6. BIENVENUE EN ENFER

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EDEN

Alors que je dévale les escaliers timidement, mes pas sont minutieux et ma respiration est coupée. Malgré tout, je reste en alerte et sans confiance au sujet de Tahar et ses hommes que j'entends dans le salon.

La voix d'une femme est perceptible, son éclat de rire me donne moins mal au ventre. Elle pourrait être tout aussi dangereuse et je peux être sûr que c'est une criminelle, elle aussi.

Mais le simple fait de me retrouver seulement avec des hommes est impossible. Une semaine et deux agressions, dont l'une qui ne sera jamais élucidée. J'ai la tête lourde et de mauvaises choses traversent mon esprit.

L'incompréhension me guette et ma sécurité mise en péril le temps d'une soirée me fait suffoquer jusqu'à en perdre la tête.

— Tito arrête de parler de tes putains de plan cul ou je vais réellement m'énerver ! s'exclame-t-elle haut et fort.

J'arrête ma descente en enfer. Je n'ai pas le courage pour continuer. La porte d'entrée de cet habitat pavillonnaire me fait face. Si je descends, ne serait-ce qu'une seule marche, ils me remarqueront.

Je peux courir jusqu'à l'entrée, espérant que celle-ci ne soit pas fermée à clé. Ma tête regorge de toutes sortes d'idées pour me hisser loin d'ici. S'il y a bien une chose que je déteste, c'est affronter mes problèmes et je comprends maintenant que même au péril de ma vie, je n'y arrive pas.

— Je vois l'ombre de ta silhouette, ma puce. Descends, tu n'as pas à avoir peur.

La femme sans visage m'interpelle.

Après un juron silencieux, je capitule et me résigne à descendre, essayant de ravaler la remontée acide qui menace de se déferler à même le sol.

Le salon est ouvert, ne comportant que trois murs. Juste devant moi, il y a le canapé, le bodybuilder du nom de... Bones ? est affalé dessus avec un sourire ravi qui perpétue la boule d'angoisse dans mon ventre.

Ou plutôt le connard qui m'a éclaté le dos sur la vitre de la chambre.

Je reconnais le mec qui m'a sauvé avec Pietro, ses lunettes de soleil cachent ses yeux. Plutôt débile, sachant qu'il n'y a aucun rayon lumineux à la ronde et que nous sommes confinés dans une maison.

Il se tient sur une des chaises de la table à manger à côté du canapé. Mon doigt atterrit instinctivement dans ma bouche, j'arrache le peu d'ongles qu'il me reste en sentant mon cœur pomper jusqu'à mes tempes.

La fille qui paraît plus vieille que moi fait surface dans ma rétine, passant du mur auquel elle était adossée à devant mon visage.

— Je m'appelle Aya ! me dit-elle toute sourire.

Ma bouche s'entrouvre pour rétorquer à mon tour.

— Eden Davis. La petite protégée du connard, ravie de faire enfin ta connaissance, me coupe-t-elle, enjouée par la situation.

Je serre la poignée qu'elle me tend avec réticence et sur mes gardes.

Attend...

Son sourire illumine son visage, ses dents parfaitement alignées et d'un blanc lumineux contrastent magnifiquement avec sa peau noire. Elle est aussi grande que moi, ses cheveux rasés courent, sont colorés d'un blanc qui dérive sur le grisâtre.

Son accoutrement lui donne l'allure d'une femme d'affaires puissante. Un trench noir, un chemisier blanc qui est partiellement rentrés sous son pantalon à pince montant. Sans la connaître, je peux en déduire qu'elle respire la confiance et l'autorité.

PAPILLONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant