Chapitre XIX - Répit

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Au même moment, du côté de Louis, allongé sur un lit d'hôpital, dans une chambre sans fenêtre, éclairée seulement par des néons. Des bandages couvrent ses blessures, et deux soldats montent la garde à l'extérieur.

Une jeune fille entre et s'assied à côté de lui.

— Je suppose que tu es au courant de tout ? demande-t-il.

— Oui, acquiesce-t-elle.

— Et qu'est-ce que tu en penses ?

— Tu as fait une erreur en t'attaquant à ces gens. Je comprends que tu veuilles retrouver Daron, et j'admire ta détermination, Louis. Mais... Tu es allé beaucoup trop loin.

— Bon sang, Alice. Tu le connais depuis si longtemps... Ça ne te fait rien d'apprendre qu'il a disparu ?

— Si, bien sûr que si. Il me manque, admet-elle en baissant les yeux, les mains jointes.

Alice, à peine vingt ans, est mince, mesurant environ un mètre soixante-dix, avec des cheveux bruns mi-longs et des yeux verts. Une légère balafre orne sa joue gauche.

— S'il avait été tué, tu ne voudrais pas le venger ? demande Louis.

— Encore faudrait-il savoir qui est le coupable. Et même si on le trouvait, tu sais bien que je ne suis pas portée sur la violence. Ne me confonds pas avec Johanna.

— Tu te sous-estimes. Regarde-toi, une belle jeune femme, intelligente. Je me souviens d'une petite fille très discrète. Tu as tellement grandi.

— Et je me souviens d'un homme méthodique et réfléchi. Ce que tu as fait récemment, ça ne te ressemble pas du tout.

Il soupire.

— Les temps changent, Alice. Il faut savoir s'adapter. Maintenant, j'ai de grosses responsabilités sur les épaules, et des décisions parfois radicales à prendre.

— Même si je n'approuve pas ce que tu as fait, je ne perdrai jamais le respect que j'ai pour toi. Tu étais là pour me protéger quand les temps étaient durs. Et ça, je ne l'oublierai jamais.

Il sourit légèrement avant de répondre.

— Et ton père, tu lui as parlé ?

— Oui, et il est furieux. Enfin, à sa façon, tu le connais. Mais il m'a uniquement fait part de son ressenti, pas de ses décisions futures. Je ne sais pas ce qu'il va faire vis-à-vis de toi.

— J'y retournerai, et cette fois-ci je finirai le travail. Quitte à être un monstre, autant finaliser mes objectifs.

— Tu n'écoutes donc pas ce que je te dis ? lance-t-elle en levant les sourcils.

— Je n'ai plus rien pour moi, Alice. Les soldats, au mieux ils ne me respectent plus, au pire ils me détestent. Il n'y a qu'à voir le comportement qu'ont Xavier, Jules et Luc avec moi pour le comprendre. Les habitants, ils ne me font pas confiance, ils pensent que je vais finir par déclencher une guerre qui causera notre chute. Et ton père... Ton père, lui...

— Il attend que tu te rétablisses. Dès que tu quitteras cet endroit, tu devras aller le voir. Il m'a même dit que je pourrais assister à votre « sérieuse discussion », ajoute-t-elle avec un sourire en coin.

Retour à la maison, trois jours plus tard, le 19 juin 2028.

L'ambiance dans la demeure est morose. Les survivants ne se parlent presque plus, non pas à cause de tensions, mais de l'abattement général suite aux pertes récentes.

Pourtant, Daniel est bien décidé à redonner du dynamisme au groupe. Remis de ses blessures, il commence à aller vers chacun des membres pour leur demander de se réunir dans le salon. Surpris et ravis de le voir debout, ils acceptent.

La Mort en Mouvement : AbolitionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant