Chapitre XXVI - Face à face

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David, tout d'abord stupéfait par l'homme qui se tient devant lui, jette un coup d'œil rapide à la pièce. Elle est imposante, presque majestueuse, avec ses boiseries sombres et son lustre en cristal qui éclaire un bureau massif en bois verni. Un fauteuil pivotant en cuir vert foncé, deux chaises de style ancien en cuir bordeaux, et des fauteuils noirs entourant une table basse viennent compléter le décor. Une grande carte du monde orne un des murs, en parallèle d'une bibliothèque imposante. Tout respire une certaine élégance, mêlée à une atmosphère d'autorité.

Mais ce qui retient vraiment l'attention du garçon, c'est l'homme au centre de la pièce. Debout, il s'avance calmement vers lui, tendant la main sans dire un mot. En une fraction de seconde, des souvenirs affluent : David se souvient de cet individu. Il l'avait déjà rencontré, il y a des semaines, avant que tout ne bascule. Cet homme était le directeur de l'entreprise où lui et Thierry travaillaient autrefois. Encore sous le choc, David serre la main de Nolan Clifford.

— Vous ? balbutie-t-il, incrédule.

— La surprise est partagée, David, répond-il, un léger sourire aux lèvres.

Nolan Clifford, costume trois pièces impeccable, dégage une assurance naturelle. Son visage rasé de près et ses cheveux bruns soigneusement coiffés en arrière renforcent son allure élégante. Plutôt bel homme d'environ quarante ans, il est d'un physique élancé.

— Vous vous souvenez de mon prénom ? s'étonne le garçon.

— Naturellement.

Confus, il interroge alors le dirigeant sur Thierry, et l'homme affirme ne pas l'avoir oublié. Il enchaîne immédiatement, demandant pourquoi monsieur Clifford, ce directeur jadis apprécié, n'avait apporté aucune aide à ses employés durant les premières heures du chaos.

— Tout d'abord, appelez-moi Nolan, je vous en prie. Et pour répondre à votre question, j'étais extrêmement occupé à ce moment-là. L'urgence de la situation m'a empêché de penser à tout le monde.

— L'urgence ? Attendez, c'est vous qui avez créé tout ça.

— J'ai été dépassé par mon propre projet. C'est une des raisons pour lesquelles j'avais-

Il marque une pause, puis fait un geste de la main vers les fauteuils.

— Asseyons-nous, je vous en prie. Nous serons plus à l'aise.

Le jeune homme, toujours sur la défensive, avance prudemment vers l'un des fauteuils et s'assied. Nolan fait de même, mais se lève presque aussitôt, feignant d'oublier ses bonnes manières.

— Mes excuses, j'oublie la courtoisie. Que puis-je vous offrir à boire ? Un verre d'eau, peut-être ?

David, hésitant, finit par accepter un verre d'eau. Il sait qu'il est en présence d'une personne disposant d'un certain statut. Le quarantenaire ne semble pas avoir besoin de parler fort pour se faire écouter.

Pour ces raisons, le garçon se dit qu'il est plus intelligent de sa part de ne pas jouer à la forte tête. Nolan, avec une aisance maîtrisée, se dirige vers un meuble dissimulant un réfrigérateur. Il en sort une bouteille d'eau et remplit deux verres, avant de revenir et de poser un verre devant son invité.

— Comme j'allais vous le dire, j'avais temporairement mis Louis à mon poste. Hélas, il a causé d'immenses dégâts à votre groupe. Et j'en suis navré.

— Oui, on a perdu beaucoup de monde à cause de Louis et de ses fichues attaques.

— Naturellement, et c'est pour cela que je vais fermer les yeux sur sa mort.

— Oh, vous êtes déjà au courant ?

Nolan hoche la tête avec une gravité mesurée.

— C'était quelqu'un d'important, pour vous ? questionne David.

La Mort en Mouvement : AbolitionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant