Episode 27

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On avait tous nos bons et nos mauvais jours, même si parfois, certaines personnes arrivaient à transpercer notre ciel orageux avec leurs rayons de soleil. 

Je n'étais qu'une boule d'anxiété qui se faisait passer pour une jeune fille légère et joyeuse, mais je savais maintenant que Meryem était à mes côtés. Ce sentiment était aussi revigorant que perturbant. Ou peut être bien qu'elle était... une revigorante perturbation. Quand je traînais la patte pour me rendre au lycée le matin, la simple vision de sa voiture sur le parking me donnait le regain d'énergie dont j'avais besoin. Ses baisers clandestins peignaient une journée grise et morose d'un bleu éclatant. 

Notre amour était si fort qu'il brisait même des liens qui ne méritaient pas d'être dénoués. Il les brûlait, plutôt. On disait bien que l'amour était une petite flamme fragile - mais dévastatrice, aurais-je ajouté. 

Notre amour naissant avait réduit en cendres la corde qui unissait un couple de trois ans - certes, qui ne s'entendait plus -, cette relation pour laquelle Meryem s'était tant battue. Malheureusement, le feu avait toujours raison des constructions humaines. 

C'était ce même feu, animant ma colère, qui avait fait bouillonner la casserole un peu trop fort lors de mon altercation avec Nicky, si bien que certains mots que je gardais enfouis avaient fini par déborder. Et mon amie n'avait pas vraiment apprécié. 

Je n'allais pas sans dire que c'était aussi cette chaleur qui me réconfortait quand mes angoisses me glaçaient l'échine. 

Ce jour là, j'essayais ne pas laisser transparaître mon anxiété à travers mon visage, alors que je me rongeais les sangs pour un contrôle de maths que je n'avais pas intérêt à rater. Je n'avais pas vu Meryem depuis le début de la matinée. Cela lui arrivait, parfois, de disparaître, puis de revenir soit plus fraîche que jamais, soit en essayant de cacher sa mine bougonne dans son occupation du moment. J'ai donc pensé que c'était le moment parfait pour recoller les morceaux avec Nicky, au réfectoire, alors que ma petite amie n'était pas là. 

- J'aimerais faire quelque chose pour mon anniversaire, a lancé Cassie entre deux bouchées de son sandwich. 

- Une fête? a suggéré Charlotte. 

- Non, hors de question, a rétorqué Cassie. Je peux être sociable, mais pas au point d'inviter un raz-de-marrée lycéen dans ma maison. Je n'aime pas la moitié de ces gens. 

Charlotte a pouffé, et Nicky a roulé des yeux. 

- Nicky, tu as une idée? ai-je demandé, hésitante. 

Elle m'a jeté un regard glaçant, avant de se radoucir. 

- On pourrait t'organiser un truc, sans que tu n'aies rien à faire, a-t-elle suggéré. Pas vrai, Abigail? 

Cette dernière a hoché la tête. 

A la sortie de la cafétéria, j'ai rattrapé Nicky et Abigail qui discutaient de leur plan, sans se soucier de la silhouette qui les suivait depuis le début, à qui elles n'accordaient pas plus d'importance que leur propre ombre. Quand Abigail s'est dirigée vers les toilettes et que je me suis retrouvée enfin seule avec Nicky, j'ai enfoui les mains dans mes poches et j'ai baissé le regard. Mes mots avaient décidé de jouer les timides, aujourd'hui. 

J'ai détourné le regard un instant, consciente que c'était peut être ma seule chance. 

- Nicky...ai-je commencé d'une voix un peu trop basse. Nicky, je me suis emportée, je suis désolée, je...

- Tu es vraiment pas possible... a-t-elle marmonné. 

- C'est-à-dire?

- Tu viens dire que tu es désolée, mais avoue que tu pensais les mots que tu as dit l'autre jour. 

Ephemeral BlueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant