Chapitre XXI - Demi-tour

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Sans attendre plus longtemps, ils démarrent, et reprennent leur route en direction de la maison.

Quelques minutes plus tard, dans la voiture de Pablo, ce dernier est allongé à l'arrière, sa jambe immobilisée pour se reposer. Thierry est au volant, avec Thomas à ses côtés.

— Et vous n'êtes pas partis à sa recherche ? demande le balafré.

— Quelle recherche ? Il n'avait aucune chance de survie. Pablo, toi qui y étais, tu confirmes ?

— Je confirme. C'est lui qui m'a bousillé la jambe, et son état montre clairement qu'on ne peut plus rien pour lui. Franchement, Thomas, t'aurais dû voir la tronche de ce truc. C'était la première fois qu'on croisait un mort aussi balèze.

— C'est parce que c'était Jack, tout simplement, ajoute Thierry.

Thomas soupire, pensif.

— Je suppose que tous ces morts ont dû sérieusement vous affecter. Je suis arrivé tard dans votre groupe, alors c'est différent.

— Cœur de pierre, hein ? ironise Thierry. Pas comme Pablo, lui, qui a été brisé par la mort de Zoé. Et je dis ça sans me moquer, « amigo ».

— Lâche-moi avec ça. Je ne suis pas là à me plaindre ou à pleurnicher.

— Peut-être, mais tout le monde voit que tu gardes ça pour toi. Elle te manque, on le sait tous.

— Que ça soit le cas ou non, qu'est-ce que ça change ? demande-t-il d'un ton agacé. Sinon, toi, c'est quand la dernière fois que t'as été en relation avec quelqu'un ?

— Ouh là, gamin, ça remonte à un moment. Mais ça fait plusieurs années, c'est sûr.

— Pourquoi ça s'est terminé ? Si c'est pas trop indiscret.

— Comme souvent, les choses finissent par ne plus coller. Différences d'opinions, ambitions divergentes. Parfois, c'est juste l'envie d'aller voir ailleurs qui brise plusieurs années de loyauté et de confiance.

— Toi, tu faisais partie de ce genre de personne ?

— Non. J'ai eu mes périodes « volatiles », si tu vois ce que je veux dire. Mais c'était un échange de bons procédés, et je n'ai jamais été malhonnête ou infidèle envers aucune femme. J'ai eu mes expériences, j'ai connu des bons moments. Maintenant, j'estime avoir passé l'âge, je laisse les plus jeunes à l'œuvre. Sans oublier que « l'amour », c'est l'un des derniers éléments positifs qui vont rester dans le temps, si jamais tout ce bordel ne s'arrête pas.

— Je suis d'accord avec toi. Et qu'en pense notre ami silencieux ?

— L'amour ? Pour moi, c'est surtout une faiblesse, répond Thomas.

— Hé, détends-toi un peu, lance Pablo d'un ton légèrement amusé. Avec toi, j'ai l'impression de parler à un robot à chaque fois.

— C'est juste mon avis. Une relation c'est du temps, de l'énergie, des compromis, et j'en passe. De plus, ça t'empêche de penser rationnellement. Je considère que ça ne vaut pas le coup. C'est mon point de vue.

— Ouais, ben ton point de vue est ridicule amigo, sans vouloir te manquer de respect.

— Vous savez ce que ça fait, de voir la personne qu'on aime le plus au monde s'éteindre à petit feu, et mourir dans nos bras ? Moi, je le sais, et je donnerai n'importe quoi pour oublier ça. Croyez-moi, l'amour ça te détruit tôt ou tard.

Le silence retombe dans la voiture, chacun plongé dans ses pensées.

Une heure plus tard, ils arrivent enfin à la maison. Après avoir garé les véhicules, les survivants rangent les provisions et les quelques armes récupérées. Puis, ils s'installent autour de la table, devant la maison, sous un ciel dégagé.

La Mort en Mouvement : AbolitionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant