Episode 1

92 5 4
                                    

Message de l'auteur avant de commencer la lecture

Ceci est une œuvre de pure fiction. Bethel Park, théâtre pour cette histoire (à vous de deviner : comédie ou tragédie ?) a beau exister, les personnes et les faits mentionnés sont les produits de mon imagination uniquement. L'acteur ne joue pas son propre rôle sur les planches!
Toute ressemblance est donc FORTUITE.
Bien, chers spectateurs, je crois qu'il est temps de vous installer confortablement dans votre fauteuil, et la scène sera à vous.
Lever de rideau...
... Et action!

Dimanche soir.
Un dimanche soir d'été de plus.
Le soleil se couchait, laissant des traînées roses et oranges dans le ciel.
Je voyais ce ciel de fin août depuis ma fenêtre ouverte. Mes yeux vagabondaient, entre l'ouverture, le plafond incliné et le mur d'en face, orné de posters et d'affiches de films. Mon casque était déposé à moitié sur mes oreilles, car j'aimais entendre le chant des oiseaux et les voix de mes parents qui s'activaient en bas. Tous les dimanches soirs d'été, on mangeait dans le jardin sous le grand pin. Ce grand pin nous avait vu grandir, mon frère et moi. Il m'avait accueilli quand je suis rentrée de la maternité dans les bras de ma mère, deux ans après Liam. Et maintenant, cet arbre nous observait, les soirs d'été, quand on mangeait en famille. Il écoutait nos conversations agitées, mes parents qui argumentaient sur la politique, leur travail, des tas de sujets auxquels je me forçais à m'intéresser. Je me sentais souvent comme une spectatrice dans ces moments. Je ne me sentais pleinement présente que quand je parlais - du lycée la plus part du temps - mais j'ai l'impression de vite les ennuyer, surtout ma mère, alors je me taisais à nouveau. Et cela n'arrivait pas que pour les repas en famille. 

J'ai entendu des pas étouffés par la moquette des escaliers. Mon père, sans doute, qui venait me chercher. 

- Novela ? m'a-t-il appelé.  

- Je suis là, ai-je répondu en retirant le casque de mes oreilles. 

Mon père est apparu dans l'encadrement de la porte, en se passant une main sur la nuque. 

- Tu viens? On va manger. Tu reprends le lycée, je te rappelle. 

Sa dernière phrase n'avait pas d'intonation autoritaire, mais elle a sonné faux dans sa bouche. Il savait que j'étais prête à reprendre les cours et que j'étais sérieuse. Il avait récité un texte que tous les parents semblaient apprendre par cœur. 

Je lui ai répondu que j'arrivais et il est parti. J'ai regardé mon sac de cours, déjà prêt à côté de mon bureau, et mes yeux sont remontés aux photos accrochées sur le mur peint en beige clair, la même teinte qui recouvrait tous les murs de ma chambre. Il y avait celles prises à la Sophomore Week, le voyage que le comité des élèves avait réussi à organiser pour nous, l'année dernière, celles prises lors des matchs de football avec mes coéquipières, et puis celle - la seule - prise avec mon meilleur ami Noah, qui est parti à New York, dans le lycée privé à des dizaines de milliers d'euros l'année où enseignaient désormais ses parents. Mais si ce n'était que ça, le problème... 

Mon téléphone a vibré dans ma poche, c'était un message d'Ethan. 

Encore une soirée, j'ai pensé. 

Mais non. Il m'a envoyé un "à demain" suivi de petits smileys en forme de cœurs. J'ai cligné des yeux plusieurs fois pour m'assurer que je me trouvais bien dans la réalité. Ça m'avait toujours semblé irréel qu'un garçon comme Ethan s'intéresse à moi, au point d'être jaloux de Noah - mon meilleur ami -, au point de se battre avec ce dernier pour me prouver son amour. Et moi, je n'ai jamais su ce que je ressentais pour lui. Il me faisait me sentir aimée et ça me réchauffait le cœur, mais je n'ai jamais été sûre que je l'aimais autant en retour. 

Ephemeral BlueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant