017 . miguel diaz

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NOUVEAU VOISIN

C'ÉTAIT UN soir enneigé de novembre

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C'ÉTAIT UN soir enneigé de novembre. Anna Lawrence regardait les flocons de neige tomber depuis la fenêtre de sa chambre. Elle donnait sur la petite cour de l'immeuble.

Son père était devant la télé, la télécommande en main. Les temps étaient durs pour lui. Il venait de se faire renvoyer de son boulot et il avait l'impression d'être un père en carton autant pour son fils que pour sa fille. Sauf qu'il y en a un qu'il n'avait pas vu depuis quelques temps déjà. Sa fille vivait avec lui, c'était déjà ça.

Anna détourna le regard de la vitre avant de s'allonger sur son lit. Il n'y avait rien à faire dans ce trou à rat. Il n'y avait quasiment pas de voisins donc personne avec qui s'amuser.

  Elle se résigna à se lever de son lit. Elle regarda l'heure sur son téléphone : il était dix-huit heures. Elle ne mangerait pas de sitôt donc, la seule chose à faire était de sortir sous la neige. Pour faire quoi ? Marcher dans la cour en espérant croiser une vieille voisine à qui parler.

Elle sortit un gros manteau de son placard, attrapa une paire des gants et fourra son téléphone dans sa poche. Elle quitta sa chambre avant de se planter devant la télé de son père pour qu'il se concentre sur elle.

— Papa, je sors.

— Tu vas attraper froid, Anna. Reste regarder la télé avec moi.

— Non, merci. C'est même toi qui me dit qu'il faut profiter de sa jeunesse.

Il acquiesça.

— Allez, vas profiter de ta jeunesse.

  Pas très compliqué à convaincre.

Elle se décala de la télé pour le laisser regarder puis elle sortit de l'appartement. Le froid de l'extérieur la surpris légèrement. Elle frissonnait. Elle marcha un peu avant de s'appuyer contre un mur et d'attraper son téléphone. Elle envoya une photo à Eli. Elle ne traînait pas avec les plus populaires du lycée, ça c'est clair, mais elle aimait ses amis. Elle se sentait bien avec eux, malgré les moqueries que les gens leur envoyait. Anna ne recevait pas de moqueries, elle essayait de protéger ses amis mais ce n'était pas toujours facile.

  Elle releva le nez de son téléphone après avoir entendu des bruits de pas. Elle fronça les sourcils en voyant un garçon qu'elle n'avait jamais vu ici. Et pourtant, elle avait pratiquement toujours vécu ici.

  — Désolée, je ne voulais pas te déranger, déclara-t-il en continuant son chemin vers elle.

  Elle lui sourit.

  — Je suis le nouveau voisin. J'ai vu que t'étais dehors alors je me suis dit que j'allais venir te voir. Faire connaissance.

  Il est vrai que leurs anciens voisins étaient partis mais elle n'avait pas suivi qui étaient les nouveaux voisins. Elle était surprise de ne pas avoir croisé les camions de déménagements.

  — Je m'appelle Anna.

  Elle lui tendit sa main, qu'il serra.

  — Miguel.

  Ils s'adressèrent un sourire timide. Elle ne saurait pas expliquer ce qu'elle ressentait à ce moment précis. Elle était excitée à l'idée d'avoir un nouveau voisin et de ne plus être la seule adolescente de cette résidence.

  — Tu voudrais que je te fasse visiter la vallée ?

  — De suite, là ?

  Elle haussa les épaules.

  — Oui, si t'es d'accord. A condition que tu te couvres davantage.

  — Je vais prévenir ma mère et mon abuela.

  — Super.

  Il se redirigea vers son appartement. Anna, à son tour, rentra chez elle. Elle ferma la porte d'entrée derrière elle pour ne pas laisser le froid entrer. Elle attrapa son bonnet qu'elle avait laissé sur le comptoir de la cuisine.

  — C'était rapide, fit Johnny en lui souriant.

  — Je repars. Je vais faire visiter la vallée au nouveau voisin.

  — Fais attention.

  — Oui, oui.

  — Reviens pour le dîner. T'as deux heures max.

  — OK, je serai là. A plus !

  Elle sortit de la maison, retrouvant le brun qui sortait en même temps qu'elle.

  — T'as déjà eu l'occasion de visiter un peu ?

  Il secoua négativement la tête tandis qu'ils quittaient Reseda, se retrouvant bientôt dans les rues enneigées de la vallée. Le paysage blanc était calme, il n'y avait quasiment personne dans les rues. Et la fraîcheur du vent était une bonne explication à cette basse fréquentation.

  — A vrai dire, non. On est encore au stade du vidage des cartons.

  — Tu iras sûrement au lycée avec moi.

  — On verra ça dans quelques jours.

  Il était sympa, souriant, poli. Et elle avait déjà en perspective d'être son amie.

  — J'ai toujours imaginé qu'à Los Angeles, tout le monde avait des grandes maison hors de prix.

  — Il y a des logements adaptés à tous les budgets, ici. J'essaie de convaincre mon père de quitter Reseda maintenant qu'on a assez économisé tous les deux mais ça ne marche pas. Je pense qu'on marchera encore longtemps ensemble, toi et moi.

  Il sourît.

  — C'est une bonne nouvelle, pour moi en tout cas. Je ne vais pas être le seul ado de Reseda.

  — Sache qu'après avoir passé seize ans à être la seule enfant ici, j'ai bien besoin de ta compagnie. Mon frère et ma mère habitent à l'autre bout de la ville, il s'appelle Robby.

  — Je suis fils unique. Je ne sais pas vraiment qui est mon père. Je pense qu'on a tous les deux un parent absent. Déjà un point en commun.

  Elle sourît à son tour.

  — Tu viens d'où ?

  — Equateur.

  — On avait travaillé dessus en géographie une fois. J'en garde un bon souvenir.

  — Si t'as l'occasion d'y aller, ça vaut le coup.

Anna se pencha, attrapa un peu de neige et commença à former une boule.

— Content que ce soit toi ma première amie ici.

— Et contente que ce soit toi mon nouveau voisin.

— Ma mère sera contente en apprenant que t'es ma voisine. Elle avait peur que je m'ennuie.

— Je comprends, Migui.

Il rougit soudainement.

— Tu... Tu l'as entendue m'appeler comme ça ? bégaya-t-il, gêné par la situation.

— Oui. Et je n'en tiendrai pas rigueur, ne t'en fais pas.

  Il rigola, gêné. Elle lui donna une tape amicale sur le dos. Puis ils continuèrent leur chemin, discutant tous les deux comme s'ils s'étaient toujours connus.

Publié le 27/08/23

𝐎𝐍𝐄 𝐒𝐇𝐎𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant