The Sun-Flower

♤Chapitre 15 : Partie 1♤

ANN

Je meurs d'envie de plonger mes mains dans ses mèches très légèrement décolorées, leur donnant une teinte plus claire dans cette touffe de brun. Mais ça ne serait pas très décent, si ? Je regretterais probablement mon geste le lendemain, si j'osais faire un truc aussi dingue.

- Je vais dormir ! j'annonce à la cantonade, oubliant qu'Harriet et Billy sont déjà en train de négocier sur mon sort.

Je crois que cette fois-ci, j'ai vraiment trop bu. Je pars rapidement dans un éclat de rire hystérique alors qu'une minute plus tôt j'éclatais en sanglots, et je manque de trébucher en m'éloignant de mes amis. Heureusement la poigne de fer de Billy me rattrape et je sens la pression de sa main sur mon bras remonter tout le long de mon dos dans un frisson étonnamment... Agréable.

- Viens, m'intime Billy fermement mais sans aucune méchanceté dans la voix.

C'est vraiment étrange de le voir ainsi, ni dans son mode de dragueur professionnel, ni comme lorsqu'il déclare que l'on est en guerre. Ses sourcils sont dessinés un peu au hasard, pourtant ils me paraissent parfait, et je reste probablement trop longtemps à les fixer tandis que nous marchons tant bien que mal sur le sable fin éclairé seulement par la lune.

Puis je commence à scruter sa mâchoire, que je vois de profil, et remarque que mes doigts désirent plus que tout courir le long de sa peau, pour toucher ses lèvres tout aussi belles que le reste de sa personne, sentir les deux bosses que forment son arc de Cupidon et plonger au plus profond de son regard tendre et dur à la fois.

Mes pensées déraillent dans tous les sens, et je ne ressens aucune peur pour m'empêcher de continuer à rêvasser, cette fois-ci sur le péron de la porte du manoir, puis sur les marches des escaliers. Aucune peur, ai-je dis ? C'est faux, totalement faux. Je suis terrorisée, tétanisée de peur. Je la sens courir comme un fleuve dans mes veines, sortir des pores de ma peau pour former tout un nuage autour de moi. Ce que j'éprouve là, je ne devrais pas le ressentir.

Billy Williams.

Je le déteste plus que je ne l'aime, pourtant je l'aime trop pour le haïr.

- Où est-ce que tu vas ? m'arrête Billy, le regard dur alors que j'avance vers une chambre au hasard, maintenant exténuée et plus du tout hystérique.

- Euh, je bégaie, pointant du doigt le mur en pensant désigner une porte. Là.

- Tu dois prendre une douche, me contredit Billy, qui n'est plus du tout aussi marrant qu'à son habitude, un vrai rabageois. Moi aussi d'ailleurs. Regarde dans quel état Brett nous a mis.

- Brett ? je demande, perdue.

- Oui, Brett Horton. Le con qui vient de nous agresser, m'éclaire Billy doucement, et je dois dire que maintenant - contrairement à une seconde plus tôt - je le trouve carrément sympathique et vraiment, vraiment beau. Tu es complètement ivre Ann.

- Quoi ? Ouais ! Et alors ? je ris, passant ensuite brusquement de la joie à la vexation. Pourquoi ? C'est mal ? Tu m'aimes pas non plus quand j'ai trop bu ?

- Tu... fronce-t-il les sourcils.

Son visage me montre rapidement son incompréhension, toujours aussi captivant même alors que son nez et son front se plissent.

- Quoi ? Bon, allez viens, me réprimande Billy en m'ouvrant le chemin vers la salle de bain, me guidant de toute sa carrure bien sculptée.

Mes yeux, fatigués de se retenir la journée par peur de ce qu'on penserait de moi, s'arrêtent longuement sur la courbe de ses épaules larges et minutieusement tracées par ses années de musculations. Il m'a lancé le défi de venir m'entraîner avec lui, je crois. Je ne me souviens pas très bien, mon esprit est tout embrumé et seules quelques certitudes restent ancrées en moi malgré mon état. Le toussotement qu'il laisse volontairement échapper pour me rappeler à l'ordre me réveille, et je dévisage son joli minois tordu d'amusement alors qu'il joue à nouveau avec ses sourcils. J'adore ses sourcils, bon sang, j'aime tellement la façon dont celui de gauche se soulève lorsque Billy est amusé, et le coin que forme sa bouche en se relevant d'un côté.