Chapitre 6

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Après ce tragique évènement, le lycée ferma temporairement ses portes. Les cours reprendraient la semaine d'après, une fois que tous les élèves auraient digéré l'exécution de Lohan Maverick. Peut-être auraient-ils réussi à trouver un professeur remplaçant d'ici là. Mais il ne fallait pas placer beaucoup d'espoir là-dessus.

Cloitrée dans sa chambre, Alya ruminait sa mauvaise humeur. Elle ne voulait pas d'un remplaçant. Elle voulait son professeur de mathématiques. Mais c'était impossible. Impossible, car des chasseurs sans cœur lui avaient ôté la vie.

Ne désirant pas passer le reste de la semaine à broyer du noir, Alya appela la seule personne à qui elle pouvait se confier sur ce genre de chose : sa meilleure amie métamorphe. Celle-ci décrocha au bout de quelques sonneries.

—Salut, mistinguette. La forme ? la salua Coline.

Mais Alya n'avait pas du tout "la forme". Des monstres humains avaient commencé à faire de sa vie un cauchemar. Aujourd'hui, c'était un professeur. Et demain, à qui le tour ?

Alya n'osait pas le dire, mais elle se faisait un sang d'encre pour son amie et le reste de sa famille. Elle n'aimait pas du tout la présence des chasseurs, pressentant que quelque chose de grave allait finir par arriver.

—Pas trop, soupira t-elle enfin d'un air défait. Il y a eu un malheureux évènements au lycée...

—Tu veux parler de ce professeur de mathématiques ?

Alya cligna des yeux, surprise que son amie soit déjà au courant. Elles n'allaient pas dans le même établissement et Alya était la seule personne au lycée Gustave Flaubert que Coline connaissait.

—Comment es-tu au courant ?

—Tu n'as pas regardé les infos ? Ça circule partout : sur les réseaux, à la télévision... On n'entend plus parler que de ça dans toute la Normandie.

Interpellée par ces propos, Alya se leva péniblement de son lit pour allumer la petite télévision de sa chambre. Elle zappa jusqu'à la chaine d'informations régionale et vit avec effroi des images de l'exécution de M. Maverick apparaitre à l'écran. Un élève avait dû profiter de l'attention détournée du proviseur pour filmer la scène.

—Ils ont interviewé le maire. Il a annoncé la préparation d'une grande fête en l'honneur des chasseurs récemment arrivés en ville. Ce sera ce week-end.

Alya eut un rire amer.

—Ça avance comme des escargots quand il s'agit d'écologie ou de famine, mais dès qu'un chasseur brûle un professeur, on se bouge le popotin pour organiser une petite fiesta.

—Pratiquement la moitié des habitants de la ville y sont invités, tu te rends compte ? Je me demande où ils vont réussir à caser tout ce petit monde.

Sûrement au Zénith de Rouen, c'était un des bâtiments les plus grands des environs. Il leur suffirait de débarrasser les lieux de tous les gradins afin d'obtenir la place nécessaire pour accueillir tous ces gens.

Ceci dit, une semaine, c'était vraiment serré comme timing.

—La moitié de la ville ? C'est vraiment beaucoup, s'en étonna Alya.

—C'est assez rusé de leur part, en fait, commenta la changeuse de peau. Tous les êtres surnaturels rechigneront à y aller, étant donné que c'est une fête pour chasseurs. Tous ceux qui ne viendront pas deviendront des potentielles proies.

Coline avait raison. Ce n'était pas une célébration, c'était un piège pour débusquer les créatures surnaturelles. C'était presque brillant, et très machiavélique.

Les Précurseurs de l'HarmonieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant