Chapitre VII - Ligne de départ

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Après avoir fait le point et retrouvé leur calme, Daniel et Manon gardent le silence. Quelques minutes passent avant que le garçon ne reprenne la parole.

— On doit faire ce qu'il a dit, il faut dégager d'ici, maintenant. J'appelle David.

Il appelle, mais son meilleur ami ne répond pas, étant en train de dormir à cette heure-ci. Il lui laisse un message, en lui disant de venir dans l'appartement de Manon dès qu'il se réveille. Il lui indique également de prendre tout ce dont il pourrait avoir besoin pour un départ prolongé.

— Il a eu un problème ?

— Non, il doit être en train de dormir. Bon, ce n'est pas grave. On part demain matin. On attend qu'il se ramène, et à ce moment-là, on essayera de contacter des gens de confiance.

— Tu es sûr qu'on devrait écouter ce qu'a dit le barman ? Je veux dire... On parle quand même de tout quitter. Notre ville, nos habitudes, notre travail, nos études.

Il réfléchit pendant quelques secondes.

— Rien que les types qui t'ont agressée suffisent à justifier de partir loin d'ici.

Il lui rappelle ensuite la suite d'événements étranges des derniers jours : la disparition de Tom après sa morsure, le client attaqué au bar, et les rues de plus en plus désertes. Tous ces faits sont autant de raisons de quitter la ville, au moins jusqu'à ce que les choses s'améliorent.

— Tu connaissais le cinglé avec son fusil ? demande Manon.

— Et toi, tu sais qui était le gars de six mètres de haut ?

— Sans doute un pote des trois abrutis.

— J'avais tellement envie de leur rentrer dedans, t'imagines même pas... lâche Daniel en serrant les poings.

Manon lui prend la main, apaisante.

— Ne sois pas idiot. Ils sont armés, et peut-être même membres d'un groupe de criminels. Je suis contente que tu aies pu rester calme tout à l'heure, sinon... Tu serais sûrement déjà mort, à l'heure qu'il est.

Daniel sourit, et passe sa main autour du cou de sa compagne.

— Pour en revenir au mec qui nous a poursuivis, ça devait probablement être un proche de Léon. C'est quand il a vu son cadavre dans les flammes, qu'il s'en est pris à nous. C'est certainement un bon ami à lui, un cousin, ou son frère, un truc comme ça.

— Tu as raison, acquiesce-t-elle. Mais maintenant, il veut nous tuer, et il a l'air beaucoup plus dangereux et moins « rigolo » que les trois autres cons. On doit réussir à le raisonner, ce n'est pas nous qui avons tué son frère...

Elle se met à pleurer légèrement sur l'épaule de Daniel, qui la prend dans ses bras. Il la rassure, en lui promettant qu'il reste à ses côtés et veille sur elle, quoi qu'il en coûte.

Le lendemain matin, Sam, Big D, et Franck sont assis sur un banc en plein centre-ville, visiblement préoccupés par la mort d'Oscar. Le plus massif boit une bouteille d'alcool qu'il a piquée la veille au bar.

— Un vrai bijou, vous en voulez un peu ? demande-t-il en tendant la bouteille.

— Fais tourner ! s'exclame Franck, prenant une gorgée avant de rendre la bouteille à Big D. Sam, lui, fronce les sourcils.

— Sérieux ? Oscar est mort, et vous picolez ?

— Sam, gros, ouais c'est triste, vraiment triste. Oscar était un bon gars ! Mais on ne peut rien y faire, il est mort, c'est comme ça ! affirme Big D.

— Eh bien, peut-être qu'au lieu de boire, on pourrait, je ne sais pas... Descendre la fille et tous ses gardes du corps ? hurle-t-il.

— Je finis ma bouteille et je te suis !

La Mort en Mouvement : AbolitionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant