CHAPITRE 17 : Survivants [1/1]

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                    Kihahsah

Le frem joyeux avait au moins le mérite de faire honneur à son enseigne plutôt tribaliste à mon humble avis. Nous n'étions définitivement plus en Cayori, c'était sûr. Ici le seul dialecte qui j'arrivais à déchiffrer du grabuge des conversations étaient le régarisse, et il était plutôt rare.

Cependant, ce ne furent ni les tables bondés, ni la forte odeur d'alcool, ni l'ambiance agité de l'auberge qui retinrent mon attention en premier. À peine entrée, je fus assaillis par la sensation désormais familière de la présence d'un loa puissant. Ce n'était pas qu'un simple esprit, et là était toute la différence.

Presque comme s'il m'avait repéré du premier coup, le loa se fraya un chemin jusqu'à mon esprit. Sa voix résonna dans ma tête, évoquant la chaleur d'un accueil jovial :

__Bonjour, jeune satori ! Je suis honoré de faire enfin ta connaissance !

Je restais concentrée sur les accents de sa voix, attentive à bien déceler son nom et donc son pouvoir. En vain.

__Pardonne mon impolitesse, pensai-je après un moment, mais je n'arrive pas à sentir qui tu es. Peux-tu m'éclairer ?

Un rire cristallin.

__Ce n'est pas de ta faute. Seuls quelques uns d'entre nous savent comment masquer leur identité à tes semblables. Je l'ai fais pour que tu aies une raison de venir à moi. J'avais trop peur de ne pas être assez intéressant pour toi.

Il y avait une touche d'embarras dans sa voix. Mais je n'étais pas au bout de mes surprises. Tandis que je m'étais figée sur le seuil, Soda avait avancé jusqu'au comptoir et se retournais maintenant pour me jeter un coup d'œil agacé. Elle fit un pas dans ma direction et ouvrit la bouche pour m'appeler lorsqu'un véritable boulet de canon la dépassa. La seconde suivante, une boule de poils roux se tenait devant moi.

J'écarquillais les yeux devant la jeune fille qui trépignait d'impatience. Ses longs cheveux roux tombant en cascade sur ses épaules encadraient un visage mangé par de grands yeux d'un vert surnaturel, et qui avait gardé la rondeur de l'enfance. De grosses taches de rousseurs étaient éparpillés autour d'un sourire lumineux qui me rappelait douloureusement celui de Sala, mon amie.

Avec un mélange d'horreur et de curiosité, je regardais le loa dans les yeux, les paroles de Sédi Séthi me revenant lentement en mémoire :

__Même les Esprits les plus puissants ont effectivement toujours besoin d'un support matériel pour apparaître. Mais, là où certains se servent d'un support inanimé, d'autres peuvent prendre possession d'un être animé qui devient alors leur hôte.

Je me souvenais des allusions de Kick avant que je ne soigne Iro. J'avais poser la question du support à la Princesse après mon passage au temple de la confrérie des maîtres des Esprits Animaux. Sa réponse m'avait fait redouter encore plus de passer un pacte douteux avec un Esprit, et j'avais pris l'entière mesure du danger que j'avais courru avec le loa du sang. J'avais devant moi ce qu'on appelait un hôte et les questions se bousculaient dans ma tête. Cette fille était-elle consentante pour abriter ce loa ?

À ce moment, le sourire de la fille se fana un peu :

__Tu as l'air triste et effrayé, articula-t-elle d'une voix semblable à celle du loa. Je t'ai rappelé une personne qui t'es chère et tu as de la peine pour ma petite Jalila.

Elle me prit les deux mains tandis que Soda nous rejoignait en fronçant les sourcils.

__Kihahsah...

__Ne t'en fais pas pour mon hôte, jeune satori. Nous sommes en parfaite symbiose.

Les Légendes De MagadãnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant