Nuit 17

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Quand le réveil lâcha son premier cri, Jiji émergea aussitôt. Son sommeil avait été léger, bien trop pour réussir à ignorer la clameur du réveil de minuit. Depuis la dernière nuit, Jiji n'avait eu en tête que son crayon. L'agitant entre ses doigts, elle souhaitait ne plus penser à l'échec de la porte de sa chambre. Il ne restait plus qu'une chose à faire.

Repoussant ses couvertures, Jiji prit le bocal et Puce pour les emmener à la commode. Dans un des tiroirs se trouvaient quelques livres qu'on lui avait offert. Jiji prit celui dont la couverture représentait une prairie. Déposant tous ces objets sur le sol, elle ouvrit le livre à la page où la prairie se dévoilait.

Suivant le modèle, Jiji entreprit de recopier l'herbe sur le sol de sa chambre avec son crayon. Elle n'avait griffonné qu'une parcelle lorsqu'un parterre d'herbe surgit de la surface et recouvrit chaque espace de la chambre. Encouragée par cette première réussite, Jiji recopia ensuite les fleurs présentes sur la page. Elle en dessina autour de la commode, près des rideaux, à côté du lit et même dans la salle de bain.

C'est là qu'elle eut l'idée de dessiner l'étang à poisson du livre dans la douche, ainsi qu'une fontaine dans l'évier. Dans sa lancée, Jiji ajouta des buissons de rose, des arbres qu'elle planta devant sa fenêtre et devant sa porte, du lierre pour les pieds de son lit et surtout, elle ajouta des étoiles sur tous les murs de la chambre. Pour conclure le tableau, elle reproduisit dans l'air les silhouettes de lucioles. Voilà, sa chambre ressemblait vraiment à une prairie sous le ciel étoilé.

Reprenant le bocal contenant l'étoile flottante et Puce, Jiji s'allongea dans l'herbe en contempla les étoiles, parfois rejointe par les lucioles virevoltantes au-dessus d'elle. Le parfum des fleurs embaumant la chambre lui fit fermer les yeux, comme pour s'imprégner totalement du moment. Elle pouvait presque entendre des criquets chanter dans les buissons de fleurs. C'était une mélodie autrement plus agréable que les exclamations du réveil.

Durant cet instant, Jiji oublia tout, la chambre, la porte, la fenêtre, tout. Elle était dehors, allongée dans l'herbe, l'étoile flottante éclairant la nuit conjointement avec les lucioles, Puce juste à côté de son visage, effleurant sa joue de son pelage soyeux. Et enfin le crayon posé sur la poitrine de la petite fille, se levant, s'abaissant au rythme de sa respiration. Tout cela fit que Jiji s'endormit paisiblement, juste au moment où la prairie disparut.

Bonne nuit, à demain.

Bonne nuit JijiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant