La réception de Noël avait laissé place à la préparation des fiançailles des deux filles Blacks. La soirée se déroulerait comme habituellement dans le manoir des Blacks et Regulus avait une nouvelle fois assisté à l'effervescence de leurs elfes de maison. Ses cousines étaient passées à de nombreuses reprises au manoir afin de les guider dans les différentes idées qu'elles avaient et voulaient avoir.
A chacune de leurs visites, Regulus s'était enfermé dans sa chambre à l'entente de la voix de Bellatrix.
La veille les deux sœurs étaient passées pour une dernière vérification du décor et des installations. Le jeune garçon s'était crispé au son du craquement des marches en bois de l'escalier. Il était attablé à son bureau, occupé à écrire des lettres à ses amis, après avoir promis à Dorcas de le tenir au courant des évènements organisés par ses parents. Pour une Sang-mêlée, la jeune fille était étrangement intéressée par les traditions des Sang-Purs.
Il avait prié un Dieu auquel il ne croyait pas en entendant les pas s'arrêter devant sa porte. N'importe qui qui ne soit pas Bellatrix. Même la présence de sa mère l'inquiétait moins que celle de sa cousine. Cette dernière était au moins capable de garder un sang-froid, qu'il lui enviait, lorsque les situations l'exigeaient. L'exemple parfait de la famille.
Son soulagement fut total lorsqu'il vit Narcissa passer la porte de sa chambre. Ses lèvres roses formaient un agréable sourire à contempler et ses boucles blondes tombaient sur ses fines épaules. Un ange. Voilà ce qu'elle représentait dans ce décor plus noir que leurs cœurs. Son sourire ne faiblit pas lorsqu'elle le remarqua au fond de la pièce mal éclairée, au contraire. Il lui sembla que la vision de son jeune cousin dans l'angle de sa chambre, une faible bougie posée à côté de lui faisait rayonner ses traits.
Narcissa s'approcha, les bras dans le dos et s'arrêta dans son dos. Elle passa la tête par-dessus son épaule et commença à lire sans gêne sa missive. Tous les deux savaient qu'il ne l'en empêcherait pas, dans cette famille les secrets n'étaient bons pour personne lorsqu'on n'était pas capable de les camoufler. Cacher sa lettre reviendrait à dire qu'il commettait quelque chose de répréhensible aux yeux de ses ainés, et il commençait tout juste à se persuader que cela n'était pas le cas.
Sa cousine ne fit aucun commentaire quant au nom de la destinataire et se contenta de se redresser. Son parfum de fleur disparut avec elle et il ne lui resta que le vide de l'espace qui lui appartenait. Regulus se tourna pour lui faire face. Elle s'était assise sur son lit et sur ses genoux reposait maintenant un petit paquet cadeau. Ses doigts caressaient légèrement, par automatisme, le petit nœud qui renfermait le tout. Ses yeux, eux, le fixaient.
-Tout est prêt ?
-Tout est parfait, oui.
-Tant mieux.
Le silence revint dans la pièce et après quelques instants, sans se lever, Narcissa se contenta de tendre son paquet à son jeune cousin. Cela le ramena dans la chambre de son frère, quelques jours auparavant, lorsque se dernier lui avait tendu de la même manière le cadeau renfermant ces petits miroirs aux capacités surprenantes. Avec des gestes minutieux, afin de ne pas paraitre empressé, Regulus déplia le nœud papillon et arracha le papier cadeau avant d'ouvrir le couvercle de la boite.
Sur un petit coussin en satin reposait un fin collier en argent. Semblable au collier qu'il avait ramassé dans le Poudlard Express quatre mois auparavant, le médaillon était gravé à ses initiales, en vert. Bien qu'il fasse sombre dans sa chambre, la faible flamme de la bougie illuminait et faisait briller les trois lettres qui composaient son nom. La beauté du bijou le conquit et il resta de nombreuses secondes à se contenter de l'observer sans oser le toucher.
-Tu peux le prendre tu sais ?
Il lança un bref sourire à sa cousine avant de suivre ses instructions. Le bijou était léger et doux dans sa main, comme la sensation d'une caresse sur sa paume. Il ne tenta même pas d'imaginer le prix d'un tel cadeau lorsqu'il remarqua le serpent gravé au dos avec ses yeux floqués de deux pierres d'émeraude.
-C'est splendide Narcissa. Ça a dû te couter une fortune.
-Non, ne t'en fais pas. Ça me fait plaisir.
Regulus reposa le précieux bijou dans sa boite et la referma avant de la poser sur son bureau, juste à côté de sa plume d'hippogriffe. Enfin il se leva et alla s'asseoir aux côtés de sa cousine. Il n'était pas dupe, il était conscient qu'elle n'était pas venue, la veille de ses fiançailles, dans le seul but de vérifier les finitions et de lui donner un tel cadeau. Elle aurait très bien pu attendre le lendemain et ainsi se vanter aux côtés de leur famille de la richesse de son nouveau fiancé. Il aurait été en effet stupide de sa part de croire que sa cousine puisse ainsi se payer seule un bijou de cette valeur.
-Pressée d'être à demain ?
-On peut dire ça, oui.
Touché.
-Tu n'attends pas ces fiançailles depuis longtemps ?
Au lieu de se crisper, comme il l'avait attendu, Narcissa soupira. C'était loin d'être dans ses habitudes et malgré le danger d'une telle discussion, Regulus sentait qu'elle avait besoin de l'avoir. Seulement, pour une raison qu'il ignorait, sa cousine avait convenu de l'avoir avec lui.
-J'attends de telles fiançailles depuis ma naissance Regulus, et je sais que Lucius sera un homme bon pour moi et notre famille. Je lui apporterais le reste de pouvoir dont son nom a encore besoin, et il apportera sécurité et sang nouveau dans notre famille. Cependant... Sans avoir à mentir, ce n'est pas ce que j'attendais.
-Comment ça ?
-J'apprendrais à aimer Lucius, comme lui apprendra à ne pas aimer que mon nom de famille. Il nous faudra juste du temps. Mais ce temps j'aurais aimer le passer avec quelqu'un d'autre.
Bien qu'inattendue, cette révélation ne le surprit pas. Sa cousine avait dix-sept ans à peine, elle était une jeune fille tout à fait convenable et il n'y avait rien d'étrange à ce qu'elle est déjà eu affaire à des relations amoureuses. Tant qu'elle faisait passer la famille avant ça, personne, pas même Walburga Black, n'y verrait à redire.
-Il n'était pas Sang-pur, c'est ça ?
Narcissa resta silencieuse quelques instants.
-Si, il l'était.
-Mon oncle ne l'a pas accepté ? Son nom n'est pas assez reconnu peut-être ?
-Mon père n'a jamais entendu parler de lui.
Là, Regulus ne comprit pas. Les Blacks étaient doués dans l'art de toujours obtenir ce qu'ils voulaient. Or, sa cousine ne semblait même pas avoir tenté d'arranger un mariage avec cet homme qu'elle sous-entendait aimer. C'était un trait de caractère qu'il ne lui connaissait pas.
-Et pour quelles raisons ?
-Je sais reconnaitre une cause perdue lorsque j'en vois une. Il ne servait à rien de demander à mon père, ça serait revenu à quitter la famille comme-
Narcissa n'alla pas plus loin dans sa pensée, mais son jeune cousin n'eut aucun mal à comprendre de qui elle voulait parler. La seule personne qu'il avait eut le temps de connaitre et qu'il avait eu le temps de voir partir. Il se rappelait encore, comme si c'était hier, de la dernière fois où il avait vu sa cousine.
Andromeda tenait dans sa main une simple valise, il l'avait vu traverser le couloir pour entrer dans le bureau de son père. L'entrevue n'avait duré qu'une brève minute, ensuite elle en était sortie, la tête haute, le regard serein, comme soulagée. Regulus était assis dans les marches de l'escaliers et il la regarda s'arrêter en plein milieu du couloir avant qu'elle ne lève les yeux et ne le remarque enfin.
Un fin sourire avait barré ses traits et se fut le premier indice de tristesse qu'il remarqua sur elle. Elle était alors venue s'asseoir à côté de lui et l'avait tendrement pris dans ses bras. La chaleur de son manteau avait réchauffé son cœur refroidit par l'incompréhension. Bien sûr cela faisait des semaines que tous les membres de la société parlaient du départ imminent de la fille de Cygnus et Druella Black en dehors de leur noble famille.
Cependant personne n'avait pris le temps de le lui expliquer et il n'avait jamais compris. Bien trop vite sa cousine le lâcha, se releva et sans un regard en arrière quitta le manoir. Regulus se souvenait être resté toute la fin d'après-midi assis dans cet escalier, à attendre son retour, bien conscient qu'il n'arriverait jamais.
Et alors que la fatigue commençait à l'emporter, il avait entendu le bruit d'un feu qu'on allume. Intrigué, il avait monté les marches jusqu'à se retrouver devant la porte qui donnait sur la salle de la tapisserie familiale. Piteusement caché derrière la porte en bois, il avait regardé sa mère mettre le feu à la tapisserie à l'endroit exact où le beau visage de sa cousine s'était dessiné à sa naissance.
En tant que matriarche de la famille, Regulus savait qu'il en était de son rôle. Seulement, il avait alors vu une larme solitaire s'abattre sur la joue sans défense de sa mère, couler jusqu'au roulement de sa mâchoire et s'écraser sur la naissance de sa poitrine. Une unique larme de cœur brisé. L'unique larme qu'il penserait un jour la voir former.
Sa mère s'était tournée dans sa direction, et de son regard redevenu de glace s'était approché de lui. Regulus n'avait pas reculé, l'image de sa mère pleurant l'ayant trop ébranlé pour se méfier. Walburga s'était baissée à sa hauteur, chose qui n'arrivait plus désormais, et avait attrapé les épaules de son fils.
-Regulus, écoute-moi bien lorsque je te parlerais dois-tu ?
Il avait hoché la tête, il se complaisait toujours à contenter sa mère.
-Jamais, je ne dis bien jamais, je ne dois avoir à faire de même avec toi. Tu dois jurer fidélité à cette famille jusqu'à ton dernier souffle, la protéger, la chérir, l'honorer. Tu dois la faire respecter et toujours suivre le chemin que tes nobles ancêtres t'ont montré. Sache que je ne te laisserais jamais commettre une telle trahison que de devoir t'effacer de notre tapisserie.
-Oui mère.
Sa mère se redressa et sans plus de cérémonie le contourna comme s'il n'existait déjà plus à ses yeux. Regulus n'avait pas fait attention à ce manque de considération, déjà bien trop habitué à elle, mais aussi bien trop captivé par les quelques flammes qui continuaient de survivre comme elles le pouvaient sur la tapisserie de sa noble famille.
Il s'était approché du mur pour contempler le travail de sa mère de plus près. Il ne restait aucune trace de l'existence de sa cousine aux côtés de ses sœurs si ce n'était son nom à moitié brulé. Ce jour-là Regulus comprit que Walburga Black était bien plus douée effacer les gens de leurs vies qu'à les aimer assez pour les y garder.
-Regulus ?
Regulus se retrouva soudain de retour dans sa chambre. Narcissa était encore à côté de lui et était celle qui avait doucement prononcé son nom, comme si elle réveillait un endormi. Son regard était aussi doux que sa voix, bien différente du ton tranchant de sa sœur.
-Excuse-moi.
-Tu te souviens lorsque je t'ai parlé des erreurs que tu commettrais ?
Regulus hocha la tête, il n'avait pas encore oublié la discussion qu'il avait eu avec sa cousine, peu certain de pouvoir un jour en être capable.
-Cette personne était la mienne.
-Comment ça ?
Narcissa regardait devant elle, les yeux perdus sur le papier peint noir de sa chambre. Regulus y décela une certaine tristesse. Sa cousine resta silencieuse longtemps, si longtemps qu'il crut presque que sa question resterait sans réponse. Il lisait dans ses pupilles les souvenirs d'une vie qui n'était pas la sienne, ni celle de sa cousine. Pas celle qu'il avait à côté de lui. Une fille qu'elle n'était plus.
Au bout de plusieurs minutes Narcissa trouva le courage de lui répondre.
-Parfois, Regulus, aimer quelqu'un ne suffit pas. On a beau l'aimer de tout son être, de se sentir mourir à l'idée de perdre cette personne et de contenir toute la douleur de cet amour parce que, oui, cette personne vaut la peine de ressentir cette douleur, c'est la plus grosse erreur de ta vie. Il existe des amours qui ne sont pas fait pour durer, qui sont voués à l'échec.
-Et tu le savais ?
La tristesse laissa place à la douleur.
-Oui.
-Et lui ?
-Non. Mais tant que toi tu le sais, c'est le principal, tant que toi tu sais quand et où t'arrêter c'est la seule chose qui compte.
-Et tu regrettes ?
-Non.
-Alors en quoi était-ce une erreur ?
Ses yeux gris croisèrent ceux bleus de sa cousine. Et sa douleur devint la sienne.
-Car ça n'aurait jamais dû arriver, et je le savais, et j'ai quand même laissé faire. Voilà en quoi c'était une erreur. Voilà pourquoi je me laisse aujourd'hui marier à la famille Malefoy. Voilà. Car c'est mon devoir envers la famille, pour rattraper mon erreur. Et Regulus, tu devras en faire de même. Toute bavures se payent, tâche donc d'en faire le moins possible, car au final tes dettes devront toujours être payées.
Sans s'en rendre compte Regulus attrapa la main aussi blanche qu'elle était froide, mais il ne la lâcha pas. C'était elle qui l'avait rattrapé ce 1 septembre lorsqu'il avait cru s'abandonner dans cette maison de serpents alors que le lion le fixait comme si sa vie venait d'être tracé. Qu'il se perdait et qu'il n'aurait plus rien à en tirer de lui. Regulus avait alors trouvé Narcissa, s'était raccroché à elle comme il le pouvait alors que Sirius s'éloignait inexorablement.
Regulus ne lui posa aucune question, il savait bien qu'elle ne répondrait plus à aucune. Ses réponses, il n'en voulait pas non plus. Elles n'avaient aucune valeur s'il devait les lui arracher. Alors ils se contentèrent de se tenir leurs mains, chacune aussi blanches l'une que l'autre, jusqu'à ce que la voix de Bellatrix ne se fasse entendre de l'autre côté de la porte et intime à Narcissa de s'en aller.
Désormais il la regardait danser aux bras de son nouveau fiancé, un magnifique sourire aux lèvres. Regulus se tenait à l'écart de la piste de danse, assez proche pour ne pas éveiller les soupçons mais assez loin pour ne pas être incité à danser. Sirius quant à lui brillait sur la piste. Il était au bras d'une fille de bonne famille, en tout cas assez bien pour être acceptée au bras de l'héritier Black.
Tous les yeux étaient braqués sur les trois ainés de la famille, qui dansaient élégamment en rythme sur la musique comme si la musique était inscrite dans leur peau. Regulus avait aussi appris à danser de cette manière, mais il n'était pas encore assez habitué à ce genre de réception pour ainsi se pavaner comme les autres membres de sa famille. Il savait cependant que ses parents le pousseraient bientôt à faire de même que son frère, et il s'imaginait à sa place.
L'image ne lui plaisait pas.
Bientôt les violons cessèrent de jouer et les corps s'arrêtèrent de se mouvoir. De nouveaux couples remplacèrent ceux s'éloignant de la piste pour débuter une nouvelle valse. Sirius s'approcha de son frère, seul, signe qu'il avait réussi à se débarrasser de sa cavalière.
-Godric me préserve de danser de nouveau avec elle.
Un léger rictus, à peine perceptible pour ceux trop éloigné de lui, apparut sur les lèvres de Regulus. Cette situation était monnaie courante entre eux. Depuis que Regulus avait commencé à participer aux réceptions organisées par sa famille, les seules où il était autorisé à se montrer, Sirius se plaignait continuellement de chacune des cavalières avec qui il avait le privilège de danser. Regulus se demanda ce qui pouvait bien lui déplaire dans la belle blonde qui les fixait de l'autre côté de la salle.
-Quel est le problème cette fois ? Elle a failli te marcher sur les pieds ? Elle a trop parlé ? Pas assez ? Trop cultivé ? Toujours pas assez ?
Sirius lui donna un coup de coude dans les côtes.
-Arrête de te moquer, si tu devais faire comme moi je t'assure que tu verrais de quoi je veux parler.
-Malheureusement pour moi, je suis loin d'avoir cette chance.
Sirius ne répondit pas, réfléchissant sans doute à la raison pour laquelle sa cavalière ne lui convenait pas cette fois. Regulus, lui, s'imagina à la place de son frère, et une pointe de jalousie lacéra son cœur. Sirius se plaignait, et Regulus aimait l'entendre se plaindre de toutes ces expériences, car cela lui permettait de moins l'envier.
Sa place n'était pas là, il le savait et tentait de l'accepter, et bien qu'il se plaise dans l'ombre des murs de sa chambre, il ne pouvait s'empêcher d'imaginer le sentiment que cela pouvait procurer d'être au centre de tous les regards. De regards envieux. Car il savait que tant que son frère serait là, à danser sur la même piste que lui, jamais il ne les sentirait. Seulement ceux qui le comparaient, et ceux qu'il n'arrivait pas encore à faire face.
Il apprendrait. Jusqu'à ce qu'il soit prêt.
-Aucune d'entre elles n'a de personnalité propre. Elles n'ont aucune discussion si ce n'est leur famille et leur devoir en tant que future femme.
Regulus capta soudain le visage de Narcissa, son sourire éclairait toujours son visage mais sa mâchoire était crispée. Il commençait à bien la connaitre, et il savait reconnaitre les émotions qu'elle ressentait à travers son masque de Black. Elle se trouvait dans les bras d'un autre homme, qu'il reconnu comme étant le fiancé de Bellatrix, et cette dernière valsait désormais aux côtés de Lucius Malefoy.
Son regard s'attarda quelques instants pour examiner le fiancé de sa cousine. Il avait les mêmes cheveux blonds et le même teint des plus pâles. Lorsqu'ils étaient encore à danser ensemble sur scène, tout le monde avait pu remarquer et apprécier l'essence qui se dégageait du jeune couple. Une osmose presque parfaite que Regulus voyait maintenant se craqueler sur le sourire de sa cousine.
Et il pensa à ce que son frère venait de dire. Et aux sacrifices qu'il ne connaissait pas. Il tourna la tête vers lui et tenta de trouver quelque chose à lui répondre, mais tous les mots restaient bloqués au fond de sa gorge. Ce n'était pas à lui de le remettre à sa place. Ce n'était pas à lui de lui expliquer ce genre de choses. Narcissa ne lui devait rien.
-Elles n'ont peut-être pas le choix.
Mais il pensa à cette jeune fille qu'il ne connaissait en rien, et que jamais personne ne défendrait.
-Quand je te dis que tu es trop gentil pour ce monde.
Regulus soupira à la réponse de son frère. Il était bien le seul à le penser et le plus jeune détestait qu'on le perçoive de la sorte. Ce qui n'était pas le cas. Fort heureusement. Regulus l'avait bien remarqué lorsque ses camarades lui parlaient à peine, que ses ainés évitent tout contact avec lui. Qu'à son passage, dans les couloirs, les gens, bien que faisant de leur mieux pour ne rien laisser paraitre, murmuraient et s'écartaient.
Regulus n'était pas celui qui animait les gens. Il les faisait se taire, se laisser disparaitre et s'abaisser à la peur que son nom de famille inspirait. Sirius, en revanche, était la lumière qui faisait vivre son ombre. Partout où le cher héritier passait, les murmures étaient présents, les regards admirateurs et sa présence se faisait également remarquée.
Mais Sirius était la lumière, et Regulus son ombre.
Sirius procurait rire et bonheur. Il était un éclat de vie qui n'effraie et n'inquiète personne. Il n'était pas la menace que leurs parents auraient voulu qu'il soit. Il n'était rien de ce que Regulus était pour les autres et tout ce que le plus jeune aurait aimé être pour lui-même.
Regulus pouvait voir la chaleur qu'il faisait naitre dans les yeux des gens qui croisaient sa route. Son nom n'attisait que du respect là où la peur aurait dû être et Regulus ne pouvait que remarquer cette différence.
Son frère s'élevait comme l'étoile dont il portait le nom. Au-dessus des autres et pourtant accessible. Regulus le savait, jamais il n'atteindrait ce que son frère était. Son frère était le gentil, le désiré, l'aimé, l'admiré. Regulus était le mouton noir de cette famille qui ne plaçait aucune attente en lui. Il était le second, l'inintéressant, le second choix, le silencieux, le mauvais, le froid.
Il n'apportait pas la lumière. Il était l'ombre, celle de son frère, de James qui l'avait remplacé si vite. Celle de son nom de famille, qui, même elle, ne remarquerait jamais. Il était l'ombre, et Sirius était sa lumière.
Et le plus terrible était que si la lumière pouvait se passer d'ombre, l'ombre ne vivait, ne survivait, que par la présence de sa lumière.
Regulus ne laissa pas paraitre son cheminement de pensées à son frère. Ce dernier ne s'en préoccuperait pas, il ne servait donc à rien de se plaindre. Ce n'était pas ce qu'on attendait de lui.
-Je ne suis pas gentil Sirius, tout le monde l'accepte sauf toi.
-C'est parce que contrairement à tout le monde, je te connais.
Regulus leva les yeux au ciel et Sirius ricana.
-N'importe quoi.
-Si je te jure, tu es suffisamment bête pour encore croire que le conte des Trois Frères est réel. Si tu n'appelles pas ça de la naïveté je ne peux rien pour toi petit frère, et on sait tous les deux que seules les personnes gentilles sont naïves.
-C'est faux !
Regulus lui pinça discrètement le bras et Sirius s'écarta d'un bond. Toujours en souriant.
-Lequel ?
-Les deux !
Et là Sirius éclata de rire. Tous les regards à proximité se tournèrent dans leur direction, dont ceux de leurs parents. Regulus se figea soudain, pris de peur quant à ce que tous pourraient penser. Pas Sirius. Ce dernier se redressa et finit de rire par un léger gloussement poli. Personne d'autre que leurs parents n'oseraient rien lui dire. Les invités reprirent leur conversation et après un dernier regard, leur mère fit de même.
L'ombre et la lumière.
Un cycle sans fin dans lequel Regulus se perdait.
Il avait besoin de sa lumière quand cette dernière se suffisait à elle-même.
҉ ҉ ҉
Sa valise était faite. Kreattur apporterait son manteau en coton noir lorsqu'ils seraient prêts à partir. Il ne lui manquait plus qu'à faire une chose. Regulus se tenait devant la porte en bois du bureau de son père. Il le savait seul, sa mère errait comme toujours dans les pièces du manoir tel un fantôme sortit de ses plus sombres cauchemars.
Le jeune garçon se questionnait encore quant à l'utilité de ce qu'il s'apprêtait à faire. C'était stupide et dangereux mais il voulait au moins essayer. Cela faisait plusieurs jours qu'il se demandait si cela fonctionnerait, et même si la réponse restait la même, il s'entêtait à espérer que cela ne fusse qu'à cause de son pessimisme héréditaire.
Sirius n'avait aucune idée de ce que s'apprêtait à entreprendre son petit frère. Il l'en aurait sans doute empêcher si cela avait été le cas, raison pour laquelle Regulus ne lui avait rien dit. Il lui aurait probablement dit que cela ne servait à rien d'essayer de prétendre avoir du courage, ou une autre remarque charmante à son encontre. Regulus n'avait pas besoin de ça. Ses pensées faisaient déjà le travail.
Il leva le bras et empoigna le heurtoir de la porte avant de le frapper. Ensuite, il attendit une réponse de son père qui ne vint pas. Le jeune garçon réessaya une autre fois, et une fois de plus ensuite avant d'abandonner. Son père devait sans doute être ivre mort, assis sur sa chaise de bureau, une bouteille de whisky pur-feu à la main. Il allait bâtir en retraire lorsque la voix de son père, aussi grave qu'elle était faible, résonna à travers le bois teint en noir.
Regulus tourna la poignée et la première chose qu'il distingua fut l'odeur de renfermé et d'alcool qui émanait de la pièce. Les rideaux pourpres étaient tirés et masquaient la lumière du soleil au niveau du bureau de son père et les fenêtres étaient fermées, ce qui eu pour effet de lui procurer des nausées, les effluves de l'alcool restant bloquées à l'intérieur du cabinet.
L'obscurité ne lui permettait pas d'apercevoir son père, mais il arrivait à sentir sa présence. Comme il l'avait deviné, une bouteille de whisky trônait sur le coin de la table ainsi que les carcasses de deux anciennes bouteilles déjà vides. Lorsqu'il leva les yeux en direction de l'horloge noire frappée aux armoiries de la famille, Regulus vit qu'il était à peine dix heures dans la matinée.
-Regulus.
La voix grave de son père résonna jusque dans sa moelle.
-Père.
-Dis-moi, fils, que me vaut l'honneur de ta visite ? Je me doute que tu n'es pas venu seulement exprimer ton chagrin de quitter si vite la maison de tes aïeux.
L'ironie dans la voix de son père le mit mal à l'aise. Habituellement, il était froid et dur, aussi implacable qu'on pouvait l'attendre du chef de leur famille. Mais sous les effets de l'alcool, sa véritable personnalité remontait à la surface, et c'était de cette dernière dont Regulus se méfiait. Celle dont il manquait le contrôle de l'éducation qu'Orion avait reçu, celle colérique et impulsive. Avant de répondre, Regulus pesa ses mots.
-Effectivement père, en plus de mes hommages, je venais faire une requête. Pour mon frère.
L'unique son que l'obscurité qui entourait son père produisit fut un long et douloureux soupire. Regulus sentit une faible brise, qui n'existait que dans son imagination, au creux de sa nuque et un frisson fit trembler légèrement ses épaules. Imperceptiblement. Soudain, même s'il était incapable de les voir, il sentit les yeux de son père se poser sur les siens et il ne fut qu'une statue prisonnière de son créateur.
-Qu'à dont encore faire Sirius ?
-Rien, père. Je viens de ma propre initiative.
Un nouveau soupire, dont la signification lui échappait. Peu enclin à prendre des risques, si proche du départ, Regulus préféra se taire, attendant l'autorisation de son père afin de continuer. Une main jaillit de l'ombre et attrapa la dernière bouteille pleine du bureau avant qu'elle ne disparaisse à son tour dans l'obscurité. Lorsque son père la reposa sur le coin de la table, la bouteille avait pratiquement été vidé du tiers.
Un silence remplit de gêne s'installa entre eux que Regulus savait n'être pas autorisé à briser. Il restait statique, dans la même position qu'au moment où son père avait parlé pour la première fois. Respirant à peine le peu d'air qu'il se permettait de gaspiller. Déglutissant le plus discrètement possible. La réponse de son père se faisait attendre, et chaque seconde écoulée laissait une peur primaire encrée dans sa chaire.
Là où sa mère l'effrayait par sa magie, son père l'effrayait par sa folie.
-Eh bien parle !
La voix soudaine de son père fit trembler ses os et instinctivement son corps se redressa de lui-même. Regulus savait pourquoi il se tenait aujourd'hui devant son père. Il n'avait plus qu'à cracher les mots qui étouffait sa gorge et tout serait terminé. Son père consentirait à sa requête ou l'enverrait paitre. Dans les deux cas il devrait être capable de s'en sortir sans trop de dommages.
-J'aimerais parler avec vous de l'interdiction de Sirius de faire partit de l'équipe de Quidditch de Gryffondor.
Il sut qu'il avait attiré l'attention de son père lorsqu'il entendit la chaise de son bureau racler et vit les mains d'Orion se joindre sur la table. Le silence était presque insoutenable et, afin de ne pas agacer une fois de plus son père, Regulus prit la liberté de continuer.
-Il m'a expliqué les raisons de son interdiction, et je les comprends parfaitement. Il serait en effet regrettable de le laisser faire gagner sa maison en prestige au préjudice de Serpentard. Néanmoins, et prenant compte que ce résultat était celui escompté, j'ai remarqué que le comportement de Sirius allait à l'encontre de vos indications. De mes observations il me semble bien plus agité et je me demandais si cela ne concordait pas avec son interdiction de voler.
-Je ne vois pas en quoi le comportement de Sirius te concerne d'aussi près, Regulus.
Le ton froid de son père aurait pu le clouer sur place s'il n'y était pas déjà habitué. Regulus se savait préparé à l'argumentation qui se préparait, il ne pouvait certes pas prévoir la décision finale du chef de famille, mais il connaissait son père aussi bien que ses réactions.
-Je le sais bien père, seulement il m'est venu à l'idée qu'il serait correct, voire même préférable, d'en venir à une autre conclusion. Le problème ici est que Sirius ne doit en aucun cas permettre à sa maison de croitre sa popularité, et j'en conviens autant que vous. C'est pour cela que j'ai réfléchis à une solution afin d'arranger la situation des eux côtés.
Regulus se tue au moment où son père leva la main.
-Permet-moi de t'interrompre Regulus avant que tu ne m'exprimes ta brillante idée. Il m'a été dit que Sirius avait reçu un balai pour son anniversaire, il peut donc voler à son aise puisque, votre mère et moi, ne comptons pas le lui retirer.
-Sirius a réellement envie de faire partit de l'équipe de Quidditch père.
-Et, je te le demande, depuis quand ce que veut Sirius est censé me préoccuper ?
-Eh bien...
-Et crois-tu que ta mère et moi ne savons pas qui lui a réellement offert ce présent couteux avec l'argent que nous avions nous-même placé pour toi Regulus.
-Père.
-Ne m'interromps pas !
Regulus referma aussi sec la bouche. Il pensait réellement avoir été assez prudent afin de ne pas se faire prendre, mais il n'était encore qu'un enfant prisonnier de cette maison et dont les moindres mouvements étaient épiés et jugés par ses propres parents. Il avait été stupide de penser qu'ils ne le sauraient pas.
-Je te laisse néanmoins continuer.
-Merci père. Je pensais, comme le problème vient du fait de le laisser gagne des points pour sa maison, qu'il pouvait effectivement entrer dans l'équipe et que je pourrais m'assurer qu'il ne soit jamais la cause de la victoire des Gryffondors à la coupe des quatre maisons mais également à celle de Quidditch.
-Développe.
-Je rentrerais dès l'année prochaine dans notre équipe et je vous jure que jamais Gryffondor ne gagnera face à nous.
Le soupir que son père laissa échapper d'entre ses lèvres, un soupir de lassitude, lui fit comprendre qu'il serait bien plus compliqué que ça de convaincre son père.
-Quelle touchante attention envers ton frère Regulus, néanmoins je suis toujours de l'avis de ta mère de lui interdire totalement le vol.
La condescendance dans la voix de son père, qui lui fit comprendre à quel point le discours qu'il lui faisait était aussi inutile qu'il était pathétique, lui fit répondre.
-Je ne savais pas que vous vous soumettiez à ce que Mère vous dit de faire.
Regulus ne vit même pas son père bouger. Il n'eut même pas le temps de réagir et la seule chose qu'il pu comprendre fut le bruit du verre lancé à travers la pièce et qui vint se fracasser contre le mur à côté duquel il se tenait. Le liquide chaud se répandit sur la tapisserie jusqu'alors immaculée et de nombreux débris de verre dégringolèrent au sol en même temps que le sang qui s'écoulait au coin de sa joue.
D'une main fébrile Regulus tâta sa pommette et grimaça au touché du bout de verre qui s'était enfoncé dans sa chair. Il le retira d'un cou sec et se mordit la lèvre sous l'effet de la douleur. Il baissa les yeux et vit ses doigts couverts d'un sang chaud et épais qui lui donna la nausée. Il redressa la tête et croisa le regard de son père, qui s'était levé de sa chaise. Son bras était toujours levé dans la position avec laquelle il avait lancé la bouteille à travers la pièce. Ses yeux étaient aussi noirs que l'âme que son nom de famille lui avait transmise.
Et comme avec sa mère, comme avec sa cousine, comme avec lui-même chaque jour de sa vie, Regulus eut peur. Cette peur primaire qui comprimait sa poitrine, glaçait son sang, figeait son corps. Une peur incontrôlable dans cet univers noir, gris, silencieux où le contrôle était l'unique chose qui compterait jamais. Sa famille était de ces dieux grecs dont Andromeda lui avait parlé, de ceux qui s'élevaient au-dessus des hommes, de ces méconnus dont le souffle n'était d'utilité que pour les complimenter.
Sa famille était ces dieux au pouvoir incompréhensibles si ce n'était que pour punir. Dans ces cieux dont on avait promis à son frère qu'il s'élèverait, ceux qu'il ne verrait jamais, ces parents régnaient en maitres. Et Regulus faisait partit de ces dieux éphémères dont l'existence n'avait de valeur que par la pitié de ses parents.
En somme un dieu mineur voué à tenter, en vain, de complaire.
-Excusez-moi Père.
Orion respirait bruyamment, comme les bœufs que Regulus avait l'habitude de voir se battre dans les champs à côté de leur maison de campagne. Leurs yeux avaient la même teinte de folie dont il ne connaissait pas l'origine. Des yeux de fous, les mêmes que ceux de la cousine qu'il avait épousée.
-Cela ne se reproduira plus.
La folie sembla s'atténuer dans les pupilles sombres d'Orion à mesure que son fils parlait. Désormais il regardait autour de lui, comme perdu, et remarqua enfin Regulus, encore debout, et le cadavre de sa bouteille à ses pieds. Doucement, craignant sans doute que ses jambes ploient sous son poids, le chef de famille se rassit sur son fauteuil et, plus tard, se racla la gorge.
-Approche.
Regulus fit comme son père lui demandait. Les bras le long du corps il essaya de ne pas penser au liquide qui continuait de couler sur ses joues. La douleur était toujours présente mais supportable.
-J'entends ce que tu me dis, et je te rassure en te disant que ta mère n'a pas davantage de pouvoirs que moi dans cette maison, bien au contraire. C'est donc pour cela que j'accepte ta requête.
La surprise fut telle que Regulus oublia toute leçon apprise par ses pairs. Un fin sourire s'étala sur ses lèvres, sa nuque craqua au moment où il releva le menton et ses yeux se maquillèrent de ravissement. Regulus avait révisé son texte, l'avait appris jusqu'à pouvoir le lire sur ses paupières fermées, mais même avec tout ça, jamais il n'avait pensé réussir à sortir de ce bureau avec l'approbation de son père dans ses oreilles.
Soudain sa joue ne lui fut plus douloureuse, le dernier évènement n'était qu'un pâle souvenir de désordre et de honte comparé au ravissement d'entendre son père adhérer à son idée. Il ne répondit rien, assez heureux pour se laisser aller, pas trop naïf pour briser les règles de sa famille une fois encore.
-Seulement écoute-moi bien. Ma permission n'est pas sans conséquences, fils, sache-le. Si jamais tu faillis à ta parole, si jamais quoi que ce soit n'arrive qui les fasse gagner, la faute te sera rejetée. Et alors, ni toi ni ton frère n'aurez droit à une seconde chance. Vois cela comme un cadeau que je te fais.
-Oui Père.
-Dispose.
Un dernier hochement de tête et Regulus disparut derrière la porte. Dans le couloir, éclairée par une lumière nouvelle, le jeune garçon laissa échapper un faible rire. La menace de son père n'était rien, pour l'instant, face à sa joie de savoir son frère libre de faire ce qui lui plaisait. La lumière qui passa par l'une des rares fenêtres du couloir éclaira soudain les escaliers et son sourire disparu.
Sa mère était debout, immobile sur la dernière marche de l'escalier. Instinctivement Regulus se redressa et la regarda avancer vers lui. Aucune émotion ne se peignait sur son visage et l'unique chaleur qui se dégageait d'elle était celle du soleil sur sa peau. Elle s'arrêta à quelques centimètres de lui, le forçant à lever la tête pour croiser son regard.
-Je devine à ton visage que tu as réussis ton petit manège.
-Oui Mère.
Sa voix tremblait un peu, sans qu'il ne parvienne à la contrôler comme il l'aurait souhaité.
-Eh bien soit...
Avant que Regulus ne puisse répondre, Walburga leva la main et attrapa le menton de son fils entre ses doigts fins et lui fit pivoter la tête. Durant quelques secondes, Regulus pu contempler les yeux gris de sa mère dont il avait hérité. Ils étaient ternis par la fatigue et quelque chose au fond de ses yeux qu'il ne pouvait discerner. Elle était belle, de cette beauté qu'on ne discute pas mais dont on parle.
Et d'un geste, presque tendre, son pouce caressa le chemin que le sang avait emprunté de sa pommette jusqu'à sa mâchoire. Essuyant l'impureté de son visage et laissant une empreinte sur la peau de son fils que ce dernier ne pouvait ignorer. Ce contact, futile puisse-t-il paraitre, laissa un gout amer dans la bouche de Regulus, le goût des mots refoulés, des non-dits qui finissent par glisser au fond de la gorge afin de ne jamais être prononcer.
Ces mots au goût d'amour.
-Monte dans ta chambre, j'appellerais Kreattur pour qu'il te guérisse ça.
-Merci Maman.
Elle lâcha son menton et se redressa afin de le laisser passer. Regulus s'avança jusqu'aux escaliers et s'arrêta après trois d'entre elles avant de se retourner en direction de sa mère. Elle se tenait toujours au milieu du couloir, aussi droite et fière qu'à l'accoutumée. Son regard était tourné vers la porte du bureau de son père, mais elle ne bougea pas. Elle se contenta de la fixer, longtemps, sans entamer le moindre geste.
Si Regulus avait pu voir dans ces yeux à ce moment-là, il aurait alors pu remarquer la colère, l'indignation mais également la peur. Deux émotions propres à sa mère et une qu'il ne lui verrait jamais prendre. Il aurait alors su que son père avait raison, dans cette maison, malgré le fantôme vaquant de cette femme qu'il appelait mère, son père était l'unique maitre. Et Regulus, effrayé de ne jamais lui plaire, effrayé par cette présence, l'aurait été encore davantage d'apprendre que cette femme était elle-même effrayé du fantôme qui siégeait dans cette prison en cristal, caché derrière une simple porte en bois.
Le train était pratiquement aussi bondé qu'à la rentrée. Presque tous les élèves avaient passé les fêtes en compagnie de leur famille. Regulus le remarquait tout juste alors qu'il traversait pratiquement le Poudlard Express tout entier. Il avait perdu de vue son frère à la gare après que Kreattur les ai laissés sur le quai. Sirius était monté directement, impatient de retrouver ses amis, pendant que son petit frère attendait ses amis.
Seulement, après s'être installé, Regulus avait faussé compagnie à Evan et Pandora afin de trouver le compartiment de son frère. Il lui restait une dernière chose à faire afin de permettre à son frère de faire partit de l'équipe de Quidditch en toute sécurité.
Des éclats de rire provenant d'un des derniers compartiments attirèrent son attention et il reconnu les rires, ces mêmes rires qui ricochaient en écho sur les murs en pierre de la Grande Salle. Regulus avança jusqu'à la porte du compartiment et l'ouvrit. Deux paires d'yeux se tournèrent alors dans sa direction. Son frère n'était pas là, pas plus que Lupin, mais ce n'était pax ces derniers que Regulus était venu chercher. Sans se préoccuper davantage de Peter, il se tourna vers le garçon à lunettes.
-J'accepte ton aide, retrouve-moi mercredi au terrain de Quidditch après l'entrainement des Serpentards, j'y serais.
Et avant de voir le sourire de James, ce sourire de vainqueur qui l'écœurait tant, Regulus détourna le regard, claqua la porte et s'éloigna, regrettant déjà sa décision.
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Son of a Constellation, Brother of the Stars
Фанфик"LA MORT DE L'HÉRITIER BLACK EST CONFIRMÉE Le décès de l'héritier de la famille Black, Regulus Arcturus Black II, a été confirmé dans la matinée dans un communiqué de la famille. La cause reste encore inconnue, mais aux temps qui court, chacun se...