25. jalousie

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En moi, brûlait l'envie impérieuse de me jeter dans ses bras, par pulsion, par besoin, mais mon corps entier se figea afin de ne pas le faire, de peur de paraître envahissant. Tentant de calmer le flux chaotique de ma respiration, je m'accrochai alors à ses yeux avant de lui rendre son sourire, puis je baissai la tête pour observer à nouveau le billet que je tenais entre mes doigts tremblants, comme s'il s'agissait du plus précieux des trésors.

C'était donc pour ça, sa demande concernant mes congés ? Pour m'amener à Londres voir Hans Zimmer en concert ?

Bordel. Depuis combien de temps avait-il prévu ça ?

Mon cœur éclata en rafale derrière mes côtes sous l'effet de l'adrénaline, et j'eus bien du mal à assimiler l'information. C'était insensé.

Nous allions partir à Londres, ensemble...

Tentant de me rappeler à quel moment il avait bien pu savoir que j'en mourrais secrètement d'envie, je repensai à cette soirée que j'avais passé chez lui, il y a de cela quelques mois. Je l'avais questionné sur l'absence de sa petite amie, et il m'avait précisé qu'elle se trouvait à Londres. C'était à cet instant que je m'étais dévoilé. Londres. Zimmer.

Putain. Il avait tout retenu.

Je l'observai poser sa tasse sur le plan de travail et se tordre les mains l'une contre l'autre. Était-il gêné ? Je fixai ses longs doigts fins quelques secondes en me demandant ce qui pouvait bien le rendre si nerveux, avant de redresser le regard vers son visage en l'entendant me parler. Il était tellement beau lorsqu'il rougissait.

— Tu m'avais dit vouloir aller là-bas et que Zimmer était ton compositeur préféré, déclara-t-il comme s'il lisait dans mes pensées, alors je me suis dit que...

Il n'eut pas besoin de terminer sa phrase.

Il n'eut pas besoin de la terminer car le son de sa voix suffit à défoncer toutes mes barrières et à propulser mon corps vers l'avant. Je m'élançai alors contre lui, incapable de contenir la bourrasque plus longtemps, car j'avais besoin de lui témoigner ma gratitude. Et tant pis si c'était déplacé, tant pis s'il me prenait pour un fou. De toute façon, ce n'était pas la première fois que je me retrouvais dans ses bras, et je ne comptais pas laisser passer cette opportunité.

Mon torse heurta le sien en un bruit sourd et mes bras s'enroulèrent instinctivement autour de son cou, contre lequel je vins blottir mon nez. Je le sentis se tendre un court instant, avant que ses mains ne se posent finalement contre mon dos et ma nuque.

Puis il me serra.

Il me serra fort.

Si fort que j'en oubliai le temps et l'espace, respirant son parfum sans retenue jusqu'à m'en inonder l'âme, paupières closes. Si fort que moi aussi, sans m'en rendre compte, je venais de renforcer l'étreinte en resserrant mes bras autour de lui.

Là, collé contre son corps au beau milieu de mon salon, je me sentis à ma place. Plus libre que jamais. Avec lui, je me savais en sécurité.

Il n'y avait que Taehyung pour me faire me sentir si vivant. Que lui pour me rappeler que j'étais important. Il y avait certes mes amis, mais avec lui c'était différent. Peut-être que ce sentiment prenait sa source dans ceux que je nourrissais à son égard, toujours est-il qu'il n'y avait que sa présence pour m'apaiser à ce point. Avant lui, seul Yejun avait réussi à provoquer cela chez moi.

— Merci, hyung, murmurai-je alors.

Il lâcha un souffle chaud contre ma tempe et pressa sa tête sur la mienne, comme s'il me disait "de rien" sans avoir à prononcer le moindre mot. Ses doigts se crispèrent autour de ma nuque et j'eus alors l'envie violente de ne plus jamais m'éloigner de lui, de rester là pour toujours.

PAPER HEART { tk } sous CONTRAT D'ÉDITIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant