2.14. CONFLITS FAMILIAUX

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16 juin. 2023.
Palerme, IT.
2 :30 pm.

ANDREA

La porte rouge grince lorsqu'une tête s'immisce pour jeter un œil sur l'arrivant qui vient de toquer. C'est la première fois que je mets les pieds dans ce bar à pute. Savoir que mon père se tenait au même endroit me donne un mauvais ressenti sur ma propre personne.

— Chi sei ? Pietro ?

Ah... la capuche.

La porte tonne sous un fracas quand je la pousse sans prendre en compte cette vieille femme et son regard automatiquement dépeint par la frayeur.

Je l'entends marcher et dire à ses filles de se tenir loin. Leurs regards, émergent, crainte et curiosité mal placée. J'ai tout perdu en l'espace d'une soirée. C'est bien la dernière fois que je prônerais un tel pouvoir quand le monde apprendra que la Dolce a été réduite en poussière, au même titre que le manoir.

Le seul rescapé reste Owen. C'est un client de ce lieu qui put la luxure et le parfum aphrodisiaque bon marché. Tout ceux qui m'ont suivi depuis mon alliance avec Fabrizio Moro sont morts. Ensevelis dans les cendres, leurs crânes déformés par les balles inévitables de Niccolo Predetti.

— Rebecca ?

La vielle tient son foulard en ravalant sa salive. Elle reste silencieuse et les minutes qui défilent deviennent abruptement dérangeantes.

Je sors mon arme en tirant sur la première personne qui me vient. Un client ou une prostituée. Nul besoin de me concentrer sur cette futilité. Les Cries ouvrent le bal sur cette séance d'interrogation macabre.

Dimmi dove è Rebecca ! (Dis-moi où est Rebecca).

En deux semaines, j'ai tenté de chercher de l'aide chez les familles de la Dolce qui m'avait toute laissé tomber depuis la maladie de Toni et maintenant, les coups de pression de Pietro. Personne ne m'a répondu et ils m'ont tous répudié. Sans aucun appui, je me retrouve seule. Et Alessio Moro me file entre les doigts.

Le sang afflux sur la brune que j'ai visé en plein dans la gorge. La vielle reste tétanisée avant de laisser échapper un murmure :

— Elle n'est pas là...

— C'est bon. J'ai compris.

Je me retrouve en haut et sans grande surprise, des doigts peureux, émis par les crécelles du premier étage, pointent directement la porte de sa chambre.

La blonde ne semble avoir pris aucune affaire. Elle vit encore ici. Je prends mon sac en passant ma main sur mon front humide.

Le Papillon effraie tellement la pègre qu'aucun ne veut me venir en aide. Mes pensées ne sont relayées qu'à moi-même et n'avoir aucun appui n'a jamais été dans mes habitudes.

Mais mon obsession grandit, elle me lamine au point de courir à ma perte. Je pourrais partir, sans aucune preuve tangible contre moi, je m'en sortirais le temps qu'on retrouve des preuves de mon passage ici. Le Panama, le Venezuela ou bien même le Groenland font écho dans ma tête pour sortir indemne.

Mais sans assouvissement, c'est comme si je partais pour errer sans réel but. Ce n'est pas ce qu'on m'a appris.

Eden Davis est devenu la muse qui hante mon cerveau au point de me réveiller le matin en sursaut avec le reflet de son visage près de moi. Les mirages me hantent et la vengeance me démange.

Elle m'obsède, elle me hante. Ce besoin abrupt de l'avoir ne sera qu'assouvi lorsque je la verrai devant la dépouille de mon cher cousin.

Et elle ne pourra plus jamais m'échapper.

PAPILLONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant