2.11. CONTRAINTE

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EDEN

Je reste stoïque en franchissant la dernière marche qui me ramène en haut. L'étage est calme. Peut-être un peu trop lorsque je remarque que le seul bruit ambiant reste mon cœur qui cogne contre mon torse.

Mes ongles rongés sont serrés contre le sweat de Pietro tandis que ma tête s'est nichée dans son dos. Il me tient par la hanche, effectuant des pas minimes en regardant les alentours, son glock à la main.

Pssst.

Je sursaute et manque de tomber avant que ses bras ne m'enveloppent. J'ai l'impression de trembler si fort qu'on peut l'entendre. Il niche sa tête dans mes cheveux, les mains tenant fermement ma taille.

— Ce n'est rien... fais-moi confiance.

Il siffle trois coups et ça me fait automatiquement grimacer par crainte. C'est alors que Gambino sort de nulle part munit d'un gilet par balle et d'une oreillette. Il baisse son arme lorsqu'il nous voit dans le grand couloir complètement assombri. Je me retrouve au même endroit qu'Harry Potter quand il détenait la carte du maraudeur la nuit tard, dans les couloirs de Poudlard.

Gambino me sert l'épaule avant de laisser son sourire aux oubliettes lorsqu'il chuchote :

— Vickson attend devant. Niccolo a visé toutes les sentinelles en pleines têtes. Normalement, on va s'en sortir indemne.

Pietro acquiesce, me tenant davantage près de lui. J'abrite mon visage sur son torse, les yeux ronds par tous les bruits que cette maison hantée produit.

Le vent claquant sur les vitres. Le bruit du bois ancien qui s'étire. C'est tellement anxiogène que par moment je ne respire plus.

— Rime était en haut. Je lui ai montré un passage pour éviter les escaliers, chuchote à son tour Pietro. Elle est descendue avec Irène ?

Lorsque Gambino hoche la tête positivement, je souffle en fermant les yeux. C'est fini, putain. Elle va s'en sortir indemne.

— Emmène-la par la porte principale. Il y a plus un chat mais dépêchez-vous. Bones m'a dit qu'ils sont une dizaine à dormir en haut.

C'est Pietro qui a parlé. Je serre davantage mes ongles sur son sweat sans me rendre compte que je secoue la tête avant d'enfouir mon visage plus fermement dans la chaleur de son corps.

— Aller viens avec moi Eddy, me souffle Gambino en me prenant par le bras.

J'ai mon ticket de sortie et pourtant je secoue encore la tête, têtu, comme une gamine à qui ont contraint quelque chose. C'est toujours comme ça entre Pietro et moi. Il y aura toujours un obstacle qui nous empêchera d'être ensemble.

Il connaît les pièces par cœur d'autant qu'il a vécu ici. Nul doute qu'il peut se faufiler où bon lui semble. Ça reste impétueusement dangereux. On est en sous-effectif comparé aux hommes d'Andrea.

— Vient avec nous, je lui murmure sans le regarder, le visage toujours enfoui sur son torse.

Il recule, mais je ne lâche pas prise. Je l'entends d'abord soupirer :

— Je ne peux pas, Eden... Il faut que je le tue ce soir.

— Non...

Gambino me prend fermement par les épaules avant de me tirer. Je sais qu'il ne tient pas à me faire mal, mais plutôt à me sauver quand il comprend que je perds la raison. Pietro le regarde d'un mauvais œil, mais le laisse faire quand il s'empare plus vigoureusement de mes épaules.

Je balbutie. J'ai la peur qui s'intensifie dans mes veines en prenant nerveusement mes mains l'une dans l'autre.

— Ils ne sont pas dix, mais au moins une trentaines maintenant, je rectifie lorsque Pietro commence à partir sans se retourner. Ils se nichent dans une pièce en buvant du rhum toute la soirée. La moitié ne sont pas en train de dormir.

PAPILLONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant