La Mort en Mouvement : Abolition

Chapitre V - Choc crépusculaire

Ils voient Manon, allongée sur son lit, des larmes coulant sur son visage. Elle a trois légers hématomes et semble avoir mal aux jambes. En apercevant les deux garçons entrer, elle leur adresse un léger sourire.

— Manon ! Qui t'a fait ça ? hurle Daniel, tentant de contenir sa colère. Qu'est-ce qui s'est passé ? demande-t-il en s'approchant et en lui prenant la main.

D'une voix faible et tremblante, elle exprime son soulagement de les voir. Son petit ami la prend dans ses bras et l'embrasse tendrement. Puis, il lui explique les péripéties menées afin de la rejoindre. Elle lui répond qu'il n'aurait pas dû s'attirer des ennuis avec la police.

— On va t'emmener à l'hôpital, propose David.

— Je peux à peine marcher. Ça va aller, j'ai juste besoin de repos.

Entre l'inquiétude et le soulagement de la retrouver, les deux garçons lui demandent ce qu'il s'est passé. La belle brune aux cheveux longs prend une grande inspiration, et se décide à leur décrire la situation.

Une heure plus tôt, dans la ruelle.

— Fait chier, chuchote-t-elle en comprenant qu'elle est piégée.

Malgré la gravité de la situation, elle essaye de garder son calme.

— Vous êtes qui ? Qu'est-ce que vous me voulez ?

— Oh, très bonne question, ma chérie.

Les deux hommes avancent lentement vers elle. Manon se retourne et voit l'individu avec le couteau pointer son arme vers son sac à main.

— Donne-nous ça, sans faire d'histoire !

Elle sait que céder serait la décision la plus sage. Mais, son sac contient des objets trop importants pour l'abandonner, tels que ses papiers, ou son argent. Quant au bon de réservation pour le cadeau de Daniel, elle fait en sorte de ne pas l'évoquer aux garçons au moment où elle leur évoque ses mésaventures.

— Non, affirme-t-elle.

— Ne sois pas stupide ! Pose ton sac, et on te laisse partir ! insiste l'homme au couteau.

Les trois hommes continuent de se rapprocher. Manon n'a plus le temps d'hésiter.

— Cassez-vous !

Elle se retourne brusquement et donne un coup de pied dans l'entrejambe du plus mince. Elle tente de s'enfuir, mais le plus costaud la rattrape rapidement.

— Petite merdeuse, on va t'apprendre à jouer les héroïnes ! s'énerve l'homme au couteau.

L'homme à la forte corpulence la traîne vers le chef du groupe, qui range son couteau et lui assène un coup de poing au visage. Elle tombe au sol.

— Vous êtes trois contre une fille, bande de connards ! s'énerve-t-elle.

— Ferme-la, ou on te bute ! rétorque le mince, toujours furieux de la douleur.

— Massacrez-la, qu'on lui apprenne le respect ! ordonne le chef du trio.

Les trois hommes se mettent à la frapper sans retenue. Manon se prend des coups au corps, au visage, ainsi qu'un au genou qui lui fait hurler de douleur.

Environ cent mètres plus loin, Thierry sort d'un stand de churros. Il marche dans l'avenue, profitant de son paquet encore chaud, étonné par le calme du quartier. Ce silence est soudain interrompu par des cris venant d'une ruelle proche. Il s'y dirige pour voir ce qu'il se passe.

— C'est quoi ce bordel ? On ne peut pas manger en paix dans ce foutu quartier ? s'écrie-t-il.

— Dégage, le vieux ! Ce ne sont pas tes affaires ! crie le chef.