Meryem a poussé un soupir alors qu'elle sortait son devoir de littérature.
Nous étions toutes les deux dans la salle d'informatique, après mon cours de chant. Je ne lui avais toujours pas fait part du projet que M. Holt m'avait confié, comme si m'épancher sur mes accomplissements était proscrit pour moi.
- Je suis sûre que Elliot m'a copié sur celui là, a-t-elle marmonné.
J'ai émis un petit rire en me rapprochant d'elle, savourant une grande bouffée de son parfum enivrant.
- Il me l'a presque avoué, ça m'énerve...
- Et ça aussi, ça t'énerve...? ai-je murmuré en me tournant vers elle, lovant mes mains dans sa nuque, pressant délicatement mes lèvres contre les siennes, l'espace d'une fraction de seconde.
Nous nous sommes regardées en silence, les yeux brillants, les cœurs battant à l'unisson.
Je l'avais embrassée, dans cette salle, scène de nos rencontres secrètes, sans peur, sans doute, juste avec la passion qui circulait dans mes veines.
- Je dirais que ça me plait plutôt bien...a-t-elle souri.
Que j'aimais la voir comme ça.
Que j'aimais sentir son visage si près du mien, ce visage sans artifices, cette facette d'elle même qu'elle n'ouvrait qu'à moi.
- Je ne sais pas pourquoi, mais j'en étais sûre.
- Je vois que je t'ai redonné confiance, a dit Meryem en caressant mon bras.
Si seulement cela pouvait être vrai...
Si seulement ses mots réconfortants avait étaient gravés plus profondément que ceux qui me rabaissaient...
Mais dans tous les films, les méchants étaient mieux armés que les gentils, c'était comme ça. Ils savaient viser au bon endroit, sans états d'âme.
- Ce n'est pas... ai-je commencé, me sentant déjà vaine.
Les soldats qui travaillaient dans mon corps avaient confectionné au fond de ma gorge un nœud indéfectible, solidement serré, m'obligeant à me murer dans le silence. L'habitude de me taire comme de taire ma souffrance était devenue une contrainte que je ne contrôlais même plus.
Je n'y arrivais tout simplement pas.
- Bonsoir, mesdames!
Caleb est apparu dans l'encadrement de la porte.
Mon cœur a fait un bond dans ma poitrine, étreint par la peur de ce qu'aurait pu surprendre Caleb.
Je me suis enfoncée dans ma chaise, m'éloignant de Meryem, qui se tenait à une distance bien trop courte de moi pour ne pas éveiller de soupçons. Mais enfin, qui pourrait bien ne serait-ce que songer une seconde que Novela Carson aimait une fille? Elle n'était pas ce genre de personne, si?
- Salut! ai-je dit maladroitement.
- Je suis désolé, mais je vais devoir t'emprunter mademoiselle Carson, Meryem. C'est à mon tour d'avoir les réponses aux exercices, a-t-il plaisanté en se passant une main dans les cheveux.
J'ai souri faiblement, consciente que l'atmosphère magique dans laquelle j'avais été plongée avant son arrivée s'était dissipée pour de bon. La quitter, c'était comme me faire traîner de force dans une arène pour me faire ruer de coups. Il n'y avait pas d'espoir de victoire en dehors de son étreinte.
- Que sont ces accusations, dis donc! s'est-elle indignée en riant.
Je ne peux pas te laisser maintenant, implorait mon esprit, silencieusement.
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Ephemeral Blue
Teen Fiction" Tu es parfaite, Novela" "Personne n'est parfait" "Alors tu es presque parfaite" Novela fait tout. Novela sait tout. Novela aime tout le monde. Elle est sage, sa parole ne dérange pas. Certains la remarquent, d'autres non. Toute sa vie est bâtie su...