Nuit 8

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Cette nuit-là, ce ne fut pas le réveil qui la tira de son sommeil. Il était presque minuit mais pas encore. Et pourtant, les yeux de Jiji s'ouvrirent graduellement. Ce qui l'avait réveillé, c'était le carillon du grelot. Il s'était mis à chanter frénétiquement, comme une alarme.

Jiji était donc déjà debout quand le réveil sonna, elle n'eut besoin que d'un court instant pour le couper dans son élan. Jiji se tenait au pied de son lit et s'était mise à genoux pour regarder dessous.

Il y avait un trou sous le lit.

La liane faite par Jiji s'était enroulée à l'un des pieds du lit et descendait dans le trou. Intriguée, la petite décida de partir en exploration. Elle récupéra l'écharpe qu'elle avait utilisé tantôt pour attacher Puce et, après avoir enfilé sa robe de chambre, noua la peluche dans son dos. Quant au bocal, Jiji le cala entre le nœud de l'écharpe et son buste.

Fin prête, elle se glissa sous le lit, attrapa la liane et se mit à descendre. Il faisait sombre mais moins que dans l'armoire. Des sortes d'ampoules dorées accrochées aux parois délivraient une fébrile lumière. Moins puissante que celle de l'étoile flottante mais suffisamment pour indiquer à Jiji que les parois formaient un tunnel de pierre cylindrique s'enfonçant dans la terre.

La descente fut bien longue jusqu'au moment où les pieds de Jiji touchèrent le sol. Il était aussi poussiéreux et lisse que les parois. Toutefois, il n'était pas vide.

Un splendide pupitre de bois ornés de motifs de feuillage trônait devant Jiji. Sur le pupitre était posé un immense livre aux pages étincelantes. Quand Jiji l'ouvrit, les pages brillèrent d'un éclat de lune, matérialisant autour de Jiji toutes sortes de merveilles. Des animaux, créatures magiques, bruit de la mer, brise légère... Les pages elles-mêmes représentaient le ciel étoilé et chaque mouvement résonna comme le carillon du grelot.

Totalement charmée par ce trésor, Jiji referma le livre et le prit dans ses bras. Soudainement, un gouffre se forma sous le pupitre, l'avala à mesure qu'il grossissait et se rapprochait de Jiji. L'enfant terrifiée retourna à la liane, mais avec le livre dans les mains, elle ne pouvait plus remonter.

Dans sa panique, elle décida d'échanger la place du bocal avec le livre qui se retrouva contre son torse. Le bocal tenait maladroitement entre ses doigts fébriles. Remonter avec seulement une main s'avéra difficile, elle n'allait pas vite et le gouffre commençait à dévorer les parois.

Lorsque Jiji glissa de la liane, elle se rattrapa avec ses deux mains pour ne pas tomber. Le bocal lâché s'enfonça inexorablement dans le gouffre.

Jiji le regarda dégringoler avec un profond chagrin. Néanmoins elle ne pouvait s'attarder au risque de rejoindre le bocal. Elle se dépêcha de remonter jusque dans sa chambre, de récupérer la liane et de s'éloigner du lit. Le trou se referma peu après.

C'était une victoire, le livre était en sa possession. Elle était impatiente de le parcourir mais préféra se reposer avant. Jiji se débarrassa donc de sa robe de chambre et de l'écharpe et se plongea dans ses couvertures, serrant contre elle le livre et Puce.

S'était-elle seulement aperçue que Puce lui avait échappé des mains dans son lit ?

Bonne nuit, à demain.

Bonne nuit JijiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant