Nuit 7

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Le réveil était mécontent. Il ne criait pas comme à son habitude. Ses tintements secs exprimaient sa frustration. Il tentait vainement de s'imposer. Pourtant, le volume resta bas, Jiji ne perçut les cris que tardivement. Minuit était déjà passé.

En voulant tendre la main pour éteindre le réveil, elle ne sentit que du tissu, doux certes mais loin de la surface froide du réveil.

Il s'agissait d'autre chose.

Les yeux de Jiji s'ouvrirent, clignèrent puis s'écarquillèrent. Des mouchoirs, des mouchoirs en tissus recouvraient le réveil. Et pas seulement lui d'ailleurs, le lit, la commode, le sol, les rideaux, chaque recoin de la pièce se cachait sous des couches de mouchoirs. Si la porte de la salle de bain n'était pas fermée, il y en aurait eu jusque dans les toilettes.

Saisissant le bocal de l'étoile flottante et Puce, Jiji se leva de son lit. Sous ses pieds, le sol lui parut duveteux. Elle fut tentée de s'allonger sur les mouchoirs mais elle se ravisa quand elle en prit un dans la figure. D'où venait-il ?

Parfois large comme la main, parfois petit comme une bille. Tantôt aux motifs d'étoiles, pois voire de fleurs. Tantôt sans motif. Pouvant être de dentelle ou de flanelle. Tous les mouchoirs étaient uniques et de couleurs distinctes.

En regardant de plus près cette mer de mouchoirs avec l'étoile flottante, Jiji constata que chacune de ces vagues se rassemblaient vers le même point d'origine, la commode. Une imperceptible exclamation s'échappa de la bouche de Jiji quand elle vit un mouchoir tomber de l'un des tiroirs, puis un autre et encore un autre. Elle tenta de fermer le tiroir mais il se rouvrit aussitôt et déversa deux mouchoirs de plus.

Pourquoi ces mouchoirs, dans quels buts ?

Elle s'assit sur le sol, près de la commode, pour réfléchir. Distraitement, elle noua deux mouchoirs entre eux, puis un deuxième et un troisième aussi. Cela lui parut comme une liane à ses yeux et la fit sourire, c'était plaisant.

Tout comme la commode qui ne délivrait plus de mouchoirs.

Sur sa lancée, Jiji continua de nouer les mouchoirs entre eux, qu'importe leur taille, leur aspect, tout en fredonnant. Bientôt, la liane fut assez longue pour faire le tour du lit, puis de la salle de bain. Finalement, Jiji obtint une liane interminable, pouvant entourer la chambre. Peut-être même plus. Chaque mouchoir avaient permis l'accomplissement de ce prodige, il n'en restait plus un seul dans la chambre. De toute façon, la commode avait cessé d'en produire depuis un moment.

Ravie de sa création, Jiji enroula la liane sur elle-même et l'emmena avec elle dans son lit. Elle ne savait pas encore à quoi elle lui servirait mais elle était impatiente de le découvrir.

Entourée de l'étoile flottante, de Puce et de la liane, Jiji se rendormit sans encombre cette nuit-là.

Elle ne put voir la liane se dérouler et partir sous le lit.

Bonnenuit, à demain.

Bonne nuit JijiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant