CHAPITRE 4 : Rupture de rythme [1/2]

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Sur le pas de la porte, une surprise m'attendait.

__Tu as bien meilleure mine, constata le professeur Hélios en me dévisageant.

Il ramena sa main le long de son corps, m'apprenant ainsi qu'il avait été à deux doigts de cogner. Je refermais le battant et le dévisageais, la confusion me rendant muette.

__ Je venais prendre des nouvelles, ajouta-t-il face à mon mutisme. Tu fais souvent ce genre de crise ?

__Crise ? Répétai-je avec confusion.

Son regard me scrutait, comme s'attendant à me voir chuter d'un instant à l'autre.

__Marrha en a discuté avec Malia, juste avant que je ne prenne congé. J'ai cru comprendre que c'était récurrent, justifia-t-il.

Je passais une main tremblante dans ma chevelure poisseuse. Les souvenirs de la veille me revenaient par bribes insensées, je ne me souvenais difficilement des évènements depuis que j'avais quitté la pépinière. Avais-je fait une ''crise'' comme le prétendait Hélios ? Une chose était sûre : aussi loin que remontait ma mémoire, jamais pareille chose ne m'était déjà arrivée.

__ Je ne crois pas, non.

__Malia ne semblait pas de cet avis. Elle avait l'air inquiète, mais pas trop surprise. Peut-être cela date-t-il de ton enfance, qu'est ce que tu en dis ?

__Je n'en sais rien, marmonai-je en chancelant un peu sur mes pieds.

__Tu as encore besoin de repos, pointa justement le professeur. Il y aura sans doute moins d'activités dans les jours à venir grâce aux quartier libres, profitez-en. J'imagine que le travail de Guérisseur n'est pas de tout repos.

__Je ne vous le fait pas dire.

Il me dévisagea un instant en silence.

__Tu sais, dans certaines familles de Guérisseurs, les transes prémonitoires sont choses courantes. Un tel pouvoir s'accompagne forcément d'une sorte de...contrecoups vois-tu ? Vu ton ascendance, il ne serait pas étonnant que tu sois sujette à ce genre de chose, je me trompe ?

__ Je ne suis pas voyante, si c'est cela que vous insinuez. tranchai-je en fronçant les sourcils. Si c'était le cas, je l'aurais su vous pouvez me croire. Parfois, la rumeur véhicule juste ce qu'il faut pour entretenir le mystère autour des savoirs médicinaux.

Il haussa un sourcil :

__Dois-je comprendre que tu nie toute intervention occulte dans l'exercice de ton travail ?

Je m'adossais au battant avant de répondre :

__Je n'ai pas le monopole du savoir, mais j'avoue n'en avoir jamais été témoin. En ce qui me concerne, le mal qui me ronge est tout ce qu'il y a de plus naturel. Un peu de fatigue, c'est tout, conclus-je.

__Peut-être est-ce un mal héréditaire, insista-t-il encore. Tes parents souffraient-ils d'une quelconque maladie de ce genre ?

__Je n'en sais rien, Malia me l'aurait dit. Et puis je ne suis pas malade, m'irritai-je.

Il leva ses mains en signe d'apaisement.

__Il serait peut-être temps d'en discuter avec elle, tu ne crois pas ?

Ses propos me laissèrent songeuse et semèrent la graine du doute dans mon esprit. Je savais déjà que Malia ne me disait pas tout des choses, un peu comme tout parent envers ses propres enfants. Ce n'était pas un secret : nous avions aussi notre propre bagage familial embarrassant.

Devais-je m'inquiéter pour ce qui s'était passé la veille ou n'était-ce qu'un malencontreux malaise isolé ? Il n'y avait qu'un moyen de le savoir.

Je relevais mon regard sur Hélios qui n'avait rien manqué de mes cogitations intérieures, à en croire son air entendu. Il restait un étranger, même s'il avait été présent durant mon évanouissement. Quoi qu'il ait compris de cette histoire, il ne devait pas interférer entre Malia et moi, je devais régler la situation moi-même. Je retrouvais soudain mes manières et choisis délibérément d'orienter la conversation autre part.

Les Légendes De MagadãnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant