'avais l'étrange impression d'avoir vu quelque chose que je n'aurai pas dû voir, comme un secret enfoui si profondément que le voir sortir de l'ombre n'évoquerait qu'un grand malheur.
Quant à Harriet, je n'ai pas osé lui envoyer de message. J'espère la voir le plus tôt possible pour qu'on puisse avoir une discussion, décidée à ne pas la perdre pour une cachoterie pareille. Être adoptée n'est pas un problème, du moins c'est la phrase que je me répète au moindre doute. Mais le pourquoi du comment en est peut-être un Ann, as-tu déjà pensé au fait que si tes parents ne voulaient plus de toi, c'était peut-être à CAUSE de toi ?
Non. Je refuse de prêter attention à cette voix qui me poursuit, autant le jour que dans mes cauchemars, dans le but de me mettre sur le dos des années de souffrances et de hurlements de colère - adressés à une petite fille qui désirait simplement dormir calmement la nuit et vivre joyeusement le jour. Malheureusement, alors que la fillette de mes souvenirs se réveillait à peine d'un énième mauvais rêve, ce n'est qu'en se réveillant que le cauchemar débutait vraiment, sous la pression exhaustive et violente de sa chère et tendre maman, et sous la haine sans fond de son petit papa chéri.
Ils n'ont pas levé la main sur moi. Leurs mots étaient suffisants.
Alors que le rêve de l'après-midi avec Billy Williams s'estompait lentement, j'ai fais ce que je fais toujours : j'ai posé les mots, j'ai choisi mes phrases, et dansé avec les sentiments qui tentaient de me submerger. J'ai écris.
Mais tandis que le matin se lève encore une fois sur le Sun-Flower, je ricane devant mon téléphone et répond à son injure - m'indiquant que la trêve à notre petite guerre est levée et que la bataille reprend. Une question me tourmente cependant depuis que Summer a révélé accidentellement à mes nouveaux amis un détail privé de ma vie, que j'aurai dû leur partager moi même. Billy était le seul à ne pas réagir. Keran non plus n'a pas vraiment dit grand chose, simplement parce que ce n'est pas si important que ça, mais il était tout de même surpris. Alors que son ami d'enfance a fait comme si de rien n'était, comme s'il le savait déjà.
Ann ( 11:04 am ): Billy ?
Billy le con ( 11:04 am ): Oui ma pouffiasse préférée ?
Ann ( 11:04 am): Je croyais que mon surnom c'était "Elephant rose" ?
Ann ( 11:04 am): Tu sais quoi ? En fait je m'en fiche. Pourquoi tu n'as pas réagi hier quand Summer a parlé ?
Billy le con ( 11:05 am): Comment ça ?
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The Sun-Flower
RomanceAprès avoir surmonté de dures épreuves, la tante d'Ann l'invite à passer l'été au Sun-Flower, une compagnie de villa sur une île. Hope est le genre de femme extravagante que tout le monde aime, et Ann ne peut ainsi passer inaperçu aux yeux des jeune...