17. JOYEUX NOËL EDDY

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EDEN


« On vous souhaite un joyeux Noël à tous, vous écoutez JAMZ la meilleure radio de toute la côte est. Et maintenant qui dit Noël, dit chanson. »

Accoudé sur le rebord de la fenêtre de la voiture, je lève les yeux au ciel en entendant la même chanson comme chaque année. Mariah Carey et son single recyclé depuis 3 siècles. Des passants chantent dans la rue et d'autres sont précipités, sûrement en retard pour une soirée de Noël à laquelle ils ont été invités en dernière minute.

C'est triste d'être seul en période de fête et je pense directement à ma mère. L'année dernière, notre Noël avait été chaotique. Notre famille était néanmoins encore quelque peu soudée. Papa n'était plus présent dans la vie de ses jumeaux, Ethan était toujours overbooké, mais prenait toujours garde à ne jamais manquer un moment important en famille comme Noël. Maman parlait toujours à Eric qui n'était qu'un simple étudiant sans aucune affaire illégale qui lui pendait au nez.

Je déteste tout de même Noël, depuis que le cadeau de l'année dernière était d'apprendre que ma mère avait un cancer du côlon en phase quatre. Un cadeau empoisonné. Elle s'en est débarrassée, mais pas avec nous. Ethan est mort quelques jours après quand elle nous a annoncé sa maladie et au lieu de la soutenir, Eric et moi, nous l'avons juste abandonné.

Quelques billets par ci par là et pour ma part, des visites chaque dimanche sans réelle conviction. Je n'arrivais plus à l'écouter. J'ai été mauvaise avec elle.

— Tu veux passer chez toi ?

Je tourne ma tête vers lui, ne comprenant pas sa demande.

— Bones a déjà posé toutes mes affaires chez Tahar. On m'a dit que Brooklyn était le dernier endroit sûr pour moi. Je dois attendre que tout le monde se fasse tuer sur l'île de Chypre d'après Tito.

Je souffle à pleins poumons et pose ma tête contre la vitre. La pluie ruisselle sur la fenêtre et malgré les fenêtres blindées, j'entends le bruit doux de celle-ci. Ça me donne envie de roupiller.

— Je ne parle pas de ta cave que tu appelles appartement. Chez toi, à Newark.

— Voir ma mère ?

Il opine tandis que je me redresse dépourvu de ma fatigue soudaine.

— D'accord...

Son coup sec du volant m'alerte. Je prends n'importe quelle surface pour m'y accrocher, il bifurque sur une autre avenue en direction de ma maison d'enfance à environ trente minutes en voiture.

En fait non, cela nous a pris 14 minutes selon l'heure indiquée sur l'écran de la voiture. Après trois accidents manqués de justesse et un poumon devenu défectueux, un sourire s'immisce au coin de mes lèvres dès lors où nous arrivons à l'encontre du quartier où j'ai grandi.

Des maisons plates typiquement américaines, issues de la classe moyenne dévalent nos yeux, les lampadaires sont presque tous défectueux et les poubelles tarissent les rues et l'odorat comme toujours. Néanmoins, la chaleur des guirlandes sur chaque maison m'apaise. J'ai toujours adoré ce spectacle où chaque famille veut démontrer leurs grands talents d'acheteur compulsif selon moi. Des pères Noël en plastique accrochés dans quelques fenêtres ou encore des sapins artificiels à côté d'une neige boueuse par la pluie qui coulent encore.

Bienvenue en Amérique où même les gens pauvres essayent de prouver je ne sais quoi à je ne sais qui.

Je tourne la tête pour regarder les maisons du côté conducteur et surprends le connard à regarder tous mes faits et gestes.

PAPILLONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant