♧Chapitre 1 : Partie 1♧

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Ann Lee :

Les histoires commencent souvent par un trajet en voiture, non ? Surtout celles qui parlent d'un été aux abords ennuyants et calmes que le personnage principal va vivre, mais qui va en réalité se révéler merveilleux et plein d'amour, d'aventures.

N'est ce pas totalement cliché ?

Je suis à l'arrière de la voiture de mes parents, deux valises pleines à côté de moi - sans compter celles de mes parents, qui prennent toute la place dans le coffre - et je me dirige droit vers un endroit paradisiaque où les surfeurs vivent leur petite vie par milliers.

Et je suis ravie.

J'ai hâte d'arriver, ça fait au moins un point qui diffère avec le cliché de l'adolescente rochon qui voulait passer l'été avec ses amis en Californie. Et puis, au contraire de ce personnage, j'habite en Caroline du Sud, à Charleston.

Mais j'ai un point commun majeur avec la jeune fille imaginaire que l'on retrouve dans beaucoup de livres : je n'ai absolument aucune intention de trouver l'amour pendant ces trois mois que je vais passer sur l'une des îles Vierges des Etats-Unis d'Amérique.

Je vous mentirai si je disais ne pas désirer croiser le chemin de mon âme sœur pendant ces vacances d'été.

Mais je risquerais de me figer dès l'instant où je poserais les yeux sur lui, comme à chaque fois que je décide de parler à quelqu'un dont je ne suis pas proche. Hyper-timidité ? Ce terme existe-t-il ? Je devrais le rechercher sur internet.

Les paysages brûlés par la chaleur dévalent rapidement sous mes yeux. Les cocotiers et la mer turquoise donnent au décor un air bien trop accueillant. Parfait pour attirer les touristes.

Ma tante Hope a bien choisi son endroit pour ouvrir un terrain de vacances brodé de villas immenses et de piscines à côté de la mer.

Rester enfermée m'a toujours un peu révulsé, mais le calme que j'ai ressenti lorsque l'avion qui partait d'Orlando en Floride s'est envolé m'a révélé un amour inconditionnel pour le ciel et la perspective que la hauteur offre à nos yeux.

Mes parents étaient étonnés lorsqu'ils ont remarqué que plutôt que d'éclater en sanglots sous la peur, j'ai gardé mon regard rivé sur la petite fenêtre ronde de l'engin.

Malheureusement, le voyage m'a semblé trop court en parallèle aux heures interminables de voiture que j'avais enduré, entre le brouhaha continuel du moteur, les secousses de la route et les discussions amoureuses de mes parents.

Parents adoptifs, me répète cette voix lointaine, remontant du plus profond de mes souvenirs pour m'affliger à nouveau le malheur qu'a été de la connaître. Le "moi" de mon enfance m'est tout de même reconnaissante d'ignorer la voix.

Si je n'ai ressenti aucune peur durant le vol d'Orlando à Charlotte Amalie West, le contrôle à notre descente de l'avion était bien plus angoissant. Des hommes armés jusqu'aux dents, des hôtesses de l'air trop aimables dont le bronzage trahissait le confort de leur vie. Voilà comment nous avons quitté l'aéroport, pour finalement aller chercher la petite voiture que mes parents ont louée pour ces trois mois sur l'Île Saint-Thomas.

L'angoisse monte lentement le long de ma gorge, pour s'y coincer, tandis que mon père m'annonce qu'il ne reste plus qu'une dizaine de minutes avant que nous arrivions finalement au Sun-Flower, l'incroyablement coûteux et luxueux lotissement de villas de ma tante.

Cette femme est l'exemple même des super-héroïnes qu'on retrouve dans les Marvels ou dans les DC Comics. Elle est partie de rien, elle s'est laissée détruire par un connard sans cœur, et sa vie a tourné au désastre. Mais Hope Lee a trouvé la force de se relever et de bâtir peu à peu le rêve qu'elle avait toujours eu depuis sa plus tendre enfance. Et aujourd'hui, cette incroyable femme est la première millionnaire de la famille.

The Sun-FlowerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant