2.16. RENOUVEAU

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EDEN

Deux jours se sont écoulés sous l'appréhension des jours suivants. Hier, on a tous appris qu'un grand discours sera émis par le nouveau magistrat des affaires pénales. Ça se passera dans le grand centre commercial La Torre de Palerme.

Pietro est resté au côté de Rebecca. Pour une raison que j'ignore, il ne veut plus rester ici et divulgue tout ce qu'il sait à Luca.

Il va aller en prison. Pour protéger les autres, d'après Niccolo qui est le seul au courant. On a parlé longuement et j'en suis venue à la conclusion que c'était la meilleure chose à faire dans le sens de la raison. Pietro est un criminel.

Mais mes sentiments témoignent autre chose. Je ne fais que de pleurer. Maintenant, je comprends qu'il se sente obligé de me repousser.

Quinze ans lui sont estimés et il a eu raison dans le fond de ne pas me faire croire à un avenir entre nous. C'est une peine trop conséquente pour que je l'attende.

J'aimerais devenir égoïste et laisser les autres dans leur propre déboire. Après tout, ce sont tous des criminels qui méritent la peine de prison. Mais ils ont tous leurs propres histoires ficelées et l'empathie reprend le dessus. Une personne c'est mieux que tous. 

Mais quand c'est cette personne alors... Ça devient difficile de penser rationnellement. 

Tahar ouvre la porte de la chambre alors que je simule de dormir en fermant les yeux. Je suis toute seule dans le lit, j'ai plus de téléphones, mais je pense qu'on doit taper dans les quatre du matin. Les oiseaux commencent à piailler et le ciel s'adoucit.

Je l'entends poser quelque chose sur ma table de chevet. Quand il contourne le lit, ses chaussures couinent et m'indiquent que je peux ouvrir les yeux. Derrière moi, il ferme les volets et j'aperçois mon téléphone qu'il vient de me rendre et qui est resté intact.

Je l'ai laissé dans les cuisines du Kingley's le jour de mon kidnapping et pour une raison que j'ignore, Andréa ne l'a pas remarqué. Tahar l'a retrouvé.

Du bruit se fait entendre en bas. Le sommeil est devenu léger ici. Personne ne dort toute la nuit. Irène fait partie de ceux qui dorment le moins.

Tahar s'en va. J'en profite pour prendre mon téléphone à la seconde. Une fissure m'écorche le doigt, mais j'en fais abstraction. Ma première pensée est d'appeler maman. Oncle Ronnie est avec elle et m'a formellement interdit tout contact la dernière fois que je l'ai eu au téléphone.

J'ai fait du mal à Andrea et la dernière chose qu'on voudrait c'est qu'il s'en prenne à elle aussi. Chaque message peut encore être tracé par lui. Ronnie, à l'aide d'un téléphone jetable, m'a dit que maman avait quitté notre maison pour un temps. Histoire qu'elle se ressource et qu'elle reste à l'abri.

Je check quelques trucs simplets. Ça m'avait un peu manqué. J'ai l'impression de me retrouver la tête sur mon oreiller à rêvasser sur mon téléphone alors que mon alarme a déjà sonné dix fois pour m'indiquer que je dois me lever et gagner mon argent.

Mes yeux s'agrandissent en regardant la somme sur mon compte en banque.

Tahar m'a fait un virement de dix mille dollars.

Je bute dessus quelques minutes. Le virement est accompagné d'un motif :

« Fais-moi le plaisir de quitter ton café de merde et de reprendre ta vie en main après ça. PS : Tes cappuccinos sont toujours trop sucrés d'après Sam ».

Mon sourire me fait mal quand je comprends que je l'ai gardé trop longtemps. J'aimerais envoyer un message à Sam, mais bien sûr, c'est impossible.

J'ouvre Spotify comme une nécessité. Mon seul repère qui n'est compris que par deux personnes.

PAPILLONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant