Episode 26

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- Tu travailles sur quoi? m'a demandé Meryem, le nez dans son ordinateur, alors que son devoir de biologie attendait d'être terminé. 

Elle faisait toujours plusieurs choses en même temps. Son écharpe bleue, pliée minutieusement, était placée au coin de la table, suivant exactement l'angle droit formé par les bords du meuble. Digne d'une psychopathe. Pourtant, cette même psychopathe avait sa trousse à moitié vidée sur le bureau, ses stylos éparpillés partout, et elle finissait toujours ses devoirs à la dernière minute. Encore des petites choses que j'aimais chez Meryem. Ma petite amie. 

- Une dissertation en histoire, ai-je menti. 

C'étaient les paroles d'une chanson que je n'arrivais pas à terminer pour la comédie musicale, même si j'avais effectivement un devoir d'histoire inachevé à rendre pour le lendemain. Je préférais garder ce projet de chansons pour moi. 

Nous nous trouvions toutes les deux dans la bibliothèque du lycée, alors que nous aurions du être en littérature si le professeur n'était pas absent aujourd'hui. 

- Je ne comprends rien à ce stupide devoir de biologie, s'est lamentée Meryem. Je ne suis vraiment pas faite pour les sciences. 

La voyant qui commençait à s'impatienter, je me suis levée pour venir à ses côtés. 

- Laisse moi voir. 

- On joue les professeurs? Merci beaucoup. 

- Quand vous voulez, miss, ai-je murmuré, alors que la tentation de l'embrasser me brûlait les lèvres. 

- Les filles, on est là! a dit une voix derrière un rayonnage. 

Nous avons toutes les deux sursauté, et machinalement, nous avons agrandi l'espace entre nos deux chaises. On avait plus ou moins convenu que notre relation devait rester secrète aux yeux du lycée. Je l'aimais, c'était une certitude, mais cela m'effrayait. Le fait que ce ne soit plus une simple question mais une affirmation était nouveau pour moi, et c'était perturbant. J'aurais dit que c'était  la plus délicieuse des perturbations. 

Caleb est apparu, suivi d'Elena, Hassan et Amelia. Ils se sont installés autour de notre table et, après un bref échange de banalités, ils ont commencé à travailler. 

- Je vois que tout le monde est bien sérieux, s'est étonnée Nicky en se joignant à nous.
Nous nous sommes décalés pour lui faire une place, et j'ai été séparée de Meryem par Hassan qui essayait de grappiller des réponses à un exercice de français auprès d'elle. 

- C'était vraiment obligé qu'elle soit là? m'a chuchoté Nicky à l'oreille. 

Je me suis raidie. 

- Je croyais que tu en avais fini avec ça, ai-je grommelé. 

- Je ne sais pas, je la sens pas, cette fille, a continué Nicky. Un jour c'est blanc, un jour c'est noir, puis elle disparaît, et après elle cause un énorme drame. 

Irritée par les mots de Nicky, les sourcils froncés, je lui ai fait signe de me suivre derrière une étagère de livres. Je ne supportais pas qu'on crache dans le dos de la seule personne qui se souciait véritablement de moi en ce moment, et encore moins qu'elle puisse entendre ces critiques. 

- Cet énorme drame, ai-je repris assez fort pour qu'elle comprenne que cela me déplaisait, il a été engendré par la clique de Natalie. C'est toi qui ne comprend rien. En entendant, c'est elle qui est venue recoller les morceaux quand Ethan m'a taillée en petites pièces, et pas... 

J'ai braqué mes yeux vers mes chaussures, me rendant compte de ce que je m'apprêtais à lui dire. 

- Et pas qui...? a insisté Nicky, d'un ton qui trahissait son énervement. 

Ephemeral BlueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant