Chapitre IV - Enquête

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Ils reprennent leur route dans un silence de plusieurs minutes, que David finit par briser.

— Daniel, je suis désolé d'avoir tout dit à Manon à propos de cette histoire, dit-il d'un ton gêné.

— T'inquiète, t'as bien fait.

Surpris par cette réponse, David sourit à son meilleur ami.

— D'habitude, je suis trop imprudent. Tu me connais. Mais avec Manon, c'est différent.

— C'est-à-dire ?

— J'ai toujours peur de sa réaction quand je lui dis un truc qui sort des normes. Je suis tout le temps inquiet de ce qu'elle fait quand elle n'est pas à mes côtés. Je me soucie constamment de l'image qu'elle a de moi. Je n'avais jamais été comme ça avec aucune fille. Tu sais que j'ai toujours respecté mes copines, mais avec Manon, c'est encore plus fort.

— Beau discours, je l'admets. Malgré tout, tu n'es pas énervé du fait que je n'aie pas écouté tes ordres ?

— T'es mon meilleur ami, mon frère. Pas mon chien, à ce que je sache. Je ne te force pas à faire ce que je dis. J'aime bien que tu prennes des initiatives, t'as besoin de t'affirmer un peu.

Daniel lui sourit sincèrement.

— Ça me rassure et ça me fait plaisir d'entendre ça, se réjouit David.

— Si t'es heureux, alors moi aussi. Allez, musique !

Il monte le volume de la radio et accélère.

Pendant ce temps, Manon marche sur l'avenue, un sourire aux lèvres. Elle est heureuse d'avoir acheté et réservé un cadeau pour Daniel, même si son anniversaire est dans plus d'un mois. Lorsqu'elle veut sortir son téléphone pour l'appeler, elle réalise qu'elle l'a oublié chez elle. Elle accélère le pas et, pour gagner du temps, décide de couper par une ruelle. Soudain, un homme surgit d'une poubelle et se place devant elle.

— Salut, ma jolie ! s'exclame-t-il en sortant un couteau.

Sans perdre une seconde, Manon fait demi-tour et se met à courir. Toutefois, elle manque de chance, car deux autres hommes à l'allure menaçante se retrouvent face à elle.

— Hé, poupée, reste avec nous ! ricane l'un d'eux.

Retour aux côtés des deux amis. Ils garent la voiture et entrent dans le bar. Derrière le comptoir, le barman remarque l'entrée des deux jeunes hommes.

— Salut les gars ! Quelle surprise de vous revoir après ce qu'il s'est passé hier soir.

— Bonsoir, répond Daniel, on est justement ici pour vous poser des questions sur ce petit incident.

— Je vois... Suivez-moi, annonce le barman d'une voix plus basse.

Ils le suivent jusqu'à la réserve.

— On sera mieux ici. Je ne veux pas que les gens pensent que mon bar ait des problèmes avec la police.

— Pas de souci, reprend Daniel, on souhaitait savoir ce qu'il s'est passé après notre départ. Et surtout, où est parti le type qui s'est fait mordre à la nuque.

Le barman jette un coup d'œil autour de lui pour s'assurer qu'il n'y a personne à portée de voix. Puis il croise les bras et parle d'un ton grave.

— Comme vous le savez, j'ai appelé la police. Avec les quatre autres clients, on a dû tenir le gars « bourré » jusqu'à ce qu'ils arrivent. Il était très agressif, mais il n'attaquait pas avec des coups, il essayait de nous mordre. Ce qui est encore plus inquiétant, en y repensant. Il semblait physiquement faible, ne parlait pas, poussait juste des grognements. Pendant que les autres le tenaient, je lui ai bâillonné la bouche avec des serviettes.

La Mort en Mouvement : AbolitionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant