25. AVEUGLE

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[FLASHBACK]
13 mai. 2014.
Newark, NJ

EDEN

— On se retrouve au square à 20h les filles. Eddy ! Si Eric ne peut pas venir, tu n'es pas obligé de venir aussi.

La tête baissée, j'entends les ricanements de Sophie et Lola tandis que Jennifer reste sur sa position le visage déformé par son sourire hypocrite. Elle est énervée contre moi depuis des semaines.

Il y a des rumeurs qui courent à mon égard.

« Eden Davis à sucer la bite de Dean Abernati dans sa voiture après le feu de camp ».

J'ai démenti, personne ne me croit. Jennifer, ma meilleure amie depuis la primaire est folle du brun depuis qu'il est arrivé en ville. Il a un an de plus que nous et c'est un des meilleurs joueurs de basket de l'équipe.

Il me tournait autour depuis le Nouvel An auxquelles je n'ai pas participé à cause de ma perte soudaine de cheveux. Jennifer et les deux autres étaient folles de rage quand elles ont su qu'il était venu chez moi ce soir-là en douce, pendant que maman et papa dormaient à poing fermé.

Elles m'ont toujours dit que Dean n'était intéressé par moi que pour s'approcher de Ethan, ou encore pour mon cul qui est plus gros que celui d'une baleine.

Alors elles me font payer ma naïveté.

Sophie, elle, est amoureuse de mon frère depuis des années. Eric ne sait jamais intéresser à elle pourtant, j'ai bien essayé de jouer les entremetteurs. Il trouve les filles de notre patelin idiotes et sans avenir.

— Il viendra ! attesté-je.

Sophie ricane avant de me sourire en me tapotant l'épaule. J'ai la vague impression d'être un caniche, mais je la laisse tout de même faire.

Cette soirée au square regroupe tous les gens cool du lycée. Je me vois mal ne pas y aller même après les rumeurs. Ce n'est qu'un détail que je suis en train de fixer avec le détenteur de ses paroles.

Leurs regards emplis de mépris de mes trois interlocutrices me donnent mal au ventre alors je rebrousse chemin jusqu'à ma maison. Notre professeur de mathématiques a eu une gastro-entérite aujourd'hui, libérant ainsi ma fin de matinée.

Eric n'est pas venu en cours, encore une fois. Le personnel scolaire ne dit pas grand-chose parce que malgré tout il reste premier dans chaque matière.

Dean :

« Je n'ai pas voulu le dire, je te le promets. Erwin a trouvé une barrette à toi derrière le siège. Il a fait cette conclusion tout seul... ne m'en veux pas OK. On se voit ce soir. xx »

Mon téléphone serré dans la main, je marche sans lui répondre, la tête baissée. J'ai l'impression que tout le voisinage est au courant et qu'ils me regardent tous par-dessus leur fenêtre.

Une peur bleue m'étreint en pensant que tout cela pourrait arriver aux oreilles de papa. Nous n'avons jamais discuté "garçon" lui et moi. À part la boxe et les notes, nous ne parlons pas de grande chose.

Il est tellement imprévisible par moment... Savoir que sa fille fait face à une réputation peu gracieuse pourrait le mettre dans tous ses états en sachant que c'est son image qui est mise en jeu.

Dean :

« Arrête de me faire la gueule. C'était un chouette moment. On sera plus discret la prochaine fois ;) ».

J'ai envie de vomir.

Devant le pas de ma maison, ma bouche s'entrouvre en me sentant comme la pire des connes. Il sait très bien que je ne résisterai pas parce que j'ai envie qu'il devienne mon petit copain.

PAPILLONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant