29. PILE OU FACE

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Dans la même soirée.

EDEN

Mon ventre gonfle et se contracte en extirpant l'air que j'avale avec difficulté. Ma veste est lourde sous mes épaules et le vent chahute avec mes cheveux, les mettant en désordre. Un désordre qui se marie parfaitement avec celui qui est incrusté dans ma tête depuis que je lui ai dit oui.

— Tu possèdes toujours une voiture. Pourquoi aujourd'hui sous -4 degré tu n'en as pas ? me plaigné-je

Mes mains brûlent tant elles ont froid pendant que mon cerveau surchauffe par les questions redoutables que je me pose depuis une semaine sans l'avoir vue. Est-ce une bonne idée de lui accorder ma confiance ?

Le meurtre de Dean me reste en travers de la gorge. La quiétude de mon corps et de mon esprit après être partie de la soirée me donne des spasmes d'horreur. C'était un être humain qui méritait bon nombre de sévices pour ce qu'il m'a fait, mais certainement pas d'être enterré à la bordure de ses 25 ans.

Comment être saine d'esprit avec un homme qui m'a suivie pendant bon nombre d'années.

Mon cœur me crie à l'aide en sachant qu'il cédera parce que c'est toujours ce que j'ai convoité. Quelqu'un sur qui me reposer. Une personne qui ne me laissera jamais tomber. Même si c'est mal.

Après Dean... Jusqu'où ira-t-il ?

— On peut prendre des bus à cette heure-ci, tu sais ?

J'appréhende et ce froid n'aide en rien. Il ne répond pas en m'incitant à suivre ses grandes enjambées. Je reste perplexe, car il n'y a absolument rien à faire à la ronde. Newark est la plus grande ville du New Jersey certes, mais personne ne reste ici pour s'occuper en sachant qu'il y a New York juste à côté.

— J'ai froid, tenté-je pour l'agacer.

— Mmh.

Derrière lui, je peux entrevoir son dos commencé à se contracter sous son énervement imminent.

— Je vais bientôt être en hypothermie la !

Il souffle avant de laisser son self-control prendre le dessus :

— Mmh.

— Où on va ?

Après être sorti de mon quartier, cela fait bien dix minutes que je marche à l'aveugle en essayant de suivre ses jambes plus longues que la tour de Pise. Je contracte mes abdominaux inexistants à chaque souffle que cette connasse de mère nature laisse infiltrer sous ma veste en cuir et mon écharpe.

— Je me pèle le cul Pepito ! Ou est-ce qu'on va merde ?!

Il s'arrête lorsque je retiens mon rire nerveux. Giovanni m'a énoncé le surnom qu'il lui donnait quand il était petit, pendant nos conversations téléphoniques qui n'en finissent pas depuis que nous sommes loin, l'un de l'autre.

J'ai rêvé de le lui balancer à la gueule au moment le plus opportun.

Il pivote et me fait face en contractant la mâchoire pour éviter de sourire, mais ses yeux bridés par sa gaité le trahissent.

— Tu es morte.

Très vite, je bafouille et hurle en déformant mes poumons sous un sprint qui me donne mal à la gorge. Les larmes de mon fou rire imbibent mes joues tandis que je l'entends prendre de l'avance sur moi.

La peur est l'amusement qui se marie parfaitement pour propulser l'adrénaline. Je cours jusqu'à en perdre la voix quand j'essaie de respirer sous quelques rires distordus.

PAPILLONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant