- Bethel Park te manque? ai-je demandé à Betty au téléphone.
J'avais enfin cette conversation avec elle. Un échange de vive voix. J'avais peur d'avoir oublié la sienne, toujours une peu timide, avec un accent new-yorkais dont je n'avais jamais compris la provenance. Et elle non plus, apparemment.
- Mmh... a-t-elle fait mine de réfléchir. Je crois qu'Adélaïde comble toutes mes attentes. La seule chose que je pourrais regretter, c'est le lycée de Bethel Park, a-t-elle lancé avec un petit rire. Il est largement au-dessus du mien.
Je savais qu'elle me taquinait, mais j'aurais aimé l'entendre me dire que moi aussi, je lui manquais. L'Australie comblait tous ses vides, même moi. C'était prévisible.
- Même pas moi? ai-je glissé.
- Ah oui, mais je ne pensais pas que je devais le préciser. Parce que je ne serais rien sans toi, Novela Mary Carson!
J'ai automatiquement souri et mes joues ont pris une teinte rosée, ce qui arrivait à chaque fois qu'on me complimentait. Je me suis sentie parcourue d'une vague de chaleur agréable et réconfortante.
A part ma famille, Betty était la seule personne à connaître mon deuxième prénom.
Je lui avais confié tous les dossiers les plus croustillants sur moi, toutes les chansons et poèmes que j'avais écrits, toutes les petites choses que j'aimais beaucoup ou un peu moins, tout ce qui faisait que j'étais moi.
Je m'en voulais d'avoir pu penser une seconde qu'elle avait pu m'oublier. Mon message l'avait même fait rire. Voir que 16 000 kilomètres n'avait pas endommagé notre lien, que notre amitié pouvait être extensible, qu'importe l'endroit où chacune se trouvait, m'a rassurée.
Je me creusais les méninges devant mon armoire pour savoir ce que j'allais me mettre pour rejoindre Cassie et je répondais en même temps à chaque question de Betty. Elle voulait tous les ragots de Bethel Park, et j'ai du lui avouer que je ne m'y intéressais plus trop.
- Plus rien ne va quand je ne suis pas là, c'est ça? a-t-elle plaisanté.
Si seulement elle se téléportait et pouvait voir de ses propres yeux que c'était l'exacte vérité...
Mais je n'étais pas prête à la lui avouer.
- Je suis juste débordée en ce moment, ai-je soupiré. Je me demande tout le temps ce que tu penserais de telle ou telle chose...
- Je savais que j'étais indispensable! a-t-elle ri.
Je n'ai rien trouvé à répondre. Un silence gêné s'est installé entre elle moi, toutes deux comme suspendues aux câbles téléphoniques. C'était arrivé plein de fois, dans le passé. Sauf qu'on était séparées par quelques rues, pas un océan entier. La distance faisait toujours mal quand elle nous rappelait son existence.
- Qu'ai-je raté concernant la love-hate romance entre toi et Mr. Beau-Populaire- Millionaire?
C'était le surnom qu'elle avait donné à Ethan, et que mon frère avait repris, quand on parlait de lui chez elle à des lieues de se douter que lui et moi allions finir ensemble. Ce fait que je lui avait jusque là caché.
Mon estomac s'est noué. Que devais-je répondre? La stricte vérité, au risque de l'ennuyer pour qu'elle finisse par me sermonner comme si elle était ma mère?
- Rien, il ne se passe absolument rien, ai-je simplement répondu en espérant que mon mensonge n'était pas trop gros.
J'étais peu fière de lui mentir, mais c'était pour l'instant la seule solution que je réussissais à entrevoir.
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Ephemeral Blue
Teen Fiction" Tu es parfaite, Novela" "Personne n'est parfait" "Alors tu es presque parfaite" Novela fait tout. Novela sait tout. Novela aime tout le monde. Elle est sage, sa parole ne dérange pas. Certains la remarquent, d'autres non. Toute sa vie est bâtie su...