Nuit 11

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Quand le réveil sonna cette nuit-là, il causa du tort à Jiji. En voulant l'éteindre, la petite fille avança sa main avec un peu trop de brusquerie, percutant au passage le bocal. Sous l'effet du choc, l'un des morceaux de verre se décolla.

Jiji reprit son tube de colle pour réparer le bocal. La tâche était encore ardue, du fait de sa douleur aux mains. Les marques de coupures persistaient, son sommeil en avait été perturbé. Même la présence de Puce ne pouvait calmer son mal éternellement.

Distraitement, elle parcourue sa chambre du regard. Elle releva la tête en voyant sa poignée de fenêtre s'agiter. Curieuse, elle glissa de son lit en emportant avec elle le bocal et Puce. Après avoir pris soin de les poser en sécurité, elle tira les rideaux du bout des doigts. Il n'y avait rien, hormis la fenêtre ouverte qui déversa peu à peu un vent froid dans sa chambre.

En soupirant, Jiji allait refermer la fenêtre quand un éclair de lumière blanc fendit l'obscurité jusqu'à elle. S'arrêtant très près de son visage, Jiji vit l'éclair devenir une boule lumineuse cerclée de rayons. Une étoile, une autre étoile.

Jiji en fut ravie, une autre étoile pour lui tenir compagnie, c'était une telle chance. Quand elle voulut la saisir, elle entendit le carillon du grelot de Puce, ce qui la stoppa. Non, elle ne pouvait pas prendre cette étoile. Elle n'avait pas assez de main, les siennes portaient déjà sa chienne et son bocal. Il faudrait abandonner l'un ou l'autre comme avec le livre. Il était hors de question qu'elle tourne le dos à son amie et à son étoile une fois de plus.

Cette étoile volante n'était pas pour elle, mais pour un autre destinataire. Qui devait se trouver non loin d'elle. Et dans cette chambre, seul un lieu abritait un autre occupant.

Jiji avait encore peur Il lui était parfois difficile de regarder cette porte sans frissonner. Il fallait pourtant qu'elle se montre plus forte cette nuit. Pour son étoile, pour Puce et pour la créature de l'armoire. La porte s'ouvrit dès qu'elle eut effleurée la poignée. Ravalant sa salive, Jiji tendit le bras entre les vestes et les robes. Quelque chose le lui saisit aussitôt. C'était chaud et tremblotant, tout comme elle.

La petite fille ramena son bras son arrière, les yeux clos malgré elle. Le carillon du grelot retentit, poussant Jiji à enfin faire face à la créature de l'armoire.

Une enfant, c'était une enfant. Jeune, peut-être même plus que Jiji. Elle avait l'air terrifée et surtout triste. Elle serrait compulsivement les pans de son haut de pyjama.

Avec douceur, Jiji l'amena à la fenêtre où attendait l'étoile volante. En la voyant, le visage de l'autre petite fille s'illumina. Elle voulut toucher l'étoile mais parut hésiter. Sous le coup d'une idée, Jiji partit dans la salle de bain et en ressortit avec son gobelet pour boire. Elle le plaça entre les mains de sa compagne et l'invita à se rapprocher de l'étoile.

L'astre s'avança lentement vers l'enfant, diminua sa taille puis se nicha au fond du gobelet, répandant sa lumière dans toute la chambre. La petite fille regarda Jiji et lui sourit, elle était heureuse. Jamais plus elle n'aurait peur.

Main dans la main, Jiji la raccompagna jusqu'à l'armoire où elle disparut entre les vêtements, tenant précieusement son gobelet dans ses mains. Jiji, quant à elle, regagna son lit, gardant Puce et son bocal dans ses bras. Elle se sentait sereine et cette sensation l'accompagna dans son sommeil.

L'étoile flottante se mit alors à briller d'une lumière chaleureuse. Les cicatrices du bocal scintillèrent puis disparurent. Il en fut de même pour les marques de coupures sur les mains de Jiji.

Bonnenuit, à demain.

Bonne nuit JijiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant