Bonne nuit Jiji

Nuit 24

Une douce mélodie, légère comme un souffle et joyeuse comme mille grelots jouant tous ensemble arriva graduellement aux oreilles de Jiji. Cette même douceur l'accompagna lorsqu'elle ouvrit les yeux car la lueur de l'étoile flottante fut la première chose qu'elle vit, ça et le museau mouillé de Puce qui en profita pour lui sauter au cou et lui lécher les joues.

Jiji caressa et couvrit de baisers sa chienne avant d'admirer l'horizon. Il faisait toujours nuit, le croissant de lune s'était quelque peu étiré dans le ciel, offrant un sourire plus éclatant pour Jiji. Quant au paysage, rien n'avait bougé, à part peut-être les sons.

Après tout, l'animation lors d'une nuit peut être très différente la nuit suivante. Ceci, Jiji pouvait l'assurer. Toutes ses nuits ayant été le théâtre d'animation fantastique, parfois à sa plus grande joie et parfois à sa plus grande peine.

À cette pensée, Jiji regarda l'étoile flottante scintillant dans son bocal, Puce couinant de plaisir sous ses caresses et enfin le crayon pendant sur son torse, relié par la chaine en tissu à son cou. Tous des cadeaux précieux avec lesquels elle avait traversé chaque nuit, toujours réconfortée par leur présence. Même là, hors de sa chambre, sur un toit en pleine nuit, elle se sentait en sécurité en leur compagnie. Finalement en y repensant, peu importe où elle allait ou ce qui lui arrivait, du moment qu'elle les avait auprès d'elle.

Ce fut cette pensée, cette conviction qui convainquit Jiji de se lever. Agitant son crayon, elle redessina l'escalier en colimaçon qui l'avait amené sur le toit. Il brillait de la même couleur argentée que le chemin de la veille. Sereine, Jiji prit le bocal et laissa Puce la suivre tandis qu'elle descendait les escaliers.

Comme elle l'espérait, la fenêtre de sa chambre était toujours ouverte. Elle monta sur le rebord de la fenêtre et y retourna sans grandes difficultés. Puce l'avait suivie, la petite chienne demeurait très habile. Avec un regard attendri, Jiji parcourut du regard sa chambre en s'attardant sur son armoire, sa commode, sa salle de bain, sa table de nuit et enfin son lit.

Le réveil chantait une belle mélodie, visiblement depuis un moment en voyant la position des aiguilles sur le cadran. Jiji se retourna, l'horizon lui confirmant ce qu'indiquait le réveil, le jour arrivait. Le réveil avait eu le temps de crier toute la nuit avant de pouvoir enfin se mettre à chanter, Jiji fut à la fois désolée et ravie pour lui.

Alors sans peur, elle s'avança vers la porte de sa chambre, toujours suivie de Puce qui ne la quittait pas des yeux. Grâce à elle, au bocal dans sa main et au crayon autour de son cou, Jiji posa sa main sur la poignée de la porte d'entrée et tira.

La porte s'ouvrit.

Et le soleil se leva.

Bonne journée.