Nuit 13

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Quand les premières notes du réveil commencèrent à poindre, une main s'abattit immédiatement pour l'éteindre. Jiji n'avait qu'à peine dormis depuis qu'elle s'était couchée. Trop impatiente de jouer avec le crayon.

Sortant du lit, elle positionna Puce bien droite sur ses pattes juste en face d'elle pour admirer le spectacle. Pleine de gaieté, Jiji fit virevolter le crayon dans les airs, créant au passage de petits cyclones entrainant ses affaires dans une danse aérienne.

Elle dut pourtant s'arrêter car le carillon du grelot s'était mis à protester vigoureusement. Portant son attention sur Puce, elle la vit tourner vers le tiroir de sa table de nuit. Il clignotait sans relâche. Jiji l'ouvrit mais fut soudainement aveuglée par un rayon lumineux. Lorsqu'il se dissipa, elle distingua quelque chose qui bougeait, un poisson !

Sans perdre un instant, Jiji le prit dans ses mains et l'emmena dans la salle de bain, décidée à le mettre à l'évier. Pourtant, le poisson s'échappa de ses mains puis sautilla jusqu'à la douche, où il disparut dans la canalisation.

Avec un trou aussi petit, Jiji n'avait aucun moyen de le suivre. Comment faire ? Le crayon ! Sans être sûre de réussir, Jiji dessina des vagues sur le carrelage de la douche. Vagues qui se transformèrent en une flaque d'eau puis en un petit lac prenant toute la surface du carrelage, à la profondeur inconnue.

Jiji était médusée parce qu'elle voyait. Elle n'avait qu'une envie, plonger ! Elle retourna dans sa chambre, enfila son maillot de bain puis fouilla dans sa commode pour retrouver son sac à bille, un banal sac en plastique dans lequel elle plaça Puce. Un autre sac du même type servit à contenir le bocal de l'étoile flottante qu'elle noua à l'extrémité d'une longue règle. Une vraie lanterne !

Ainsi préparée, elle pouvait y aller, mais comment faire pour respirer sous l'eau ? Elle eut alors une idée : Créer une bulle d'air avec le crayon et le coller à sa tête. Ingénieux ! Ainsi parée, elle noua son crayon à l'une de ses bretelles de maillot de bain et plongea sous l'eau de la douche.

C'était merveilleux, un véritable océan se dévoilait devant elle. En nageant, Jiji aperçut le sable des fonds marins, les rochers garnis de coraux, il y eut même un ban de poissons aux multiples couleurs qui l'effleura. Un instant, elle les connaissait ces poissons ! Ils étaient dans son évier quelques nuits auparavant. Perplexe, elle nagea à leur rencontre mais ils avançaient si vite. Soudain, ils s'arrêtèrent près d'une crevasse. Tout au fond brillait quelque chose de doré.

L'obscurité effraya les poissons mais avec l'étoile flottante et Puce, Jiji ne craignit pas de s'y engouffrer et descendit jusqu'à la lumière d'or. Le cœur battant, elle reconnut à mesure qu'elle se rapprochait le petit poisson doré qui lui avait offert le grelot de Puce. Le pauvre poisson était blessé à la nageoire, il ne pouvait plus bouger. Jiji caressa délicatement les écailles du poisson, soucieuse de ne pas le blesser.

Elle rapprocha le bocal de lui pour y voir plus clair. L'éclat lunaire parut apaiser le pauvre blessé. Comme il semblait apprécier, Jiji sortit le bocal de son sac et le posa près du poisson qui tenta de ramper vers lui. Alors, Jiji le prit entre ses doigts et le laissa couler jusqu'au fond du bocal, dans l'étoile flottante.

Un puissant éclair opale en jaillit. Jiji cacha ses yeux pour calmer l'éblouissement mais les rabaissa quand elle sentit quelque chose lui toucher la main, le poisson ! Le petit poisson nagea tout autour de la petite fille avec une vigueur renouvelée. Mieux encore, ses écailles étaient passées du doré à l'argent, scintillant comme une étoile. Jiji l'applaudit en le voyant s'agiter ainsi, caressant à son passage ses belles écailles brillantes.

Le poisson ouvrit alors la bouche et en sortit une longue chaine argentée. La chaine glissa sur le sable jusqu'à Jiji, rampa le long de sa jambe puis sur son bras pour aller s'attacher au crayon encore accrochée à sa bretelle. Très émue, Jiji passa la chaine autour de son cou, le crayon reposant sur sa poitrine.

Ensemble, le poisson argenté et Jiji remontèrent rejoindre les autres poissons qui accueillirent leur compagnon avec joie. Ils raccompagnèrent ensuite Jiji jusqu'au passage de sa douche où elle embrassa chacun d'entre eux avant qu'ils ne la quittent.

Emergeant de sa douche, Jiji vit le bassin se refermer sur lui-même, ne laissant que le carrelage d'origine. Attrapant une serviette, Jiji se sécha rapidement, pressée d'aller se coucher. Une fois son pyjama remis, elle replaça le bocal près de son lit, déposa Puce sur son oreiller et s'engouffra dans ses couvertures. Elle joua distraitement avec le crayon jusqu'à ce qu'elle s'endorme.

Elle avait hâte d'être à la prochaine nuit, elle savait déjà ce qu'elle allait faire avec le crayon.

Bonne nuit, à demain.

Bonne nuit JijiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant