- On ne touche plus rien, c'est génial.
J'ai hoché la tête en signe de remerciement, alors que j'avais l'impression qu'une lame me traversait la tête de part en part. C'est ce qui arrivait quand on ne fermait pas l'œil toute une nuit. M. Holt s'est levé, m'a remis les paroles finalisées de la chanson que nous avions écrite ensemble.
Une fois dans le couloir, essayant de canaliser ma respiration, une voix dans mon dos m'a retenue dans mon élan de me diriger vers les toilettes, pour m'isoler.
- Novela.
Je n'ai pas tourné la tête de suite.
- Faut qu'on parle.
Nicky. Elle se tenait là, résistant à la tentation de s'appuyer nonchalamment contre le mur après sa séance de natation intensive. Son regard semblait perdu, comme s'il ne savait pas où se poser, à l'instar de sa voix qui ne savait sur quel octave se placer.
- Écoute, les relations interpersonnelles, ça m'a toujours paru comme le seul problème sans solution mathématique, où chacun a la sienne. Et j'avoue qu'il faut un peu de temps pour le résoudre. Tu peux faire ce que tu veux de ta vie, avec qui tu veux, tu as raison. Mais c'est débile de briser notre groupe d'amis pour ça.J'ai échappé un petit soupir, en faisant quelques pas avant. Ils étaient ma réponse, en l'attente de retrouver ces mots qui ne voulaient pas se ranger de mon côté. Je les avais pourtant soigneusement préparés à cette occasion future qui ne se présentait à moi seulement comme un rêve éveillé, à l'époque.
- Je sais que tu n'aimes pas tout ce que je fais, et c'est compréhensible. Tu n'es pas obligée.
Quel vulgaire et maigre échantillon de mon discours de réconciliation !
- Ça fait longtemps que j'ai arrêté d'essayer de comprendre tout de toi, tu sais! s'est exclamé Nicky. Allez, on va rejoindre les autres, maintenant que Holt t'a libérée.
S'en est suivi une discussion faussement enjouée - du moins pour ma part - sur le chemin de notre prochain cours, dont le sujet principal était la fête d'anniversaire de Cassie. Cela me semblait bien trop abstrait et loin de ma réalité pour vraiment m'y impliquer dedans. Je commençais à apprendre à vivre au jour le jour, pour esquiver l'angoisse de l'avenir qui se profile.
- Ça fait du bien de vous voir réconciliées, toutes les deux, a lancé Caleb, appuyé - déversé, plutôt - contre un mur.
Nicky m'a lancé un regard au faux-semblants de complicité, que j'ai essayé de rendre tant bien que mal.
- Ce weekend, pas le choix, je vous emmène à Philly pour voir un match de basket. Mon père a eu un mal fou à décrocher les billets. On part avec Elliot, Hassan, Charlotte, et peut être Meryem.
Nicky a levé les yeux au ciel.
- Tu sais que je hais le basket, Caleb. Propose ma place à quelqu'un d'autre. Et puis, j'ai assez donné, cette semaine, je suis crevée.
- Allez, tu pourrais profiter de cette occasion pour renouer avec Novela...
- Désolée, je ne peux pas. Une prochaine fois, OK?
Elle s'est éloignée pour aller parler à d'autres personnes. S'était-on sincèrement réconciliées? Ou était-ce simplement une énième parade de façade?
L'étau autour de mon crâne s'est resserré.
- Et toi, alors? m'a demandé Caleb. Tu comptes venir?
- Ma vie ne peut pas être planifiée sur un agenda, en ce moment, donc je ne sais pas, ai-je répondu un peu trop sèchement.
J'ai senti dans son regard que la lumière s'en était échappé.²
- J'aimerais bien, en tout cas, me suis je rattrapée.
Il a passé sa main dans sa nuque et s'est redressé du mur.
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Ephemeral Blue
Teen Fiction" Tu es parfaite, Novela" "Personne n'est parfait" "Alors tu es presque parfaite" Novela fait tout. Novela sait tout. Novela aime tout le monde. Elle est sage, sa parole ne dérange pas. Certains la remarquent, d'autres non. Toute sa vie est bâtie su...