Quatre mois plus tôt...Adanatuha, province de Cayori.
Foyer Ardent
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Je refaisais souvent ce rêve, où cinq mystérieux arcanistes incantaient dans un idiome oublié. Leurs robes vaporeuses dansaient dans la brise d'une mer calme. Un étincelant soleil noir baignait la berge d'une ombre sournoise.
Les effluves du rêve s'effilochaient alors entre mes doigts, le décor moussait puis basculait dans le chaos. Les voix erratiques plasmodiaent frénétiquement tandis que le soleil noir se faisait braise ardente. Les vagues montaient, furieuses, à l'assaut du ciel. Elles emportaient un à un les arcanistes, et je demeurai seule sur la berge. Seule au monde.
Jusqu'à ce que m'emporte les déferlantes.
Je perdais mon souffle, suffoquais, buvais la tasse, luttais pour ma survie. Les vagues monstrueuses me heurtaient, de sourdes voix ricochaient contre ma conscience en panique. Cela continuait jusqu'à ce que, essoufflée, je me redressais sur mon tara, les yeux écarquillés.
Avec, gravée sur ma rétine, l'image d'une paire d'yeux bleu glacés, aussi sombre qu'il n'en était nulle part sur l'Illidora.
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La cabine de douche donnait sur les alats du corps professoral. Une palissade m'en séparait, hors de laquelle les alats du Foyer s'éparpillaient comme du sucre. Mais m'y retrouver n'avait jamais été un souci.
Le Foyer Ardent était mon chez moi, depuis toujours. J'en connaissais les moindres recoins comme ma poche. Tout comme je savais pertinemment que les cabines que je venais d'emprunter était exclusivement réservé à ce qu'on pouvait nommer le corps professoral du Foyer. Askil, notre chef à tous, dispensait des réprimandes pour moins que ça.
Chemin faisant, la perspective du sermon de Malia ne m'effrayait guère. Depuis le temps, elle avait dû finir par s'y faire. À bien y penser, actuellement, ma fatigue était mon seul soucis.
Des tissus colorés virelotaient sur de hautes lignes devant les murs des alats. Plus loin, les cendres d'un grand feu. Les habitations de mon coin commençaient là. On distinguait les coloris chauds des décorations fantaisistes qui faisaient, avec les sandales de cuir portées par tous, la marque de fabrique du Foyer.
Je poussai le grossier battant sans poignée de mon alat. À l'éclat qui se déversait encore de la chambranle nu de l'unique fenêtre de l'étage, j'en conclus que Yeleen lisait toujours.
À cet instant, le soleil triompha de ses entraves de ténèbres.
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La douceur de coton du tapis chaud appelait mes orteils. Dans un coin, de grosses bougies illuminaient le modeste mobilier : un tara, une table, des canaris. Quelques tabourets servaient de siège. Je saluais mon amie d'enfance, Linguaire, qui me répondit en grognant. Ignorant son manque d'enthousiasme, je ramassai un livre et entreprit de le dépoussiérer.
__ Tu passes une bonne matinée, ma reinette ?
J'étais habituée à la voir grogner dès l'aube. Nous avions grandi ensemble, bien avant de nous installer en tant que colocataires. Elle était pire que ma perruche lorsque celle-ci était affamée. En scrutant la charpente du toit, je réalisai que ma volaille préférée était absente.
__Lorsque le Chef remarquera qu'on lui vole de l'eau chaude, sache que je te dénoncerai.
__Tu parle comme Malia.
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Les Légendes De Magadãn
FantasiaTOME 1 Lorsque le Foyer Ardent, le sanctuaire qui l'a vu grandir est attaqué, Kihahsah Tamariel n'a d'autre choix que d'abandonner derrière elle tout ce qu'elle a toujours aimé. Pendant ce temps, le Roi Maïssa combat les rebelles d'un côté et le...