Chapitre 1: 1971-1972

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Regulus n'était pas souvent désiré. Son existence ne l'avait pas été, pourquoi lui le serait-il ? Sa présence sur le quai de la gare tenait du miracle. Sirius était ce miracle. L'héritier. Celui qui avait fait se déplacer leurs parents jusque devant ce train. Regulus se demanda s'ils feraient de même pour lui l'année prochaine. Probablement pas. L'importance des seconds ne s'élevait pas au-delà des représentations officielles.

Pour ainsi dire Regulus n'aurait jamais dû être là. Ce que leurs parents avaient convenu était qu'il resterait à Grimmauld, à attendre, sagement. Sage. C'était ce qu'il devait être. Impérativement. Son unique tâche. Ne pas faire de vagues. Sirius aussi devait tenir ce rôle. Les Blacks devaient tenir ce rôle. Cela faisait partit d'eux. Cela l'avait toujours été. Enfin, c'était ce qu'il pensait.

Regulus sortait peu en dehors des endroits approuvés par ses parents. Le bruit autour de lui-d'eux-lui était étranger. Néanmoins plaisant. A sa gauche des enfants poussaient leur chariot remplit à ras-bord. A sa droite des parents faisaient de grands signes à leurs enfants assis prêts des fenêtres. Cette distraction n'avait rien de spectaculaire, Regulus le savait. Mais n'importe quoi lui suffirait pour échapper à ce que le petit groupe qu'il composait avec son frère et leurs parents dégageait. Une aura de respect mêlée de terreur. Regulus connaissait davantage la seconde.

Rien que ce matin.

La terreur le serrait encore dans ses bras.

Rien que ce matin.

Alors que les images revenaient, Regulus sentit une vague pression sur son flanc droit. Il tourna la tête pour croiser le regard de son frère. Lui, il souriait. Peu surprenant. Lui, il partait. Mais c'était grâce à lui si Regulus était ici. Ses parents y étaient opposés. Sirius avait insisté. Sirius insistait souvent, jamais comme ce matin. Leur mère avait cédé, quand finalement elle avait compris que ça ne servait à rien de s'acharner. Donc il était là, à contempler le train qui serait le sien l'année prochaine.

Donc, Sirius souriait. Et Regulus ne saurait lui en vouloir. Les pans de sa robe de sorcier cachaient les tâches de peintures bleues sur sa peau, encore fraîche de ce matin. Malgré la joie qu'il ressentait de se trouver ici, Regulus ne cessait de se répéter que son frère n'aurait pas dû insister de la sorte. Laisser couler. Après tout ils se retrouveraient l'année d'après. Mais il était trop tard, Regulus agissait souvent trop tard. Ses yeux gris ne semblaient être capable que de regarder les choses se faire.

-Pas trop triste Reggie ?

Regulus leva les yeux au ciel, en ayant vérifié que leurs parents ne regardent pas dans sa direction.

-Je t'ai déjà dit de ne plus m'appeler comme ça.

-Et tu sais bien que je n'écoute personne.

-C'est bien ça qui te cause tous ces problèmes.

Sirius n'arrêta pas de sourire, malgré le sous-entendu assez explicite de son frère. Pour lui aussi les souvenirs étaient frais. Et le seraient toujours. Il ne servait à rien de faire semblant. Regulus détourna son attention vers les gens autour d'eux, croisant des regards, pour la plupart curieux. Ils ne le surprirent pas, sa famille était curieuse. Tous les Blacks semblaient venir d'une autre dimension. Ils n'étaient pas comme tous les autres. Eux venaient des étoiles. C'était en tout cas l'image qu'entretenait toute la famille, avec le plus grand soin.

-Tu sais, je suis content que tu sois là.

Regulus se tourna de nouveau vers son frère.

-Ah ?

-Oui. Mais toi tu n'as pas l'air très content. Je comprends que tu aurais préféré rester au manoir sans les parents, pour une fois.

-Non. Pour une fois que je peux sortir de la maison tu veux dire. J'aurais étouffé tout seul là-bas. Merci d'avoir insisté.

Son of a Constellation, Brother of the StarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant